Le plateau du Séder (en hébreu : « kéara » קְעָרָה) est l’élément central des cérémonies des deux premiers soirs de Pessa’h (le premier soir en Israël). Qu’il soit composé d’un plat d’argent orné ou d’une simple serviette, il accueille les aliments rituels autour desquels s’articule le Séder. Ce sont : la matsa, le zeroa (os), l’œuf, les herbes amères, la pâte de ‘harosset et le légume karpas.

Il est préférable de préparer tous les aliments du Séder avant le début de la fête, afin d’éviter les complications halakhiques.

Chaque aliment symbolique sur le plateau du Séder regorge de significations et d’allusions. Vous trouverez ici la description de chacun des aliments, la raison de son inclusion, la méthode de préparation et son rôle dans le repas du Séder.

Matsa

Illustration par Yitzchok Schmukler
Illustration par Yitzchok Schmukler

Trois matsot sont placées l’une sur l’autre sur une assiette ou une serviette, puis recouvertes. (Certains ont également l’usage de séparer les matsot les unes des autres à l’aide d’assiettes intercalées, de serviettes ou d’autres séparateurs.)

Nous avons trois matsot, afin de pouvoir en rompre une (comme le ferait un esclave), tout en conservant deux matsot entières sur lesquelles réciter la bénédiction Hamotsi (comme requis pendant Chabbat et les jours de fête). Les matsot symbolisent les trois groupes de Juifs : les Cohanim (Prêtres), les Léviim (Lévites) et les Israélites. Elles commémorent également les trois mesures de farine fine qu’Abraham a demandé à Sarah de cuire en matsa lorsqu’ils ont reçu la visite des trois anges (Genèse 18, 6).

L’idéal est d’utiliser de la matsa chemoura faite à la main, qui a été scrupuleusement préservée de toute humidité depuis le moment même de la moisson du blé. Vous pouvez vous procurer de la matsa chemoura auprès de votre communauté.

Sur un tissu ou une assiette, disposé au-dessus des trois matsot, nous plaçons les éléments suivants :

Zeroa (Os)

Un morceau de viande rôtie représente l’agneau qui fut le sacrifice pascal offert la veille de la Sortie d’Égypte, et annuellement l’après-midi précédant Pessa’h dans le Temple.

Certains utilisent un jarret avant d’agneau. Appelé zeroa, il évoque le verset qui proclame : « Je vous délivrerai avec un bras étendu (zeroa) ».

Afin de ne pas donner l’impression de reproduire le sacrifice pascal en l’absence du Temple, d’autres prennent soin d’utiliser quelque chose qui est relativement différent du sacrifice réel. Ainsi, de nombreuses communautés ont pour usage d’utiliser un cou de poulet rôti ou un élément semblable.

Préparation : Faire rôtir le cou de poulet sur toutes ses faces à la flamme directe sur la cuisinière. Ensuite, certains ont la coutume d’enlever la majorité de la viande du cou (mais pas toute).

Rôle dans le Séder : Le zeroa n’est pas mangé pendant le Séder. Après le repas, il peut être réfrigéré et réutilisé sur le plateau du Séder la nuit suivante.

Beitsa (Œuf)

Un œuf dur est placé en symbole de l’offrande festive (‘haguiga) qui était présentée avant la fête à l’époque du Temple. La chair de cet animal constituait l’élément principal du repas festif de Pessa’h. Le mot araméen pour « œuf » est bé’a, qui s’apparente au mot araméen désignant le « désir », exprimant ainsi que c’était la nuit où D.ieu a désiré nous délivrer.

Préparation : Faire bouillir un œuf par plateau de Séder, et éventuellement plus pour une utilisation pendant le repas.

Rôle dans le Séder : Placer un œuf sur le plateau. Dès que le repas proprement dit est sur le point de commencer, retirez l’œuf du plateau du Séder pour le consommer pendant le repas.

Une coutume populaire consiste à manger ces œufs avec l’eau salée qui a été mise sur la table.

Maror et ‘Hazéret (Herbes amères)

Les herbes amères (maror) nous rappellent l’amertume de l’esclavage de nos ancêtres en Égypte. Le raifort frais râpé et la laitue romaine (ou les endives) sont les options les plus répandues.

Les feuilles de laitue romaine ne sont pas amères ; la tige, en revanche, lorsqu’on la laisse pousser dans le sol, devient dure et amère. Il en fut de même avec notre asservissement en Égypte : initialement, l’approche insidieuse de Pharaon se présentait sous des dehors affables et raisonnables, et le travail s’effectuait sur une base volontaire, voire rémunérée. Progressivement, cela s’est transformé en travail forcé et cruel.

Préparation : Peler les racines de raifort crues, les rincer et bien les sécher.

Ensuite, râper le raifort avec une râpe à main ou un robot culinaire. (Cela doit être fait avant le début de la fête.) La personne qui râpe le raifort risque d’être saisie de larmoiements abondants ou d’une forte toux. Se couvrir la bouche et le nez à l’aide d’un linge peut atténuer ces désagréments. Aucune betterave ou autre condiment ne doit être ajouté au raifort.

La laitue romaine peut parfois être très sableuse. Laver chacune des feuilles séparément, en vérifiant très soigneusement l’absence d’insectes. Veiller à ce qu’elles ne restent pas immergées pendant une période de 24 heures. (Ceux qui observent strictement la coutume de ne pas consommer de matsa qui aurait été en contact avec de l’humidité devraient tamponner délicatement la laitue avec une serviette et la laisser sécher entièrement, afin d’éviter tout transfert d’humidité vers la matsa.)

Selon la quantité de laitue romaine nécessaire, la préparation peut prendre plusieurs heures. Cette tâche doit être terminée avant l’heure d’allumage des bougies le premier soir. Préparer suffisamment de feuilles pour les deux nuits, et les conserver au réfrigérateur.

La laitue romaine est préférable au raifort, et beaucoup ont la coutume d’utiliser les deux ensemble. Placer quelques feuilles nettoyées et séchées de laitue romaine sur le plateau du Séder, surmontées du raifort. Comme cela sera utilisé deux fois, cela occupe de fait deux places sur le plateau du Séder. Le tas supérieur (au centre du plateau) est appelé maror (herbes amères), tandis que celui qui se trouve en dessous est appelé ‘hazéret (laitue).

Rôle dans le Séder : Après la récitation de la majeure partie de la Haggadah vient le lavage rituel des mains. Ensuite, on consomme de la matsa, puis du maror (prélevé dans le tas de « maror »), suivi d’un sandwich composé de matsa et de maror (cette fois-ci prélevé dans le tas de « ‘hazéret »).

‘Harosset (Pâte)

Un mélange de pommes, de poires, de noix et de vin, qui ressemble au mortier et à la brique fabriqués par les Juifs lorsqu’ils travaillaient pour le compte de Pharaon.

Préparation : Décortiquer les noix et peler les pommes et les poires, puis les hacher finement. Mélanger l’ensemble et incorporer une petite quantité de vin.

Rôle dans le Séder : Ce mélange sert de condiment dans lequel le maror est trempé (puis légèrement secoué pour en retirer l’excédent) avant d’être consommé.

Karpas (Légume)

L’usage du persil, dénommé karpas en hébreu, est largement répandu. Ce légume évoque le labeur exténuant des Juifs réduits en esclavage, car les lettres hébraïques de karpas peuvent être réarrangées pour former le mot parekh associé à la lettre samekh. Parekh signifie travail écrasant, et samekh a pour valeur numérique 60, se référant à 60 myriades, soit 600 000, qui était le nombre d’hommes juifs de plus de 20 ans qui étaient asservis en Égypte.

Préparation : Préparez le légume de votre choix : un oignon ou une pomme de terre (bouillie) selon les nombreuses traditions d’Europe de l’Est. Découpez-en une tranche et disposez-la sur le plateau du Séder. Sur la table, à côté du plateau du Séder, placez un petit bol d’eau salée.

Rôle dans le Séder : Après la récitation du kiddouch, les convives se rendent à l’évier pour procéder à l’ablution rituelle des mains, mais sans prononcer la bénédiction habituelle.

Chaque convive prend alors un très petit morceau du légume et le trempe dans l’eau salée. Après que la bénédiction appropriée (boré peri haadama) est dite, le karpas est mangé. Il convient de s’assurer que chaque personne consomme une quantité inférieure à 17 grammes.

Votre plateau de Séder terminé :