Tandis que le service divin du mois de Tichri s’articule autour de ses nombreuses fêtes, celui du reste de l’année porte essentiellement sur la vie quotidienne. Ce dernier service, auquel fait allusion l’expression « Yaakov alla sur son chemin », consiste à réaliser la mission du Juif : faire de ce monde physique une demeure pour D.ieu.
Chaque mois de l’année est unique, avec ses propres événements et circonstances distinctifs. Le mois de Tichri, quant à lui, occupe une position prééminente, car il regorge de fêtes1 : Roch Hachana, Yom Kippour, Soukkot, Chemini Atséret et Sim’hat Torah. Aucun autre mois ne lui est comparable en termes de richesse et de variété de fêtes, et de service de D.ieu correspondant.
Toutefois, le service spirituel ne se cantonne pas aux fêtes. Un Juif se doit de servir son Créateur tout au long de l’année, aussi bien les jours ordinaires que les jours saints. C’est ainsi qu’après Tichri vient le mois de Mar’Hechvane, où commence le service régulier, différent de celui de Tichri.
La transition entre ces deux périodes est radicale. Les fêtes sont des jours empreints de sainteté, détachés du labeur quotidien. Un Juif se tient alors sur un plan supérieur au monde profane, où le travail est interdit et où toute la journée est consacrée à se réjouir avec D.ieu. Le jour est sacré, le Juif sanctifie et est sanctifié ; la Divinité se manifeste pleinement.
Durant les jours ordinaires, en revanche, le lien entre le Juif et le Créateur n’est pas aussi aisément perceptible. L’individu est plongé dans la vie quotidienne et, ne transcendant plus naturellement le monde, il se trouve intimement mêlé à ses affaires mondaines, œuvrant au sein des limites du monde.
Le service de D.ieu des jours de semaine
Dans certaines communautés, il est de coutume2 d’annoncer à la sortie de Sim’hat Torah les mots « VeYaakov halakh ledarko » – « Et Yaakov alla sur son chemin ».3 Sim’hat Torah est la dernière des fêtes de Tichri, et sa fin marque donc le début du reste de l’année. L’annonce de « Yaakov alla sur son chemin » signifie que maintenant que le service divin particulier de Tichri est terminé, celui du reste de l’année doit commencer. En d’autres termes, à l’issue du service particulier des fêtes, on s’engage sur le « chemin » menant au service du reste de l’année. Ce type de service n’est pas pour autant inférieur à celui de Tichri et de ses fêtes ; il est simplement différent.
Comment, dès lors, un Juif sert-il D.ieu les jours de semaine, lorsqu’il est si impliqué dans ses propres affaires ? Nos Sages nous ont donné une directive claire : « Je n’ai été créé que pour servir mon Créateur ».4 Il n’existe pas d’affaires « personnelles », dissociées de D.ieu. Tout ce qu’un Juif fait doit être un acte de service envers son Créateur.
Un Juif sert D.ieu en accomplissant la volonté de D.ieu, y compris en se conformant aux directives « Tous tes actes doivent être accomplis pour le Ciel »5 et « Dans toutes tes voies, connais-Le ».6 Même lorsque ce sont « tes » voies et « tes » actes – qu’il s’agisse d’affaires personnelles, commerciales ou de tout autre aspect de la vie –, cela doit être « pour le Ciel ». Le but de l’existence d’un Juif est de faire de ce monde une demeure digne de D.ieu, de faire du matériel un réceptacle pour le Divin. Et cela trouve son expression ultime lorsque même les actions mondaines, pas seulement la Torah et les mitsvot, sont dédiées à D.ieu.
Nourriture spirituelle
La capacité d’accomplir une telle mission vient du mois de Tichri, car ses fêtes sont la nourriture spirituelle dont les Juifs tirent la force pour le service divin du reste de l’année. Chacune des fêtes met l’accent sur un aspect différent du service, et leur ensemble constitue le spectre complet par lequel la Divinité se révèle. C’est pourquoi l’annonce « Yaakov alla sur son chemin » est faite à la fin de Sim’hat Torah : à la conclusion de toutes les fêtes du mois de Tichri, il nous est rappelé que, loin d’être la fin du service divin, cela marque le commencement d’un nouveau type de service divin, dont la force vient des fêtes de Tichri. Ce nouveau service consiste à travailler avec des choses mondaines, des choses « de semaine », pour les convertir elles aussi en sainteté.
Pour plus de clarification, examinons de plus près les mots « Yaakov alla sur son chemin ».
Yaakov
Le peuple juif est appelé par deux noms, « Yaakov » et « Israël », tous deux noms du troisième de nos patriarches. Ils diffèrent grandement chronologiquement et dans leur signification : Yaakov fut le nom donné à la naissance, parce que « sa main tenait le talon d’Ésaü »7 (eikev – talon) ; le nom Israël fut donné plus tard, parce que « Tu es devenu grand (sar) devant D.ieu et les hommes, et tu as prévalu ».8 Le nom Israël est bien supérieur à Yaakov. Le talon, dont dérive le nom Yaakov, est la partie la plus basse du corps, où l’on ne peut discerner aucune différence entre les hommes. De plus, il fut appelé Yaakov parce qu’il tenait le talon d’Ésaü, ce dernier représentant le monde corporel. Israël, d’un autre côté, vient de la racine sar,9 signifiant grandeur, et ses lettres forment l’expression Li Roch,10 Roch signifiant tête. La tête est la partie supérieure du corps, et c’est la tête – la voix, le visage et l’intellect – qui distingue une personne d’une autre.11
Bien que Yaakov soit d’un niveau inférieur à Israël, c’est ce nom qui est employé dans l’expression « Yaakov alla sur son chemin ». Cela nous enseigne une leçon précieuse dans le service de D.ieu qui est que chaque Juif, sans distinction, a reçu, dès sa naissance, alors qu’il est encore au niveau de « Yaakov » et au début de son service divin, une mission de D.ieu. Cette mission est de prendre « le talon d’Ésaü » – les questions mondaines et profanes – et d’en faire « l’héritage de Yaakov »12 : les convertir en sainteté et faire ainsi du monde une demeure pour D.ieu.
Alla
Le mot « alla » implique que non seulement on doit accomplir le service divin décrit ci-dessus, mais qu’un Juif doit continuellement être en mouvement, s’élevant toujours plus haut dans ce service ; il ne peut pas rester statique. C’est la différence entre les anges et les hommes. Les anges sont appelés « ceux qui se tiennent debout »,13 car bien qu’ils accomplissent la volonté de leur Créateur avec crainte et révérence, ils ne peuvent pas s’élever radicalement au-dessus de leur niveau actuel. Seul l’homme est appelé « allant », car sa tâche est de s’élever toujours plus haut.14 Quelle que soit la hauteur de son statut spirituel, il doit toujours s’efforcer d’atteindre un niveau infiniment plus élevé.
Sur son chemin
Un chemin, une voie, relie les confins les plus éloignés du royaume au palais royal dans la capitale.15 Bien qu’un Juif quitte les fêtes de Tichri et entre dans le domaine des affaires mondaines et « de semaine », son travail doit néanmoins être tel qu’il est « sur son chemin », le chemin qui lie son travail de semaine au palais du Suprême Roi des rois : de la sorte, tout devient une demeure pour D.ieu.
En termes légèrement différents : l’âme d’un Juif descend d’en haut (le palais royal) vers ce monde physique (l’endroit le plus éloigné de l’ensemble du royaume de D.ieu) pour relier ces deux dimensions par son service de D.ieu. Un Juif fait cela parce que c’est « son chemin », le chemin d’un Juif, dont le véritable désir est d’accomplir la volonté de D.ieu de faire du monde un endroit digne de Sa présence.
Le sens de « Yaakov alla sur son chemin », alors, est qu’après les fêtes de Tichri, un Juif doit commencer sa tâche de transformation du monde grossier en un réceptacle pour la Divinité.
L’unité entre les Juifs malgré les différences
« Yaakov alla sur son chemin » revêt une autre signification. « Yaakov » désigne en effet l’ensemble du peuple juif. L’expression « Yaakov alla sur son chemin », au singulier, souligne que les Juifs, bien qu’accomplissant leur service de manière individuelle et distincte,16 demeurent « un peuple un ».
Cette interprétation de « Yaakov alla sur son chemin » comporte différentes étapes, au cours desquelles il importe de souligner l’unité qui prévaut entre les Juifs malgré leurs chemins individuels.
Le commencement a lieu à l’issue de Yom Kippour.17 En effet, à Roch Hachana, les Juifs sont unis, comme il est écrit18 : « Vous vous tenez fermement aujourd’hui, vous tous », « aujourd’hui » désignant Roch Hachana,19 ce qui signifie qu’à ce moment-là toutes les dix catégories de Juifs énumérées dans la Torah sont dans une union si parfaite qu’elles apparaissent comme une seule entité.20 De même, durant les jours qui séparent Roch Hachana de Yom Kippour, les Juifs sont également unis, en particulier à Yom Kippour, qui survient « une fois dans l’année »,21 lorsque les Juifs sont dans une unité totale.
Cependant, à la sortie de Yom Kippour, les Juifs commencent à se disperser, chacun s’affairant à préparer sa propre soukkah et son propre loulav et etrog.22 Ainsi, le service divin de « Yaakov alla sur son chemin » débute dès la sortie de Yom Kippour.23
Toutefois, durant la période séparant Yom Kippour de Soukkot, « tout Israël est engagé dans les mitsvot »24 ; et comme les mitsvot émanent du D.ieu un, les Juifs maintiennent alors leur unité. Cela est particulièrement manifeste dans les mitsvot que les Juifs accomplissent alors : la soukkah et les quatre espèces (loulav, etrog, hadas et arava), qui symbolisent l’unité.25 Le Talmud affirme que « tout Israël est digne de demeurer dans une seule soukkah »26 ; et la mitsva des quatre espèces consiste à les rassembler, symbolisant ainsi l’union des quatre catégories distinctes de Juifs qu’elles représentent.27
Durant la fête de Soukkot elle-même, tous les Juifs sont également unis, car, en plus de ses mitsvot symbolisant l’unité (comme expliqué ci-dessus), la Divinité est alors manifeste.28 Après Soukkot, à Chemini Atséret et Sim’hat Torah, l’unité s’exprime par l’offrande d’un taureau unique, correspondant aux Juifs qui sont « le peuple unique ».29 De fait, la joie de Chemini Atséret et Sim’hat Torah s’exprime spécifiquement par la danse avec les pieds,30 car par les pieds, l’égalité de tous s’exprime. Ainsi, bien que les Juifs puissent se trouver en différents endroits, ils constituent manifestement « un peuple un ».
Les Juifs sont « un peuple un »
C’est après Sim’hat Torah, lorsque nous quittons le domaine de la sainteté des fêtes pour celui du jour de semaine, que nous devons montrer que les Juifs sont toujours unis. C’est l’une des raisons pour lesquelles on annonce à la fin de Sim’hat Torah « Yaakov alla sur son chemin » : l’emploi du singulier souligne que même après Sim’hat Torah, lorsqu’un Juif va sur « son chemin » dans les affaires mondaines (pas comme à la sortie de Yom Kippour où « son chemin » est dans les mitsvot), il demeure en union avec l’ensemble des Juifs.31
Mais il y a une étape supplémentaire. Le jour après Sim’hat Torah n’est pas encore totalement un jour de semaine, car il est nommé « Isrou ‘Hag », le lendemain de la fête, et il conserve encore un lien avec celle-ci. Et nous voyons que même après, jusqu’à la toute fin de Tichri, nous omettons le ta’hanoun, la prière de confession, qui est associée aux questions liées aux « jours de semaine ». Ainsi, le mois de Tichri tout entier n’entretient pas de véritable lien avec les questions mondaines – et nous n’avons donc pas encore atteint la pleine réalisation de l’idée de « Yaakov alla sur son chemin ».
Il en va de même pour Roch ‘Hodech Mar’Hechvane : le premier jour de Roch ‘Hodech correspond au trentième jour de Tichri, et le second jour, quoiqu’il marque le début du mois de Mar’Hechvane, n’est pas lié aux affaires de la semaine, car Roch ‘Hodech en soi n’est pas un « jour de travail ».
La véritable mise en œuvre de « Yaakov alla sur son chemin » ne commence donc qu’après Roch ‘Hodech Mar’Hechvane, lorsque débute le travail de semaine et l’engagement dans ce monde matériel. C’est à ce moment qu’un Juif peut pleinement accomplir sa mission de faire de ce monde une demeure pour D.ieu.
Un service complet d’une semaine
Bien que le service divin de « Yaakov alla sur son chemin » commence après Roch ‘Hodech Mar’Hechvane, il ne s’agit pas encore d’un service complet. Chaque jour de la semaine a son propre service particulier – selon les mots du Zohar, « chaque jour a son propre travail »32 – et l’absence ne serait-ce que d’un jour constitue une lacune dans toute la semaine. Roch ‘Hodech Mar’Hechvane se trouve dans la semaine suivant Chabbat Béréchit,33 et les jours suivant Chabbat Béréchit jusqu’à Roch ‘Hodech Mar’Hechvane font ainsi encore partie de Tichri. Ces jours, ainsi que Roch ‘Hodech lui-même qui n’est pas un « jour de travail », représentent une lacune dans le service complet d’une semaine de « Yaakov alla sur son chemin ».
Une semaine complète de jours de travail ne commence qu’à la sortie du Chabbat de la Parachat Noa’h. Le cycle des sept jours de la semaine symbolise et englobe tout le spectre du temps,34 chaque semaine répétant ce cycle temporel.35
C’est donc là la différence entre le service de « Yaakov alla sur son chemin » après la fin du Chabbat Béréchit36 et celui après la fin du Chabbat de la Parachat Noa’h. Dans le premier cas, on ne peut que prendre la résolution d’entreprendre pleinement ce service, comme il est dit : « Que celui qui ceint son armure ne se vante pas comme celui qui l’enlève ».37 Dans le second cas, on le fait réellement, pendant toute la semaine. Autrement dit, le premier ne représente que le potentiel, tandis que le second en est la concrétisation. Et bien que nous puissions être certains que la résolution d’un Juif sera mise en œuvre, le simple potentiel ne saurait égaler la réalisation effective.
« Lekh » — « Va »
Nous pouvons cependant aller encore plus loin : la sortie du Chabbat de la Parachat Lekh Lekha met encore davantage l’accent sur l’idée de « Yaakov alla sur son chemin ». Le nom même de la paracha, qui entretient un lien intrinsèque avec celle-ci et exprime son contenu global, en est la preuve.38 « Lekh » signifie « Va », indiquant que le thème général de cette paracha est l’idée d’« aller », d’être en mouvement. Elle se rattache donc à « Yaakov alla sur son chemin » par le fait qu’elle souligne le concept d’une élévation constante dans le service de D.ieu.
Une question subsiste néanmoins : nous avons expliqué précédemment qu’à l’issue du Chabbat de la Parachat Noa’h, l’idée de « Yaakov alla sur son chemin » atteint sa pleine réalisation dans les sept jours de la semaine. Qu’est-ce que la Parachat Lekh Lekha peut donc ajouter ?
« Yaakov Mon serviteur »
Le fait est que « Yaakov alla sur son chemin » met en lumière deux aspects : d’une part, toutes les affaires d’une personne – « son chemin » – doivent toujours être dans un état de mouvement, s’élevant toujours plus haut dans la sainteté ; et d’autre part il faut « aller » sur le chemin tel que Yaakov le fait.
Ces deux aspects sont liés. Yaakov est associé au concept de serviteur,39 comme il est écrit40 : « Al tira avdi Yaakov – Ne crains pas, Yaakov Mon serviteur ». Le service d’un Juif envers D.ieu en tant que éved–serviteur est différent de celui qui ne fait que remplir la mission de D.ieu comme Son chalia’h, Son délégué, même si « le délégué d’une personne est comme la personne elle-même ».41 De manière générale, il y a trois niveaux dans l’accomplissement d’une mission en tant que délégué42 :
(i) Même lorsqu’il accomplit la tâche qui lui est confiée, le délégué demeure une entité indépendante, et la mission lui reste associée. À ce niveau, la signification du principe selon lequel « le délégué d’une personne est comme la personne elle-même » est que l’exécution de la mission est comptée comme si elle était faite par le délégant, celui qui mandate le délégué.
(ii) Un niveau supérieur est lorsque l’acte lui-même appartient au délégant. Le délégué n’est pas considéré comme accomplissant l’acte. C’est le délégant qui le fait à travers le délégué.
(iii) Un niveau encore plus élevé est lorsque non seulement l’acte appartient au délégant, mais le délégué lui-même est (comme) le délégant.
Toutefois l’accomplissement de la mission d’un Juif en tant que serviteur est encore plus élevé. Puisqu’il y a différents niveaux dans l’accomplissement d’une tâche en tant que délégué, il s’ensuit que même au niveau le plus élevé, il reste une différence entre le délégant et le délégué ; ils ne sont pas identiques. En revanche, toute l’existence d’un serviteur est celle du maître,43 et par conséquent, « tout ce qu’un serviteur acquiert, son maître l’acquiert ».44 Et puisqu’un serviteur n’a pas d’existence indépendante en dehors de son maître, il ne peut y avoir de différences pour le serviteur entre un service et un autre.
Il en va de même dans le service de « Yaakov alla sur son chemin » : puisqu’il est « Yaakov Mon serviteur », sa progression (« alla ») est égale en toutes choses. En général, l’élévation d’une personne à un niveau supérieur de service ne s’opère pas nécessairement dans toutes ses facultés (pensée, parole, action, volonté). On peut s’élever infiniment dans un domaine – servir D.ieu « bekhol méodekha – de tout ton pouvoir », transcendant ses propres limites – et pas dans un autre. Cela révèle que l’essence même de l’existence d’une personne demeure inchangée, car l’une ou plusieurs de ses facultés restent confinées dans leurs limites. Il ne s’agit donc pas de la véritable expression du principe « de tout ton pouvoir ».
C’est la distinction conférée à l’idée de « Yaakov alla sur son chemin » par la Parachat Lekh Lekha. Elle souligne ouvertement que la progression d’un Juif, son élévation constante dans le service de D.ieu, doit se faire dans tous les aspects, avec toutes ses facultés. En d’autres termes, elle souligne ouvertement que le « Yaakov » qui va « sur son chemin » doit être « Yaakov Mon serviteur ».
Transcender ses limites
Cela était particulièrement manifeste chez Avraham, à qui fut adressé le commandement « Va ». Avraham était « généreux avec sa richesse, son corps et son âme ».45 Le service divin d’Avraham était principalement46 dans le domaine de la bonté illimitée,47 et cela imprégnait tout son être, comme exprimé dans les trois aspects de la richesse, du corps et de l’âme. En conséquence, le commandement « Va » donné à Avraham s’adressait à toutes ses capacités et facultés.
Ce qui précède s’exprime dans le reste du commandement donné à Avraham : « Va-t’en de ton pays, de ton lieu de naissance et de la maison de ton père ». La ‘Hassidout explique48 que « pays » fait référence à la volonté d’une personne, le « lieu de naissance » à ses midot (caractéristiques de l’âme), et la « maison de ton père » à l’intellect – soit tout le spectre des facultés d’une personne. Bien que les facultés de l’âme d’Avraham fussent naturellement très élevées, son service de D.ieu consistait à « aller », c’est-à-dire à transcender ses propres limites. Il est donc dit : « Va-t’en de ton pays, de ton lieu de naissance et de la maison de ton père » : les facultés de l’âme d’une personne, aussi élevées soient-elles dans leur état naturel, ne peuvent se comparer à ces facultés lorsqu’elles ont été soumises au commandement divin « Va », une élévation infinie.
Chaque Juif a hérité des caractéristiques des patriarches.49 Le commandement donné à Avraham, « Va », est aussi un commandement pour chaque Juif, enseignant que le concept de « Yaakov alla sur son chemin » doit s’exprimer dans chaque facette du service de D.ieu.
Aide divine dans le service
Dans cette tâche, un Juif reçoit l’aide de D.ieu, comme il est écrit : « Yaakov alla sur son chemin et les anges de D.ieu le rencontrèrent ».50 De plus, cette aide se manifeste sous deux aspects, comme il est dit ensuite : « Et il appela le nom de cet endroit Ma’hanaïm »,51 que Rachi interprète comme signifiant « deux camps », faisant référence aux anges d’Erets Israël et à ceux de l’extérieur d’Erets Israël. Cela correspond aux deux aspects généraux du service spirituel de l’homme : la Torah et les mitsvot, où la sainteté est évidente, similaire à Erets Israël, « le pays... sur lequel les yeux de l’Éternel ton D.ieu sont continuellement fixés, du commencement de l’année jusqu’à la fin de l’année »52 ; et le second aspect, le service de « tous tes actes doivent être pour le Ciel » et « dans toutes tes voies, connais-Le », où la sainteté n’est pas manifeste, similaire à l’extérieur d’Erets Israël, où la vigilance de D.ieu n’est pas si ouvertement révélée. La Torah nous dit ainsi qu’un Juif reçoit l’aide des « anges de D.ieu » dans les deux types de service, lui permettant ainsi d’accomplir sa mission donnée par D.ieu de faire de ce monde une demeure pour le Tout-Puissant.
Likoutei Si’hot, vol. 20, p. 266-314 ; vol. 10, p. 192-197
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