« À l’âge de seize ans, j’ai eu une audience privée avec le Rabbi de Loubavitch. Cela m’a marqué pour la vie. De toute ma vie, il a été le seul à m’écouter. »

— Un étudiant en cycle supérieur de l’Université du Wisconsin

Le mode de vie personnel du Rabbi était un modèle de simplicité. Il vivait dans une maison modestement meublée et ne possédait pratiquement aucun bien matériel.

Bien qu’il fût constamment sous les regards du public, peu de gens connaissaient quoi que ce soit de la vie privée du Rabbi. Il parlait rarement de lui-même, de ses sentiments intérieurs ou de ses expériences.

La parfaite modestie du Rabbi était égalée par sa sensibilité

De son comportement, on pouvait peu deviner sa joie, sa douleur ou son angoisse intérieures. Cependant, la parfaite modestie du Rabbi était égalée par sa sensibilité, et il y eut des occasions où le Rabbi ne put se retenir.

Il versa des larmes en public en évoquant son propre Rabbi – son saint beau-père, ou quand il parlait de la douleur des Juifs russes, de l’amour de D.ieu même pour des idolâtres, ou d’un soldat tué en Israël.

Pourtant, le Rabbi reprenait immédiatement son discours au farbrenguen et encourageait les chants et danses animés, comme s’il ne venait pas de vivre une expérience personnellement bouleversante.

La sensibilité du Rabbi envers tous ceux qui le rencontraient est bien connue.

Jusqu’à sa crise cardiaque en 1978, le Rabbi accordait des audiences privées jusque très tard dans la nuit, deux ou trois nuits par semaine. (Il continua cette pratique à une échelle différente même après, jusqu’en 1982, lorsque le nombre de personnes cherchant les conseils du Rabbi était matériellement impossible à satisfaire. Quelques années plus tard, le Rabbi commença sa pratique de recevoir les gens chaque dimanche en distribuant des dollars pour la charité.) Les gens devaient souvent attendre des semaines pour avoir une audience privée avec le Rabbi, pourtant personne n’était interrogé sur les questions qu’il prévoyait de poser et tout le monde était finalement reçu.

S’adressant à chaque personne avec dévotion et humilité, le Rabbi acceptait et écoutait chaque individu avec une attention totale. En présence du Rabbi, les visiteurs de tous milieux et de tous âges avaient l’impression d’être sa seule préoccupation, comme si rien ni personne d’autre n’existait à ce moment.

Le Rabbi était également réputé pour se souvenir de personnes qu’il n’avait rencontrées qu’une seule fois, des décennies auparavant, et pour rappeler tous les détails de ces rencontres.

Révérence envers D.ieu

Avec la découverte en 1994 des reshimot du Rabbi (ses annotations personnelles sur une vaste gamme de sujets), nous avons eu un rare aperçu de ses pensées privées. En lisant ces journaux, on est frappé par sa sensibilité, sa soumission et sa révérence complètes devant D.ieu. Le sentiment de servitude intérieure du Rabbi envers le Tout-Puissant se manifestait même lorsqu’il était absorbé par les sujets les plus complexes du Talmud, de la loi juive ou de la Kabbale.

La plus petite action est infinie, la plus grande est insuffisante

Le Rabbi accordait une grande importance même à la plus petite activité pour la Torah, les mitsvot et le bien en général. Il les encourageait vigoureusement.

Pourtant, lorsqu’on l’informait de grandes réalisations, le Rabbi encourageait souvent ceux qui y étaient impliqués à ne pas se satisfaire.

Pour le Rabbi, même la plus petite action reflétait et exprimait la profondeur de l’âme juive et l’infinité divine contenue dans une mitsva. Pourtant, même la plus grande réalisation ne peut pleinement contenir la grandeur totale et incommensurable de la Divinité.

Dans le monde du Rabbi, aucun individu n’est exclu, aucun moment ne doit être gaspillé, l’appel est immédiat et s’adresse à tous. Aucune tâche n’est trop vaste et aucun coût n’est trop grand pour partager avec tous les Juifs ce qui est leur droit de naissance : notre héritage.

En effet, le Rabbi citait souvent les paroles de Maïmonide, selon lesquelles « on doit toujours considérer le monde comme si les plateaux de la balance du jugement sont précisément équilibrés ». Le prochain acte de chacun, si petit soit-il, a le pouvoir de faire pencher la balance, « apportant le salut au monde entier ».

À un individu offrant en cadeau une carafe à vin en argent, le Rabbi écrit : « J’apprécie certainement la bonne intention et le désir. Mais pour des considérations pratiques, je dois me contenter d’accepter l’intention à la place de l’acte. Car, par principe et par habitude depuis plus de trente ans, je préfère utiliser un récipient en verre dans un sac qui dissimule son contenu, bien que j’aie, grâce à D.ieu, des récipients en argent. De même, je n’utilise pas une boîte à etrog en argent… une raison… est que je ne souhaite pas faire de distinction entre moi et ceux qui m’entourent. »

Sensibilité, vérité, amour et finesse d’esprit

C’est dimanche. La file de personnes attendant de voir le Rabbi est très longue. Après des heures, je me trouve finalement face à face avec le Rabbi. Au début, je ne vois que les yeux pénétrants du Rabbi. Tout ce que j’avais préparé à dire m’échappe. Finalement, je dis : « J’ai un problème… j’ai commencé à être plus pratiquant, mais je suis impliqué dans une relation inappropriée… »

Tout ce que j’avais préparé à dire m’échappa...

J’avais anticipé la réponse. Le Rabbi va probablement se fâcher et me dire quel péché terrible je commets. Il parlera du paradis et de l’enfer... Mais la réponse que j’obtiens est complètement différente. Le visage du Rabbi est très sérieux, pourtant je crois déceler une esquisse de sourire sur ses lèvres.

« Je vous envie », dit le Rabbi.

Au début, je ne saisis pas ce que le Rabbi vient de dire. Le Rabbi, le Juif pieux, le rabbin vénéré et génie de la Torah, dirigeant juif de renommée mondiale, m’envie ?!

Le Rabbi continue : « Dans la vie, il y a beaucoup d’“échelles”. Chaque personne a sa propre “échelle” à gravir. Je n’ai jamais été confronté au défi qui est le vôtre. D.ieu vous a donné un choix, une échelle, dont le sommet atteint les Cieux. Cette épreuve est le défi qui vous élève aux plus grandes hauteurs. »

Je ne me souviens pas de ce qui s’est passé ensuite. Plusieurs minutes plus tard, je me retrouve dans la synagogue, sanglotant comme un enfant. Quelqu’un s’approche de moi et demande s’il pourrait m’apporter de l’eau, et avant que j’aie la chance de répondre, un verre d’eau m’est tendu...

Ma responsabilité – « Élever »

Un ‘hassid, qui vivait dans le quartier du Rabbi à Crown Heights, reçut un jour un appel à minuit d’une connaissance en Oklahoma concernant une affaire urgente. Celui qui appelait cherchait les conseils du Rabbi et sa bénédiction.

Le ‘hassid se précipita vers le Quartier général mondial de Loubavitch au 770 Eastern Parkway, espérant transmettre l’affaire au secrétaire personnel du Rabbi, le Rav Hodakov. Il espérait que celui-ci apporterait l’affaire au Rabbi, avant de quitter le bureau pour rentrer chez lui.

En arrivant au « 770 », le ‘hassid apprit que le Rav Hodakov était déjà dans le bureau du Rabbi. Il décida alors d’écrire une note décrivant l’affaire urgente et de l’insérer dans la fente de la porte du bureau du Rabbi, espérant que le Rav Hodakov remarquerait la note et la transmettrait au Rabbi.

Debout dans la salle d’attente, le ‘hassid fut déçu de voir le Rav Hodakov sortir du bureau sans remarquer la note, qui était tombée au sol lorsque la porte s’ouvrit. Ce fut le Rabbi lui-même qui s’approcha de la porte, se pencha et ramassa la lettre.

Le lendemain, le ‘hassid écrivit au Rabbi pour s’excuser de l’avoir dérangé en l’obligeant à ramasser la note du sol.

Le Rabbi répondit : « N’est-ce pas là ma responsabilité d’“élever”, surtout ceux que les autres ont négligés ?! »

Une visite de prisonniers

Un Chalia’h du Rabbi, qui servait d’aumônier de prison, organisa un jour une permission à visée spirituelle à Crown Heights pour un groupe de détenus juifs. Le point culminant de leur séjour serait d’assister au farbrenguen du Rabbi. Avant que le rassemblement ne commence, le Chalia’h reçut un message du secrétariat du Rabbi : « Le Rabbi ne veut pas que les prisonniers s’assoient ensemble. Ils doivent être dispersés dans la foule. » L’émissaire, qui avait fait de grands efforts pour faire en sorte que le groupe ait une place pour s’asseoir au farbrenguen plein à craquer, fut intrigué par la demande. Un des secrétaires expliqua alors : « Le Rabbi ressent que si votre groupe était assis ensemble, ils attireraient l’attention. Les gens demanderaient qui ils sont, et il serait connu qu’ils sont des détenus, leur causant de la honte. Pour empêcher que cela arrive, ils doivent être assis dispersés dans la foule. »

Que devient la petite fille de Bowie, Maryland ?

Une responsable réputée de la campagne des bougies de Chabbat du Rabbi relate l’histoire suivante.

Il n’y aurait aucun moyen d’atteindre la maison de la jeune fille avant le coucher du soleil

« Vingt minutes avant Chabbat, j’ai reçu un appel téléphonique du secrétariat du Rabbi disant que le Rabbi avait lu une lettre du père d’une petite fille de Bowie, Maryland, qui voulait que sa fille commence à allumer les bougies de Chabbat. Le Rabbi demandait que je sois contactée et que je veille à ce que la fille allume les bougies ce Chabbat !

« J’ai immédiatement appelé le Chalia’h de la ville la plus proche de la fille, espérant qu’il pourrait se précipiter avec des bougies chez elle à temps, mais il me dit qu’il lui serait impossible d’atteindre la maison de la fille avant le coucher du soleil. J’ai alors appelé la maison de la fille et j’ai parlé avec sa mère. J’ai demandé si elle avait des bougies dans la maison. Elle répondit qu’effectivement, elle avait des bougies qu’elle utilisait pour les dîners formels. Je lui ai demandé de donner une bougie à sa fille pour qu’elle l’allume pour Chabbat. J’ai alors demandé à la mère si elle allumerait également. Elle dit qu’elle n’avait pas d’objections, mais qu’elle n’avait aucune idée de comment faire. Si je pouvais lui expliquer par téléphone, alors elle et sa fille allumeraient toutes deux les bougies ensemble, ce qu’elles firent.

« Le vendredi suivant après-midi, près de l’heure d’allumage des bougies, j’ai reçu un autre appel du secrétariat du Rabbi. “Le Rabbi veut savoir : ‘Que devient la petite fille de Bowie, Maryland ?’” J’eus le plaisir d’annoncer que la fille et sa mère avaient toutes deux allumé les bougies ; et, en fait, pendant la semaine, j’avais même envoyé plusieurs autres bougies pour que les camarades de classe de la fille et les amies de la mère les allument. »