Comment percevez-vous l’humanité ? Les gens naissent-ils intrinsèquement bons ou fondamentalement mauvais ? Avons-nous une nature essentiellement bonne corrompue par la société, ou une nature fondamentalement mauvaise contenue par la société ?

C’est une question fondamentale qui a été débattue sans fin.

Une étude menée par le magazine Scientific American a testé les réactions des gens basées sur deux mécanismes : l’intuition ou la réflexion. « L’intuition est automatique et sans effort, menant à des actions qui se produisent sans que l’on ait conscience des raisons qui les motivent. La réflexion, en revanche, est une pensée consciente qui identifie les comportements possibles, compare les coûts et les bénéfices, et décide rationnellement d’une ligne de conduite. »

Sur la base de ces réactions, l’étude a suggéré que la première impulsion intuitive des gens était de coopérer ; ce n’est qu’après une réflexion plus approfondie qu’ils choisissaient d’être plus égoïstes. Le test a conclu que les gens sont instinctivement prêts à donner pour le bien du groupe, même à leurs propres dépens.

Mais cela signifie-t-il que nous sommes naturellement coopératifs ou que cela est devenu instinctif parce que la coopération est récompensée par la société ?

Les chercheurs de l’Université de Yale ont mené des expériences sur des bébés, sur qui l’influence culturelle est minimale. Basant leur étude sur le fait que les bébés tendront la main vers ce qu’ils veulent ou aiment – et regarderont plus longtemps les choses qui les surprennent –, leurs résultats ont suggéré que même les plus jeunes humains ont un instinct pour préférer le bien au mal, et préférer les motivations amicales et utiles aux intentions malveillantes.

Mais si nous naissons bons, pourquoi les parents doivent-ils consacrer des efforts considérables pour élever des enfants afin qu’ils deviennent de bons adultes ? Pourquoi n’exprimons-nous pas naturellement de la gratitude et devons-nous au contraire l’apprendre ? Pourquoi chaque civilisation nécessite-t-elle tant de lois et de sanctions pour contrôler le comportement humain ? Et pourquoi tant de mal a-t-il été perpétré par l’humanité au cours des siècles ?

Be’houkotaï commence par le verset : « Si vous marchez selon Mes statuts » (Lévitique 26,3).

Le Talmud explique que le mot « si » doit être compris comme une supplique de la part de D.ieu : « Si seulement vous suiviez Mes statuts... »

Mais le mot ‘hok (« statut » ou « décret ») signifie littéralement « gravé ».

Un rabbin remarqua un jour : « Chaque Juif est une lettre dans la Torah. Mais une lettre peut devenir quelque peu effacée. C’est notre devoir sacré de restaurer ces lettres effacées et de rendre la Torah de D.ieu entière à nouveau. »

Rabbi Yossef Its’hak de Loubavitch objecta : « Non, l’identité du Juif ne peut pas être comparée à de l’encre effaçable sur du parchemin. Chaque Juif est en effet une lettre dans la Torah de D.ieu, mais une lettre gravée dans la pierre. Parfois, la poussière et la saleté peuvent s’accumuler et déformer — ou même complètement dissimuler — la véritable forme de la lettre ; mais en dessous, la lettre reste intacte. Nous n’avons qu’à balayer la crasse de la surface, et la lettre, dans toute sa perfection et sa beauté, apparaîtra. »

La personne, tout comme la lettre dans sa véritable forme, est entière.