Ce qui suit est un extrait librement traduit d’une lettre du Rabbi adressée à une jeune femme. Celle-ci lui avait posé plusieurs questions sur la foi et la religion, débutant sa lettre par la déclaration : « Je ne crois pas en D.ieu, n’ayant trouvé aucune preuve convaincante de son existence. » Dans sa réponse, le Rabbi discute longuement de la nécessité logique et morale de croire en D.ieu et répond à ses questions, qui incluaient la protestation : « Où était D.ieu pendant la Shoah ? » Il ajoute ensuite :

Par la Grâce de D.ieu
14 Iyar, 5723
[8 mai 1963]
Brooklyn, N.Y.

Salutations et bénédictions !

[...] J’ai écrit tout ce qui précède en réponse à votre lettre. En vérité, cependant, non seulement je ne vous crois pas lorsque vous dites que vous ne croyez pas en D.ieu (à D.ieu ne plaise), mais il est également évident pour moi que vous-même ne le croyez pas.

Ma preuve en est que chaque fois que vous êtes témoin d’une injustice dans votre entourage, ou lorsque vous pensez à la Shoah perpétrée par Hitler (que son nom soit effacé), comme vous le mentionnez dans votre lettre, vous êtes outrée. Mais si le monde était effectivement dépourvu d’un Maître et Planificateur, pourquoi serait-il surprenant que surviennent des injustices, et que le plus fort dévore littéralement son semblable ?

Ceci s’applique non seulement à des événements de l’ampleur de la Shoah, mais aussi au déroulement habituel de nos vies quotidiennes, où chaque fois que nous sommes témoins de mal ou d’injustice, notre sérénité est perturbée, car nous sommes convaincus que les choses ne devraient pas être ainsi. Mais pourquoi ne le devraient-elles pas ? La substance physique de l’univers n’est pas morale, et il en va de même pour les plantes et les animaux [...] Il est évident que notre indignation face à l’injustice provient de quelque chose qui dépasse la réalité physique – quelque chose de supérieur, même, à l’humanité elle-même. Ce « quelque chose » existe dans chaque cœur humain et est la source de la conviction, partagée par chaque être humain, qu’il y a le bien et le mal, et que le monde devrait être conforme au bien. Ainsi, lorsque nous sommes témoins d’un tort, nous cherchons immédiatement une explication : Pourquoi en est-il ainsi ? Qu’est-ce qui a causé que quelque chose soit autrement que ce qu’il devrait être ?