Ceci se passa le vendredi 13 juin 2008. Trois ‘Hassidim de Loubavitch sortirent en voiture de la ville de Kyriat Malachi vers le sud d’Israël, afin de rencontrer des Juifs qui mettraient les Téfilines et qui, ainsi, renforceraient leur lien avec le judaïsme. Ces trois ‘Hassidim s’appelaient Zeev Riterman, Yaakov Zirkous et Doudou Peretz.

Non loin du Kibboutz Nir Am (près de la bande de Gaza), ils arrivèrent à l’une des bases de l’armée. Les soldats acceptèrent volontiers de mettre les Téfilines en récitant les bénédictions et le « Chema Israël ». Un des soldats – plus pratiquant que les autres – raconta que le matin même, il avait fait quelques courses dans un Kibboutz et la directrice de la crèche lui avait demandé de lui procurer une Mezouza pour le bâtiment qui abritait les bébés. Certainement ces ‘Hassidim sauraient où obtenir une Mezouza, peut-être même en possédaient-ils dans leurs bagages.

« Chaque semaine nous passions à côté du Kibboutz Nir Am, mais nous n’y étions jamais entrés, raconte Zeev Riterman. Cette fois-ci, nous avons décidé de le visiter afin de rencontrer la directrice de la crèche et de fixer une Mezouza au linteau de la porte : qui, plus que les enfants, a besoin d’une protection spéciale dans cet endroit situé si près de la bande de Gaza ?  »

Cependant, vendredi après-midi, tout était fermé et nos trois ‘Hassidim ne rencontrèrent personne dans les rues. Un soldat placé en faction à l’entrée du Kibboutz accepta volontiers de mettre les Téfilines et demanda des Mezouzot qu’il poserait dans le bâtiment réservé à l’armée. Mais il ne connaissait pas la directrice de la crèche.

Les ‘Hassidim se rendirent à la base suivante puis au Kibboutz Kfar Aza. L’heure avançait mais ils étaient décidés à ne pas faire l’impasse sur la base de Na’hal Oz. Effectivement, là-bas, ils mirent les Téfilines à de nombreux soldats puis se remirent en route pour rentrer chez eux au plus vite avant Chabbat.

« Comme nous avons l’habitude d’effectuer ce trajet chaque vendredi après-midi, nous savions que les routes étaient pratiquement vides et que nous n’avions pas à craindre des embouteillages, explique Riterman. Effectivement nous sommes très vite arrivés à la grande pente après la ville de Sdérot. Soudain, le moteur est tombé en panne et, malgré tous nos efforts, nous n’avons pas pu le réparer.

Ce qui était auparavant un avantage devint un cauchemar : la route était vide et nulle autre voiture – dont le conducteur aurait pu nous aider – n’apparaissait à l’horizon. Nous avons, chacun d’entre nous, téléphoné à la maison pour prévenir qu’apparemment, nous serions obligés de passer Chabbat non loin de Gaza, à Sdérot...

C’est alors que, venu de nulle part, un véhicule arriva. De lui-même, le conducteur s’arrêta à notre hauteur et tenta de réparer notre moteur mais, comme il n’y parvenait pas, il proposa de nous ramener à Kyriat Malachi puisque c’était justement sur son chemin. Soulagés, nous nous installâmes dans sa voiture et nous avons alors reconnu sur son pare brise le logo du Kibboutz Nir Am. Notre ange tombé du ciel se présenta : il s’appelait Tamir Sim’hi. Son nom de famille était d’ailleurs lié à la Haftara de la semaine : « Roni Vesim’hi Bat Tsione » !

- Peut-être connaissez-vous la directrice de la crèche du Kibboutz ? Avons-nous demandé, pleins d’espoir.

- Bien sûr ! répondit-il avec un grand sourire. C’est ma fille !

Stupéfaits mais heureux, nous lui avons alors raconté pourquoi nous la recherchions et il nous donna son numéro de téléphone.

Tout est bien qui finit bien. Nous avons pu passer Chabbat avec nos familles respectives et, dès la sortie du jour sacré, nous avons téléphoné à la fille de M. Sim’hi. Elle nous informa qu’il y avait, de fait, une crèche et un jardin d’enfants qui, tous les deux, avaient besoin de Mezouzot. Quelques jours plus tard, nous sommes retournés au Kibboutz et, en présence de tous les enfants réunis, nous avons fixé les Mezouzot, avec la bénédiction adéquate. J’ai expliqué aux enfants que, moi aussi, j’étais né et avais été élevé dans un Kibboutz : Chaar Hagolane qui se trouve près du Jourdain. J’avais passé mes années d’enfance à me réfugier fréquemment dans les abris à cause des tirs en provenance de la Syrie. Je leur ai souhaité que, très bientôt, ils puissent jouir de meilleures conditions sécuritaires. Et que m’ont-ils répondu ? Que maintenant, grâce à la Mezouza, ils se sentaient davantage protégés ! »

Eliezer Shulman - Sichat Hachavoua n°1121