A. Un Machia’h humain
Machia’h et l’ère messianique représentent l’aboutissement ultime du monde, conçu dès l’origine comme le but pour lequel le monde a été créé.1 Machia’h fait donc partie des éléments qui précèdent la création.2 Cela se rapporte toutefois au principe et à l’âme de Machia’h. Sur le plan concret de la réalité matérielle du monde, Machia’h est un être humain :
Machia’h est un être humain, né de façon naturelle de parents humains.3 La seule condition concernant ses origines est qu’il soit un descendant du roi David,4 par la lignée de son fils Salomon.5 Dès sa naissance, sa droiture ne cessera de croître, et c’est par le mérite de ses actes qu’il accédera à des niveaux sublimes de perfection spirituelle.6
B. Machia’h dans chaque génération
Chaque époque est potentiellement propice à la venue de Machia’h.7 Cela ne signifie pas pour autant qu’au moment opportun il apparaîtra soudainement du Ciel sur terre.8 Au contraire : Machia’h est déjà sur terre, un être humain d’une grande sainteté (un tsadik), présent dans chaque génération. « En chaque génération naît un descendant de Juda apte à être le Machia’h d’Israël »9
Le jour même qui marque la fin de l’exil (galout), lorsque Machia’h délivrera Israël, l’âme unique préexistante de Machia’h, « conservée » depuis longtemps dans le Gan Éden, descendra et sera investie dans ce tsadik.10 R. Moché Sofer résume ce principe dans ses responsa :11
« Concernant la venue du descendant de David, il convient de poser le postulat suivant : Moïse, le premier rédempteur d’Israël, avait atteint l’âge de quatre-vingts ans sans savoir ni ressentir qu’il délivrerait Israël. Même lorsque le Saint, béni soit-Il, lui dit : “Viens et Je t’enverrai vers Pharaon...” (Chémot 3,10), il refusa et ne voulait pas accepter cette mission. Il en sera de même avec le rédempteur final.
« Le jour même où le Beth Hamikdach fut détruit naquit un homme qui, par sa droiture, est apte à être le rédempteur.12 Au moment voulu, D.ieu se révélera à lui et l’enverra, et alors reposera sur lui l’esprit de Machia’h, lequel est caché et dissimulé dans les hauteurs jusqu’à sa venue.
« Nous trouvons de même à propos de Saül que l’esprit de royauté et la sainteté, qu’il ne ressentait pas en lui auparavant, vinrent sur lui après qu’il fut oint...
« Le tsadik lui-même n’a pas conscience de ce potentiel. Et à cause de nos fautes, de nombreux tsadikim de ce type sont déjà disparus. Nous n’avons pas eu le mérite que l’esprit messianique repose sur eux. Ils y étaient aptes, mais leurs générations ne l’étaient pas... »13
C’est ce qui explique pourquoi R. Akiva considéra Bar Kokhba comme Machia’h (Yérouchalmi, Ta’anit 4:5 ; voir Hilkhot Melakhim 11:3 ; et cf. Yéchou’ot Méchikho, Iyoun Harichone, chap. 4). Cela explique aussi la discussion dans Sanhédrine 98b sur le nom de Machia’h, où différents maîtres proposent Chilo, Yinon, ‘Hanina et Mena’hem (cf. Yéchou’ot Méchikho, Iyoun Hachéni, chap. 3, qui explique que le mot Machia’h est un acronyme de ces quatre noms) : chaque école proposait le nom de son propre maître (Rachi). L’implication est claire : chaque école considérait son propre maître comme le Machia’h potentiel le plus probable de sa génération, du fait de sa sainteté et de sa perfection. Voir R. Tsadok Hacohen, Péri Tsadik, Dévarim :13. Dans les générations suivantes aussi, on retrouve cette attitude chez les disciples de R. Its’hak Louria, du Baal Chem Tov, du Gaon de Vilna, de R. ‘Haïm David Azoulay, et d’autres grandes personnalités, comme cela est explicitement exprimé dans leurs écrits.
C. Le caractère et les qualités de Machia’h
« L’esprit de D.ieu reposera sur lui : esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de vaillance, esprit de connaissance et de crainte de D.ieu. Il sera pénétré de la crainte de D.ieu : il ne jugera point selon la vue de ses yeux, il ne décidera point d’après ce qu’il entendra. Il jugera les pauvres avec justice, il tranchera équitablement en faveur des humbles de la terre : il frappera la terre du sceptre de sa parole, il fera mourir le méchant par le souffle de ses lèvres. La justice ceindra ses reins, et la fidélité ceindra ses flancs. » (Isaïe 11,2-5)14 « Par sa connaissance, Mon serviteur justifiera les justes à la multitude... » (Isaïe 53:11)
« Voici, Mon serviteur prospérera, il s’élèvera, grandira et sera très haut placé. » (Isaïe 52,13). Sa sagesse surpassera même celle du roi Salomon15 ; il sera plus grand que les patriarches, plus grand que tous les prophètes après Moïse, et à certains égards, plus élevé encore que Moïse.16 Sa stature et son honneur surpasseront ceux de tous les rois qui l’ont précédé.17 Il sera un prophète extraordinaire, second seulement à Moïse,18 doté de toutes les qualités spirituelles et intellectuelles nécessaires pour recevoir le don de prophétie.19
Tel un berger fidèle, il se soucie déjà de son peuple au point de s’être offert à souffrir toute forme de douleur afin qu’aucun Juif, de tous les temps, ne soit perdu.20
Machia’h méditera sur la Torah21 et se consacrera aux mitsvot. Il enseignera à tout le peuple juif et l’instruira dans la voie de D.ieu. Il incitera Israël à suivre et observer la Torah, en restaurera les brèches, et mènera les guerres de D.ieu.22
Machia’h révélera des enseignements totalement nouveaux, manifestant les mystères cachés de la Torah,23 au point que « toute la Torah étudiée dans ce monde-ci paraîtra vaine en regard de la Torah de Machia’h ».24
Bien que Machia’h vienne tout d’abord pour Israël, toutes les nations reconnaîtront sa sagesse et sa grandeur, et se soumettront à son autorité.25 Il les guidera et les instruira également.26
Il n’est pas nécessaire que Machia’h accomplisse des signes et des prodiges pour faire valoir sa légitimité.27 Néanmoins, il en accomplira.28
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