Pour Reb Berel de Bechenkovitch, rien n’était plus précieux que l’opportunité d’entendre de première main les enseignements profondément spirituels et inspirants de son Rabbi, le Rabbi Rachab (Rabbi Chalom DovBer de Loubavitch).

Un jour, Reb Berel entreprit de se rendre à pied à Loubavitch. Bien que le voyage fût long et ses pieds douloureux, la perspective d’entendre bientôt les douces paroles de ‘Hassidout rendait chaque pas précieux. Cependant, à son arrivée, Reb Berel apprit que le Rabbi était absent, s’étant retiré dans une paisible campagne verdoyante. Un passant bienveillant lui indiqua le chemin, et sans même prendre le temps de reprendre son souffle, tant son désir d’entendre la ‘Hassidout était grand, il repartit aussitôt.

Mais une nouvelle déception l’attendait : on l’informa que le Rabbi n’avait pas prévu de dire de ‘Hassidout.

Le cœur brisé et épuisé par ses efforts, Reb Berel s’effondra au sol, accablé.

Non loin de là vivait un Juif simple, pieux mais peu instruit. Chaque jour, il fournissait la table du Rabbi en produits de sa ferme laitière : lait, fromages et beurre. Il veillait également à ce que le Rabbi dispose d’un minyane (quorum) pour la prière, parcourant souvent les villages environnants à la recherche de Juifs volontaires.

Ce Juif simple était devenu comme un membre de la maisonnée du Rabbi, libre d’aller et venir à sa guise. Apercevant la silhouette affligée de Reb Berel dans la rue, il crut que l’étranger était dans le besoin. Peut-être manquait-il d’un repas, d’un lit, ou même d’argent. Il s’empressa d’aller vers lui.

« D.ieu merci, je n’ai besoin de rien, soupira Reb Berel. Je souhaitais simplement entendre des paroles de ‘Hassidout et j’ai parcouru un long chemin pour cela. Mais il semble que ce ne sera pas possible... »

Sans hésiter, le fermier se précipita dans la maison du Rabbi.

« Rabbi !, s’écria-t-il avec émotion. Un homme est venu de loin pour entendre votre enseignement de ‘Hassidout et il est malheureux. Vraiment malheureux ! Quand je vois quelqu’un qui souffre, je lui offre des œufs, parfois du beurre ou du lait. Vous, Rabbi, vous pouvez aider ce Juif en disant la ‘Hassidout. »

Moins d’une heure plus tard, le Rabbi annonçait qu’il donnerait un discours ‘hassidique dans sa chambre.

Reb Berel était assis à écouter, captivé, savourant chaque parole. Il quitta la chambre du Rabbi le visage rayonnant, comblé d’avoir enfin atteint le but de son voyage.

Témoin de cette joie sincère, le fermier retourna dans la chambre du Rabbi. D’une voix enthousiaste, il décrivit ce qu’il avait observé et formula une requête : dans le Gan Éden, dans le Monde Futur, il désirait ressentir cette même joie qu’avait éprouvée Reb Berel après avoir entendu les paroles du Rabbi.

« Chaque fois que tu réciteras les Téhilim (Psaumes) dans leur intégralité, tu mériteras une récompense particulière », lui promit le Rabbi. « De plus, tu mériteras de comprendre les Téhilim à un niveau plus profond dans le Monde Futur. »

Réconforté, sitôt sorti de la chambre du Rabbi, le fermier saisit le premier Téhilim à sa portée et commença à le réciter avec une ferveur nouvelle, certain qu’il connaîtrait un jour la grande joie qu’il avait vue illuminer le visage de Reb Berel.