Un certain ‘Hassid de Belz se mit un jour à parler contre le Rabbi de Loubavitch et ses efforts pour répandre le Judaïsme dans les endroits les plus improbables. Selon lui, le fait d’envoyer des jeunes ‘Hassidim proposer à des Juifs dans la rue de mettre les Téfilines cachait des motifs intéressés, etc... Son interlocuteur tenta de le faire taire mais ce ‘Hassid de Belz n’en démordait pas.

Cet homme avait un fils d’une vingtaine d’années : un beau jeune homme, studieux, sérieux, très pratiquant qui faisait la fierté de son père.

Inexplicablement, quelques jours après que son père se soit ainsi emporté, le jeune homme ressentit de l’ennui ; il ne parvenait plus à étudier la Torah jour et nuit comme auparavant. Pire : il s’aventura hors du quartier religieux, se rasa la barbe et les péot, se laissa pousser les cheveux, cessa même de mettre les Téfilines chaque jour. Il se fit de nouveaux « amis » qui l’emmenèrent fréquenter les bars louches de Tel Aviv. Puis, bien décidé à « profiter de la vie », il prit l’avion et se retrouva à New York, écumant des endroits peu fréquentables.

Un matin, alors qu’il avait déjà passé un an à « s’amuser », le jeune homme aperçut un jeune ‘Hassid de Loubavitch qui lui demanda s’il était juif. Instinctivement, il répondit non, mais fut trahi par son accent typiquement israélien ; le Loubavitch comprit immédiatement et insista mais le jeune homme s’entêta : cela ne l’intéressait vraiment pas !

Une semaine plus tard, dans un autre quartier, il rencontra le même jeune Loubavitch qui le supplia de mettre les Téfilines – cela ne prend que quelques minutes – mais encore une fois en vain. Une troisième fois, il rencontra le jeune Loubavitch, non loin d’un « tank des Mivtsaïm », ces camions à bord desquels on peut trouver tout ce qu’il faut pour parfaire ses notions de judaïsme et les mettre en pratique : « Que me veux-tu ? Tu me poursuis à travers tout Manhattan ? Laisse-moi tranquille ! » s’exclama l’ancien ‘Hassid de Belz.

- Mais non ! Je t’en supplie, mets les Téfilines pour me faire plaisir. Cela fait des heures que je suis là et je n’ai pas réussi à mettre les Téfilines à au moins un Juif ! Rends-moi service !

Il l’avait dit avec un tel sourire, une telle sincérité que le jeune homme ne put refuser une troisième fois. Il roula la manche gauche de sa chemise et attrapa les Téfilines qu’il savait bien sûr mettre tout seul, sans aucune aide ; il se souvenait également de la bénédiction et du Chéma Israël.

Après cela, il se mit à bavarder avec ce Loubavitch si sympathique ; celui-ci l’invita à fréquenter d’autres bâtiments dans d’autres quartiers de New York : une synagogue, un lieu d’études...

Quelques mois plus tard, il était de retour en Israël. Il frappa à la porte de ses parents mais il était redevenu un ‘Hassid de Belz et, cette fois-ci, il avait mûri et s’était renforcé dans son judaïsme. Son père l’accueillit avec un cri de joie, l’enlaça, l’embrassa, versa même quelques larmes d’émotion : « Les Loubavitch ne m’ont pas lâché et me voilà, de retour à une vie de Torah ! » expliqua le fils.

Soudain, le père comprit ! Parce qu’il avait parlé contre le Rabbi, son fils avait quitté le droit chemin ; et grâce au Rabbi et à ses fidèles émissaires, son fils était revenu. Le ‘Hassid décida sur le champ : il devait se rendre à New York et demander pardon au Rabbi, face à face. Il appela son agent de voyage et commanda un billet.

Une semaine plus tard, il fut admis dans le bureau du Rabbi, au 770 Eastern Parkway. Tête basse, il osait à peine lever les yeux pour regarder le Rabbi. Il réalisait combien il avait été stupide quand il avait osé parler contre lui. Tout ce qu’il put balbutier, ce fut : « Pardon Rabbi ! Je suis fautif et j’en suis désolé ! » Et il éclata en sanglots.

- Quand votre fils vous a laissé – comment le Rabbi savait-il ? –, vous étiez vraiment malheureux, n’est-ce pas ? demanda le Rabbi.

- Malheureux n’est pas le mot.J’étais brisé !

- Et quand il est revenu, vous étiez heureux !

- Fou de joie ! répondit l’homme.

- Maintenant, conclut le Rabbi, vous comprenez combien je suis malheureux chaque fois qu’un Juif abandonne le Judaïsme et combien je suis heureux chaque fois qu’un Juif y retourne !