1. Réveillez-vous et célébrez !
– Rabbi Israël Baal Chem Tov
Pendant Soukkot, le Baal Chem Tov s’exclamait : « Où est la célébration ? Chaque Soukkot, dans le Temple, on célébrait pendant sept jours, sans interruption. Rabban Gamliel jonglait avec des torches, et leurs yeux ne connaissaient pas le sommeil. Comment se fait-il que nous ayons dormi pendant tous ces siècles ? Réveillez-vous, vous qui dormez ! Sortez de votre torpeur ! »
Voyez-vous, depuis la destruction du Temple, c’est comme si tout le peuple juif était tombé dans un profond sommeil. Quand vous dormez, vous êtes toujours en vie, vous respirez, vous digérez, votre sang circule. Mais vos yeux ne voient pas, vos oreilles n’entendent pas, et votre esprit ne comprend rien – il ne fait que rêver des rêves fous.
C’est ainsi que nous avons été depuis la destruction du Temple. Dans le Temple, nous voyions des miracles manifestes. Nous sentions que nous nous tenions en présence de D.ieu. Nous comprenions clairement qu’il y a un D.ieu dans le monde et qu’Il est partout, à l’intérieur de toutes choses et au-delà de toutes choses en même temps.
Ainsi, perdre le Temple ne signifie pas seulement perdre un beau bâtiment. C’est une profonde perte spirituelle. Lors de la célébration dans nos propres Soukkot, nous compensons une partie de cette perte. Nous puisons dans une réalité plus profonde pour avoir un petit avant-goût de ce que nous avons perdu. La célébration est censée nous réveiller, afin que nous ne nous contentions pas de la vie telle qu’elle est, que nous fassions tout notre possible pour réparer ce monde et mériter de voir les temps du Machia’h maintenant !
2. La grandeur de la célébration de Soukkot
— Le Maguid de Mézeritch
Le Talmud nous enseigne que lorsque Hillel l’Ancien venait célébrer au Temple pendant Soukkot, il proclamait : « Si je suis ici, tout le monde est ici. Si je ne suis pas ici, personne n’est ici. »
C’est très étrange. Le Talmud rapporte de nombreuses histoires sur l’extrême humilité de Hillel, décrivant sa patience envers chacun et comment il ne se considérait jamais supérieur ou plus important que les autres. Mais cette déclaration semble tout à fait l’opposé !
Jusqu’à ce que nous prenions en compte un court passage du Talmud de Jérusalem :
Rabbi Yehochoua ben Levi a dit : « Savez-vous pourquoi elle était nommée “La Célébration de la Maison du Puisage de l’Eau” ? Parce que c’est de là qu’ils puisaient l’inspiration divine. »
Rabbi Yona a dit : « Le prophète Yona ben Amitaï était l’un des pèlerins de la fête au Temple. Il est entré dans la Sim’hat Beth Hachoéva et l’esprit divin reposa sur lui. »
De cela, nous comprenons que l’esprit divin ne repose que sur un cœur joyeux. Comme le dit le verset : « Dès que le musicien commença à jouer de la musique, l’esprit de D.ieu reposa sur le prophète. »
Ainsi, Hillel est venu à cette célébration et il a ressenti cet extraordinaire esprit d’inspiration divine. Lorsqu’il déclarait « Si je suis ici, tout le monde est ici », il voulait dire que s’il pouvait le ressentir, certainement tout le monde pouvait le ressentir.
Mais que dire de ses paroles suivantes : « Si je ne suis pas ici, personne n’est ici. » Il ne voulait certainement pas dire que s’il ne pouvait pas le ressentir, personne d’autre ne le pouvait. Ce serait une contradiction avec ce qu’il venait de dire.
Voici donc une solution : considérons la manière dont nous percevons la richesse lorsque celle-ci est relative. Pour une personne qui traite avec des centimes, chaque centime est important. Mais pour une personne qui manipule des billets de cent euros, il n’est pas nécessaire de se soucier des centimes. Néanmoins, pour l’une comme pour l’autre, un joyau précieux et sans défaut rend les centimes et les billets de cent euros tous semblables.
C’est ce que Hillel voulait dire : que l’esprit divin présent était si extraordinaire que tout le monde était également petit en comparaison. À tel point que s’il ne pouvait pas le ressentir, il ne pouvait pas imaginer que quelqu’un d’autre le puisse, car par rapport à cette expérience extraordinaire, les plus petits et les plus grands étaient sur le même plan.
3. Vin, eau et joie
– Rabbi Chnéour Zalman, l’Admour Hazakène
Tout au long de l’année, toutes les offrandes dans le Temple étaient accompagnées de vin. Ce n’est qu’à Soukkot que l’on versait de l’eau sur l’autel, et alors la joie était beaucoup plus grande.
Quel lien existe-t-il entre l’eau et une telle joie ?
La raison en est que le vin apporte sa propre joie, et cela limite la quantité de joie qu’il peut procurer. L’eau n’impose aucune limite.
« Le vin », chante le Psalmiste, « réjouit le cœur de l’homme. » Le vin possède une saveur inhérente, de l’énergie et certaines autres propriétés qui, lorsqu’elles sont utilisées correctement, peuvent rehausser une célébration – certains vins plus que d’autres.
L’eau est élémentaire et insipide. C’est pour cette raison que, sauf en cas de soif, on ne dit pas de bénédiction en buvant de l’eau pure.
Cependant, c’est précisément cette simplicité de l’eau qui lui permet de véhiculer une joie encore plus grande. L’eau en elle-même ne donne à cette joie aucune couleur et ne lui imprime aucune forme. Ainsi, la célébration qui accompagne le versement de l’eau ne connaît aucune limite.
C’est la différence entre les autres fêtes et Soukkot. Durant les autres fêtes, la joie découle principalement de la compréhension qu’on en a. Mais la joie de Soukkot dépasse toute compréhension.
Cela illustre également la différence entre la joie d’accomplir une mitsva qui se limite à notre compréhension de la signification profonde de cette mitsva particulière et la joie d’une mitsva accomplie à partir de la simple connaissance que c’est ce que D.ieu attend de nous. La compréhension est agréable, mais la joie issue de la simplicité est illimitée.
4. Quand personne ne célèbre Soukkot
– Rabbi Dovber, l’Admour HaEmtsahi
« Lorsqu’une personne fait preuve d’une authentique humilité », enseignaient les sages, « D.ieu l’élève. »
Pour quelle raison ? Parce que si quelqu’un possède vraiment cette qualité d’humilité sincère, il peut assumer la grandeur sans en être grisé. David, par exemple, même lorsqu’il était un grand héros et roi d’Israël, dansa et chanta avec l’allégresse d’un homme du peuple lorsque l’Arche Sainte fut amenée à Jérusalem.
Ou prenez Hillel l’Ancien, qui était extrêmement humble. Quand il venait à la Sim’hat Beth Hachoéva (la célébration de Soukkot dans le Temple), il déclarait : « Si je suis ici, tout le monde est ici. Si je ne suis pas ici, personne n’est ici. » Une telle démonstration d’orgueil qui semblerait être aux antipodes de l’extrême humilité de Hillel.
Mais en vérité, c’est tout le contraire. La seule raison qui lui permettait de tenir de tels propos est qu’il était si humble que cela ne l’affectait pas.
Hillel percevait l’intense lumière divine dans cette grande célébration et se sentait insignifiant face à elle. Quelle importance si un « insignifiant » surpassait en intelligence les autres « insignifiants » ? Ils étaient tous encore des « personnes » devant l’immensité de la présence divine qu’ils ressentaient là.
Alors il disait : « Si un “personne” comme moi peut être ici, alors tous ces “personnes” peuvent aussi être ici ! »
Pour tenir de tels propos, il faut véritablement se considérer comme insignifiant.
5. Les invités divins dans notre Soukka
– Rabbi Mena’hem Mendel, le Tsema’h Tsédek
Le Zohar nous révèle que chaque nuit, un groupe de sept Ouchpizine exceptionnels – « invités » en araméen – vient dans notre Soukka, chaque nuit étant présidée par un membre différent du groupe. L’ordre est : Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Aaron, Joseph, David.
Qui sont vraiment les Ouchpizin e ?
Ce sont les attributs avec lesquels D.ieu a créé le monde.
Lors de la création du monde, le premier jour, Il a créé avec la Bonté. Le deuxième jour, Il a créé avec le Jugement. Le troisième, avec la Beauté. Le quatrième jour était la Victoire. Le cinquième était la Splendeur. Le sixième, la Connexion. Et le septième était la Majesté.
Ainsi, chaque dimanche est gouverné par l’attribut de la Bonté. Et le lundi, le Jugement règne. Et ainsi se déroule la semaine, selon cette toute première semaine de la création.
Les Ouchpizine sont des âmes sublimes qui ont amené ces sept modalités divines de la création dans la réalité de ce monde au cours de leur vie. Abraham a incarné la bonté divine dans le monde. Isaac a reflété le jugement divin. Jacob personnifiait la beauté divine. La vie de Moïse incarnait la Victoire. Aaron manifestait la splendeur divine. Joseph connecta le ciel et la terre. Et David était l’incarnation de la majesté divine.
Pendant les trois fêtes, une lumière plus élevée brille à travers chacune de ces modalités, une lumière joyeuse. Mais la lumière la plus élevée et la plus joyeuse est celle qui brille à travers elles pendant Soukkot. C’est comme la joie d’une personne qui retrouve un ami proche perdu depuis longtemps. De même, ces modalités de la création sont réunies avec leur source céleste.
6. Qu’est-ce qui fait de la Soukka un lieu si joyeux ?
– Rabbi Chmouel, le Rabbi Maharach
Quelle est la grande joie de Soukkot ? C’est le genre de joie que vous ressentez lorsque vous rencontrez un ami proche que vous n’avez pas vu depuis des années, et vous courez vers lui pour l’étreindre fortement. Plus longtemps vous avez été séparés, plus l’étreinte est forte, et plus grande est la joie.
Voyez-vous, à Yom Kippour, nous avons fait techouva. Parce qu’il y a peut-être eu un moment dans notre passé où nous avons mis l’énergie de nos âmes saintes dans quelque chose ou dans un endroit où les âmes saintes n’ont pas leur place. Puis nous l’avons regretté, et à Yom Kippour, nous sommes retournés vers D.ieu avec amour, et D.ieu nous a acceptés et nous a tout pardonné. C’est une raison de célébrer.
Mais qu’advient-il de ces choses incorrectes dans lesquelles nous avons pu être impliqués dans le passé ? Elles reviennent aussi. Parce que toute chose a une étincelle de bien en soi, un but pour lequel D.ieu l’a créée. Seulement, certaines choses perdent leur but. C’est comme si leur étincelle s’était éteinte, et qu’elles étaient devenues sombres et laides.
Mais quand nous revenons à D.ieu à Yom Kippour, le bien dans ces choses revient aussi. Et c’est une très grande célébration pour D.ieu. Quand nous revenons, eh bien, Il s’attend à ce que nous revenions. Mais ces étincelles de bonté sont pour Lui comme des amis perdus depuis longtemps dont Il avait perdu espoir de les retrouver. Cela Lui donne une grande joie de voir les œuvres de Sa création revenir à Lui.
Le skhakh de la Soukka est cette étreinte, provoquée par le retour des âmes et des étincelles de bonté. Nous célébrons dans la Soukka, et accomplissons la mitsva du Loulav dans la Soukka, pour faire entrer cette étreinte en nous-mêmes.
7. Le bonheur à l’état brut
– Rabbi Chalom Dov Ber, le Rabbi Rachab
Quel rapport entre l’eau et la joie ? Le vin, nous comprenons. Mais l’eau ?
Mais là est justement l’idée : même l’eau célèbre ici !
Voyez-vous, le vin représente la compréhension. Le vin, dit-on dans les psaumes de David, rend les gens joyeux. Il en va de même pour la compréhension. Quand vous travaillez dur pour comprendre quelque chose, et que vous y arrivez finalement, vous souriez.
Mais vous n’en saisissez jamais la totalité. Le maximum que vous puissiez comprendre n’est que ce qui peut tenir dans un esprit humain. La vérité réelle telle qu’elle est vraiment, elle, reste au-delà de notre portée.
L’eau représente ce genre de vérité. L’eau n’a pas de couleur, pas de forme, aucun moyen de la saisir. L’eau représente la sagesse qui est au-delà de la compréhension.
Mais à Soukkot, dans le Temple, cette sagesse, dans son sens le plus profond et le plus pur, se manifestait ouvertement, accessible à tous. Si la compréhension apporte la joie, imaginez quelle joie cette sagesse apportait lorsqu'elle faisait irruption dans notre monde.
C’est pourquoi tous ceux qui venaient aux célébrations de Soukkot dans le Temple repartaient avec un esprit d’inspiration divine. Ils s’imprégnaient de cette lumière de pure sagesse qui brillait là dans cette célébration.
Et nous devrions faire de même !
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