Quand j’étais petite, la Shoah était au cœur de mon identité juive. Je dévorais le journal d’Anne Frank, et mon jeu préféré consistait à prétendre que je ne pouvais pas faire de bruit pendant la journée et que nous devions attendre le soir pour tirer la chasse d’eau.
En grandissant, comme beaucoup de familles juives américaines, la mienne assistait aux offices réformés pour Roch Hachana et Yom Kippour. Je connaissais également un peu ce que je considérais comme les « fêtes de la persécution » : ‘Hanouka, Pourim et Pessa’h, comme dans la célèbre blague : « Ils ont essayé de nous tuer, nous avons survécu, mangeons ! »
Je n’avais jamais exploré un concept plus profond de ce que cela signifiait d’être juif. Tout ce que je savais, c’était que les Juifs étaient constamment persécutés.
Dans la vingtaine, j’ai appris davantage sur la Torah et commencé à respecter les mitsvot.
Le 7 octobre 2023, je chantais et célébrais Sim’hat Torah dans ma synagogue en Israël. Puis les sirènes ont retenti. À ce moment-là, nous sommes arrivés au verset que nous disons lors des fêtes : « Je ne mourrai pas, mais je vivrai, et je raconterai les œuvres de D.ieu. »1
Chabbat a pris fin, la nuit est arrivée, et avec elle les horribles nouvelles.
Soudainement, ‘Hanouka, Pourim et Pessa’h ont pris vie. Ces « fêtes de la persécution » planaient devant nos yeux. Nous vivions notre propre version.
En quoi le 7 octobre était-il similaire à ces fêtes ? Permettez-moi de compter les façons.
À l’époque de ‘Hanouka, les généraux grecs enlevaient les mariées juives la nuit précédant leur mariage.
À Pourim, le roi, sur les conseils d’Haman, a ordonné « ... de détruire, de tuer et d’exterminer tous les Juifs, jeunes et vieux, enfants et femmes, en une seule journée... »
Et dans la Haggadah de Pessa’h, il est écrit : « Dans chaque génération, ils se lèvent contre nous pour nous détruire... »
Il y eut l’Égypte, Babel, la Perse, la Grèce, Rome, les Croisades, l’Inquisition, Khmelnitski, Kichinev, Auschwitz, et maintenant Sim’hat Torah 2023.
Et pourtant, être juif ne se résume pas à être persécuté.
Nous vivrons, dit le verset. Et vivre signifie vivre avec une conscience de D.ieu.
Les fêtes que je ne connaissais pas étant enfant – Chavouot, Soukkot, Chemini Atséret et Sim’hat Torah – sont toutes axées sur la vie.
À Chavouot, nous revivons le moment le plus important de l’histoire humaine : le Don de la Torah, avec plus de 600 000 hommes, femmes et enfants comme témoins. La Torah nous enseigne comment vivre et comment établir la relation ultime avec notre Créateur.
Soukkot célèbre l’énergie spirituelle que nous ressentons après que nos manquements ont été pardonnés à Yom Kippour. Nous habitons dans la soukka, une cabane fragile, pendant sept jours. Nous prenons une semaine de vacances du matérialisme, de notre résidence permanente et de tout ce qu’elle implique.
À Chemini Atséret, tous les accessoires sont enlevés : pas de soukka, pas de matsa, pas de ménorah, juste une rencontre intime avec le Divin.
Sim’hat Torah est la célébration du cycle annuel de lecture de la Torah. Nous dansons avec les rouleaux sacrés, célébrant le fait que nous avons une carte, un plan de vie.
En fait, même les fêtes qui commémorent notre salut de la persécution sont bien plus que cela. Elles aussi sont des occasions de se connecter avec le Tout-Puissant. Après tout, D.ieu nous a sortis du pays d’Égypte « pour être Mon peuple ». Ces fêtes sont également destinées à nous amener à la conscience de D.ieu, afin que nous puissions vivre en proximité avec notre Créateur.
En effet, être juif ne se résume pas à être persécuté.
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