Vous avez été invité à un farbrenguen et vous ne savez pas à quoi vous attendre ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul dans cette situation.
En voici la définition :
Farbrenguen (fɑ:r-breɪng-ɪn) n. 1. Mot yiddish signifiant « passer du temps ensemble ». 2. Rassemblement ‘hassidique informel et inspirant, au cours duquel sont partagées des paroles de Torah et où l’on chante des mélodies autour de rafraîchissements et d’alcools fins. Également appelé hitva’adout ou hisva’adous en hébreu.
Pourquoi ai-je été invité ?
Les farbrenguens peuvent être organisés pour célébrer ou commémorer toutes sortes d’événements. Les gens en organisent souvent pour leur anniversaire (imaginez une fête d’anniversaire à dimension spirituelle) ou d’autres événements du cycle de la vie appelant une célébration. Parfois, ils sont organisés à l’occasion de fêtes juives ou de l’anniversaire d’événements importants de l’histoire ‘hassidique, et parfois ils sont organisés spontanément.
En amont
Un farbrenguen n’est pas un événement formel ; nul besoin d’une tenue élégante. Cependant, les hommes doivent veiller à se couvrir la tête, et les femmes doivent porter un haut et une jupe ou une robe modestes. Vous n’êtes pas tenu d’apporter un cadeau, venez simplement avec ouverture d’esprit et de cœur.
À quoi puis-je m’attendre ?
Vous trouverez presque toujours des personnes rassemblées autour d’une ou plusieurs tables autour de quelques rafraîchissements. Traditionnellement, les mets servis lors d’un farbrenguen étaient de la salade d’oignons, du hareng et d’autres spécialités d’Europe de l’Est. Aujourd’hui, vous verrez probablement aussi du ‘houmous, des chips et d’autres en-cas. Il y aura probablement aussi de la vodka ou d’autres alcools fins.
Les farbrenguens se déroulent généralement de manière non mixte : les hommes se réunissent entre eux, et les femmes entre elles.
Puis-je me servir ?
Tout d’abord, trouvez une place. Il n’y a pas de plan de table, prenez place là où il y a de l’espace.
Les mets disposés sur la table ne sont pas uniquement décoratifs, alors n’hésitez pas à vous servir.
L’alcool, lorsqu’il est servi, requiert plus d’attention. Voici ce que vous devez savoir : dans la culture ‘hassidique, se servir soi-même de l’alcool est considéré comme impoli. Il est préférable que quelqu’un d’autre vous serve. De plus, buvez avec modération ; évitez d’en arriver au point où vous pourriez agir de manière inconsidérée. Enfin, ne buvez qu’en portant un toast « le’haïm », « À la vie ! ». Vous remarquerez que de temps en temps, tout le monde lève son verre pour un le’haïm collectif. C’est l’occasion de vous joindre au groupe.
Alors, que va-t-on faire ?
Il n’y a pas de procédure établie, mais voici les éléments essentiels qui constituent un bon farbrenguen :
- Les mélodies ‘hassidiques. Allant des airs entraînants accompagnés de frappes sur la table pour exprimer la joie de la vie juive aux chants méditatifs et profonds qui évoquent le désir profond d’unité avec le divin. Ces mélodies, appelées nigounim, se transmettent de génération en génération et constituent le fondement musical d’un bon farbrenguen. Souvent, un nigoun suit l’autre. Les instruments de musique sont très rarement présents. Même si vous ne connaissez pas l’air ou les paroles, vous pouvez fredonner ou chanter de votre mieux. Chacun est invité à vivre le farbrenguen de manière personnelle, alors participez !
- La discussion. Certains farbrenguens sont des discussions ouvertes entre les participants, où chacun partage les réflexions, ressentis ou récits qu’il souhaite partager. D’autres fois, il y a un guide spirituel, souvent un ‘hassid plus âgé ou un rabbin respecté. S’il y a un guide spirituel, inspirez-vous de l’attitude des autres participants pour savoir s’il est approprié d’aborder un nouveau sujet ou de partager vos sentiments sur le sujet en discussion.
Les discussions lors d’un farbrenguen peuvent être plus franches que ce à quoi vous vous attendriez normalement, mais toujours dans un esprit de bienveillance sincère et d’unité.
- Les enseignements de Torah. C’est notamment le cas lors d’un farbrenguen d’anniversaire, quelqu’un répète un discours ‘hassidique. Il existe une procédure spécifique pour la façon dont cela est fait. Le discours est précédé d’un nigoun lent et émouvant, et suivi d’un air rapide et joyeux. Le discours lui-même, appelé maamar, est dit assis. La personne baisse généralement les yeux, ou même les ferme, et dit le maamar (par cœur) sur une mélopée caractéristique. Selon le pays où vous vous trouvez, vous entendrez le maamar être récité en yiddish, en hébreu ou dans la langue du pays. Même si vous comprenez la langue utilisée, ne vous désolez pas si vous ne saisissez pas pleinement le sujet abordé. Il s’agit de sujets ésotériques qui présupposent beaucoup de connaissances préalables.
- L’inspiration. Un farbrenguen est une expérience personnelle, où chacun se rapproche de ceux qui l’entourent et de son moi intérieur. Laissez les mélodies vous envahir, les paroles vous pénétrer et la chaleur fraternelle vous envelopper.
- Les bonnes résolutions. Un bon farbrenguen est celui dont les effets sont visibles dans les jours et les semaines qui suivent. Les gens profitent souvent de l’inspiration du moment pour la canaliser dans un changement de vie positif appelé ha’hlata (mot hébreu signifiant « résolution »). Une ha’hlata peut consister à augmenter l’étude de la Torah, la prière ou l’observance des mitsvot, ou même à améliorer une relation interpersonnelle. Une bonne ha’hlata est une résolution que vous pouvez réellement mettre en pratique.
On vous a probablement dit quand venir, mais pas quand le farbrenguen se terminera. C’est parce qu’il n’y a pas d’heure officielle de fin pour un farbrenguen. Tant qu’il y a une atmosphère chaleureuse et un élan d’inspiration, qui voudrait s’en aller ? Cela dit, si vous sentez que vous devez partir, attendez simplement une accalmie dans la conversation et rentrez chez vous. Idéalement, l’inspiration vous accompagnera, et le farbrenguen ne se terminera jamais vraiment.
Post-scriptum :
Aucun article sur les farbrenguens ne serait complet sans mentionner les légendaires farbrenguens tenus par le Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, de mémoire bénie. Comme les farbrenguens dont nous avons parlé plus haut, les rassemblements du Rabbi incluaient des mélodies ‘hassidiques entraînantes, des paroles de Torah et une discussion sincère sur les questions du jour.
Cependant, les farbrenguens du Rabbi étaient uniques à bien des égards.
À de rares exceptions près, le seul à parler était le Rabbi ; c’était le moyen privilégié de transmettre au public ses perspectives révolutionnaires sur la Torah et ses leçons pratiques pour la vie quotidienne.
Les propos du Rabbi revêtaient souvent un caractère particulièrement érudit, s’attardant des heures durant sur les moindres détails du Talmud et aux enseignements de Rachi, Maïmonide et d’autres. Chacune de ces longues interventions savantes était prononcée sans notes ni prompteur. L’un des points culminants de chaque farbrenguen était peut-être le nouveau maamar que le Rabbi avait coutume de prononcer, développant les enseignements kabbalistiques et ‘hassidiques. Pendant les intermèdes musicaux, l’assistance chantait des mélodies ‘hassidiques, que le Rabbi dirigeait lui-même à l’occasion. Bien sûr, aucun farbrenguen n’était complet sans un appel à l’action, au cours duquel le Rabbi exhortait ses auditeurs à un plus grand engagement envers un mode de vie conforme à la Torah.
Il y avait peu de nourriture ou de boisson, hormis un plateau symbolique de gâteau, de sacs de petites ‘hallot ou de biscuits durs, et de petits verres de vin. Pendant le chant des nigounim, les participants levaient leurs verres vers le Rabbi, et il acquiesçait à chacun d’un signe de tête.
Les participants décrivaient les farbrenguens comme une expérience sans équivalent, un voyage transcendantal dans une autre dimension où le monde est vu de l’intérieur à travers le prisme de la Torah et de la tradition juive.
Rassemblant des milliers de personnes, les farbrenguens du Rabbi pouvaient souvent durer de nombreuses heures. Lorsqu’ils n’avaient pas lieu pendant Chabbat, les paroles du Rabbi étaient partagées par le biais d’une traduction simultanée, d’une liaison téléphonique et d’une retransmission télévisée. Les transcriptions de ces farbrenguens constituent des centaines d’ouvrages (!) et, avec ses milliers de lettres, forment la base de l’héritage écrit du Rabbi.
À l’exception du Chabbat, où le maniement d’argent est interdit, le Rabbi concluait généralement chaque farbrenguen en distribuant des billets d’un dollar aux participants, destinés à être remis à une œuvre caritative de leur choix.
Vous pouvez voir des vidéos de nombreux farbrenguens du Rabbi ici.
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