La Bénédiction Sacerdotale, Birkat Kohanim – appelée également Nessiat Kapayim, « l’élévation des mains » – est une bénédiction prononcée par les kohanim, les prêtres, depuis l’époque biblique. Aujourd’hui, elle est pratiquée dans la synagogue, généralement pendant l’office de Moussaf des jours de fête. La source de cette pratique se trouve dans Nombres 6,23-26 :
Parle à Aaron et à ses fils, et dis-leur : « Voici comment vous bénirez les enfants d’Israël : “Que D.ieu te bénisse et te garde. Que D.ieu fasse rayonner Sa face sur toi et t’accorde Sa grâce. Que D.ieu tourne Sa face vers toi et t’accorde la paix.” Ils imposeront ainsi Mon Nom sur les enfants d’Israël, et Moi, Je les bénirai. »
Ainsi, D.ieu a conféré aux descendants mâles en lignée paternelle d’Aaron le pouvoir de transmettre les bénédictions divines à l’assemblée. La Bénédiction Sacerdotale est l’un des moments les plus spirituellement édifiants de la vie juive, car toute l’assemblée est enveloppée dans une « étreinte divine ».
Texte de la Bénédiction Sacerdotale
יְבָרֶכְךָ | Yevarékhekha | Que [D.ieu] te bénisse |
'ה | Adonaï | |
וְיִשְׁמְרֶךָ | veyichmerekha | et te garde. |
יָאֵר | Yaer | Que [D.ieu] fasse rayonner |
'ה | Adonaï | |
פָּנָיו | panav | Sa face |
אֵלֶיךָ | élékha | sur toi |
וִיחֻנֶּךָּ | vi’hounéka | et t’accorde Sa grâce. |
יִשָּׂא | Yissa | Que [D.ieu] tourne |
'ה | Adonaï | |
פָּנָיו | panav | Sa face |
אֵלֶיךָ | élékha | vers toi |
וְיָשֵׂם | veyassem | et accorde |
לְךָ | lekha | à toi |
שָׁלוֹם | chalom | la paix. |
Quand la Bénédiction Sacerdotale est-elle pratiquée ?
Autrefois, les prêtres prononçaient la bénédiction quotidiennement dans le Saint Temple, debout sur une estrade spéciale appelée doukhane. Dans certaines synagogues ashkénazes aujourd’hui, la récitation de la bénédiction est informellement appelée « doukhanen ».
De nos jours, la bénédiction est donnée pendant les offices, lors de la Répétition de la Amida par le ‘hazane. À Jérusalem, le rite de la Birkat Kohanim est célébré chaque matin. Les jours où l’office de Moussaf est récité, la Birkat Kohanim est pratiqué à la fois pendant Cha’harit et Moussaf. Dans de nombreuses autres villes israéliennes, certains (principalement les Séfarades) pratiquent la Birkat Kohanim chaque jour, tandis que d’autres (principalement les Ashkénazes) ne le font que le Chabbat (ou seulement les jours de fête). Lors des jeûnes publics, les kohanim récitent également la bénédiction à l’office de Min’ha.
Dans la diaspora, de nombreuses communautés séfarades pratiquent la Birkat Kohanim chaque Chabbat, tandis que dans les communautés ashkénazes, la Birkat Kohanim n’est pratiqué que lors des fêtes principales pendant la prière de Moussaf. Une exception à cette règle est Sim’hat Torah, où la Birkat Kohanim est faite pendant l’office de Cha’harit (celui du matin) à la place.
Comment la Bénédiction Sacerdotale est-elle pratiquée ?
Avant la Birkat Kohanim, les kohanim se préparent à la bénédiction par une ablution sur leurs mains et en retirant leurs chaussures. Ils viennent ensuite à l’avant de la synagogue, se couvrent de leurs taliths, font face à l’assemblée et récitent une bénédiction remerciant D.ieu « pour nous avoir sanctifiés de la sainteté d’Aaron et nous avoir ordonné de bénir Son peuple Israël avec amour ». Ils lèvent ensuite leurs mains sous leurs taliths. La configuration exacte des doigts dépend de la tradition de chacun, mais l’idée générale est que les doigts sont écartés en sections ressemblant à des « fenêtres ».
Le ‘hazane guide ensuite les kohanim dans la Birkat Kohanim. Il récite à haute voix les quinze mots de la bénédiction, que les kohanim répètent mot pour mot.
Il est traditionnel dans de nombreuses communautés que les kohanim fassent précéder chaque mot d’une courte mélodie.
Il est de coutume que l’assemblée se tienne debout tout au long de la Birkat Kohanim, en signe de respect pour la Présence Divine. L’assemblée doit faire face aux kohanim – il serait irrespectueux de tourner le dos (ou même le côté) à une bénédiction – sans toutefois les fixer du regard. Les hommes ont coutume de se couvrir la tête et le visage avec leur talith. Les jeunes enfants rejoignent leurs pères sous le talith, ce qui constitue une expérience mémorable de l’enfance.
L’assemblée écoute attentivement et répond « amen » à la bénédiction préliminaire des kohanim, et à la conclusion de chacun des trois versets de la Birkat Kohanim. Pendant que les kohanim chantent la mélodie avant les trois derniers mots de la Birkat Kohanim, l’assemblée récite une prière demandant la « guérison » de tous leurs rêves négatifs.
La Bénédiction de l’Amour
Cette magnifique bénédiction possède une structure rythmique prononcée, et ses versets gagnent progressivement en intimité.
Le premier, « Que D.ieu te bénisse et te garde », fait référence aux bénédictions matérielles : la subsistance, la santé physique, etc.
Le deuxième, « Que D.ieu fasse rayonner Sa face sur toi et t’accorde Sa grâce », fait référence à la bénédiction interpersonnelle de la grâce entre nous-mêmes et les autres.
Le troisième est le plus profond de tous : « Que D.ieu tourne Sa face vers toi et t’accorde la paix ». Il y a sept milliards de personnes sur terre. Qu’est-ce qui fait de nous autre chose qu’un visage dans la foule, une vague dans l’océan, un grain de sable sur le rivage ? Le fait que nous soyons les enfants de D.ieu. Il est notre parent. Il tourne Son visage vers nous. Il se soucie de nous.
Cette conscience nous procure un profond sentiment de paix intérieure. Nous n’avons pas besoin de faire nos preuves pour recevoir une bénédiction de D.ieu. Tout ce que nous devons savoir, c’est que Son visage est tourné vers nous. D.ieu nous voit, nous entend, nous tient dans Ses bras éternels.
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