C’est un simple objet matériel et, pourtant, il est porteur de forces et d’idées qu’aucune pensée humaine ne peut appréhender : deux petites boîtes cubiques de cuir noir, chacune attachée à des lanières également de cuir noir. L’une et l’autre de ces boîtes contiennent des parchemins qui portent manuscrits des passages du « Chema Israël ». Le tout se met, chaque jour de semaine, sur le bras et la tête et tous les hommes, à partir de l’âge de la Bar Mitsva, ont le devoir d’accomplir cet acte après avoir dit la bénédiction correspondante et en récitant, au minimum, les deux premières phrases du Chema. Ce sont les Téfiline. Ainsi décrit, il pourrait sembler que nous rencontrons ici un rite parmi les autres, un de ces commandements qui caractérisent le judaïsme, pétri à la fois de gestes concrets et de spiritualité essentielle, toute une grandeur en action. Il y a pourtant quelque chose de plus.

Souvenons-nous. Les Sages enseignent que le verset « ils verront que le Nom de D.ieu est appelé sur toi et ils te craindront » fait spécifiquement référence au Téfiline que l’on met sur la tête. Quant aux « ils » évoqués dans la phrase, il n’est sans doute pas nécessaire de les désigner plus précisément ; ceux avec qui seule une relation d’opposition est en place ont malheureusement été nombreux dans notre longue histoire et il en existe encore aujourd’hui. Pourtant, la mise des Téfiline est présentée comme ayant une valeur particulière dans un tel cadre, comme si elle avait le pouvoir de protéger celui qui les porte et, par voie de conséquence, tous les autres. Il en est bien ainsi. Mais, ne nous méprenons pas : il ne s’agit pas d’une sorte de pratique magique. C’est le lien infini avec D.ieu qui est en cause.

De fait, rien ne saurait mieux l’exprimer. Attachant le Téfiline sur le bras, en face du cœur, sur la tête puis sur la main, c’est nos émotions, nos pensées et nos actions que nous lions à D.ieu. Dès lors, plus rien ne peut être identique. Ce n’est pas par hasard que, en 1967, à l’époque de la guerre des 6 jours, le Rabbi insista sur l’importance de ce commandement et lança alors une véritable campagne qui, depuis lors, ne s’est pas arrêtée. Voici donc un acte, si facile à accomplir, qui recèle tant de puissance…

Aujourd’hui, il appartient à chacun de s’en saisir. Pour lui-même, sa famille et ses proches certes, mais aussi pour tout le peuple juif, où qu’il se trouve. Ce secret de puissance et d’unité, D.ieu nous l’a confié, sachons en être digne et l’assumer quotidiennement. Comme un chemin de Délivrance.