Michal Oshman donnait l’impression d’être une femme comblée et sans peur. Cadre supérieure à Londres en leadership et développement pour certaines des plus grandes entreprises de réseaux sociaux du monde, cette mère de quatre enfants, originaire de Tel-Aviv et heureusement mariée, disait posséder tout ce qu’elle désirait. Tout, sauf le bonheur et la sérénité d’esprit.

Confrontée quotidiennement à une anxiété paralysante, Michal a exploré toutes les voies possibles pour retrouver son bien-être : des années de psychothérapie, de yoga, de méditation, d’exercice physique, de traitements anti-âge. Elle a tout essayé.

Mais rien n’a porté ses fruits jusqu’à ce qu’elle soit doucement encouragée en 2013 à suivre un cours de Tanya, l’œuvre fondatrice de la philosophie ‘hassidique ‘Habad de l’Admour Hazakène, Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, le fondateur de ‘Habad. Parallèlement, elle a commencé à étudier les enseignements, les conseils et l’exemple du Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, de mémoire bénie.

Son exploration continue lui a révélé comment mener une vie juive pleine de sens et de joie, et l’a inspirée à écrire son propre livre à succès en 2021, intitulé : « What Would You Do If You Weren’t Afraid? » (« Que feriez-vous si vous n’aviez pas peur ? »).

Une version en hébreu a été publiée en Israël par Yediot Aharonot juste quelques semaines avant le 7 octobre. Michal, ancienne officière dans les Forces de Défense Israéliennes, mentionne que l’un de ses objectifs principaux est désormais de partager son évolution spirituelle et sa perspective juive avec le public israélien non pratiquant, cherchant des moyens d’intégrer des idées ‘hassidiques spirituelles et pratiques dans la vie familiale, professionnelle et communautaire.

« Je pense aux amis qui ont servi avec moi dans l’armée. Je souhaite que tous les membres de mon unité le lisent », confie Michal Oshman à Chabad.org. « Je désire également partager ce que j’ai appris avec mes amis avec qui j’ai grandi dans le contexte très peu pratiquant de Tel-Aviv. » Consciente de tous les conflits internes qui se déroulaient en Israël avant le 7 octobre, et de tout ce qui s’est passé depuis, elle ajoute : « Je veux offrir à ces femmes l’opportunité de s’épanouir à travers un livre inspiré par le Tanya et les enseignements du Rabbi ».

Elle vient de partager ses expériences avec un public encore plus large. Dimanche soir 4 février 2024, Michal a raconté son parcours spirituel transformateur à plus de 4 000 femmes et invitées du monde entier lors du banquet de gala de la Conférence Internationale des Émissaires Féminines de ‘Habad-Loubavitch (Kinous HaChlou’hot). Son intervention a été diffusée à des centaines de milliers de personnes dans le monde entier via la webdiffusion sur Chabad.org, où elle reste accessible pour visionnage après le banquet.

Son parcours a commencé en étant marqué par le deuil

Michal attribue beaucoup de ses peurs à une enfance imprégnée de mort et de deuil. Issue d’une famille aisée de Tel-Aviv, elle a grandi dans une identité juive « forte et naturelle », mais peu de discussions sur D.ieu, la Torah ou les mitsvot. Son père était un médecin légiste renommé, souvent occupé par les tragiques conséquences du crime, de la guerre et du terrorisme. Sa grand-mère, une survivante de la Shoah habitant Ramat Gan, près de chez elle, vivait dans la crainte constante que les nazis reviennent la chercher. Michal elle-même eut un cauchemar récurrent jusqu’à son adolescence, imaginant que les nazis volaient jusqu’à sa maison sur un aigle et l’emmenaient en Allemagne.

Ses peurs l’ont suivie à l’université, dans les FDI, et dans une carrière et un mariage réussis. En 2013, à l’âge de 38 ans, Michal Oshman habitait dans le nord de Londres quand un matin de Chabbat, elle vit une famille juive qui se rendait à la synagogue. « La paix et la tranquillité qu’ils dégageaient m’ont impressionnée », dit-elle. Peu de temps après, elle souffrit d’un épisode dépressif et cherchait sur Google des articles sur « Dépression, Anxiété et Peur », et a ajouta à sa recherche « Joie et Judaïsme ». Elle découvrit un article sur le Dr Kate Loewenthal, une Londonienne et érudite ‘hassidique, professeure de psychologie à l’Université de Londres étudiant la relation entre l’anxiété, la dépression et la foi. Michal prit contact avec elle.

Les deux femmes ont réalisé qu’elles habitaient à seulement trente minutes de distance l’une de l’autre, et Dr Kate Lowenthal insista pour qu’elles se rencontrent pour prendre un café. Michal lui confia sa lutte contre l’anxiété, et Kate lui parla d’une rencontre qu’elle avait eue avec le Rabbi.

Kate a raconté à Michal que des décennies plus tôt, elle avait beaucoup de succès dans sa carrière académique, mais voulait se concentrer à la place sur sa famille grandissante. Elle s’était rendue à New York pour demander au Rabbi une bénédiction pour abandonner sa carrière académique en psychologie afin de se consacrer à avoir et élever plus d’enfants. La réponse du Rabbi fut la suggestion qu’elle pouvait faire les deux.

« Bien que nous avions des dilemmes différents, la voie à suivre était soudainement claire », dit Michal. « Dr Lowenthal avait un dilemme, moi j’avais le désespoir. Et il y avait cette sagesse qui nous permettrait de trouver quelque chose en nous que nous n’avions pas encore découvert. »

À la fin de leur café ensemble, Kate persuada gentiment Michal d’assister à un cours sur un livre qui changerait sa vie.

Ce livre était le Tanya, l’œuvre fondatrice de la philosophie ‘hassidique ‘Habad par Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, le fondateur de ‘Habad. Le rabbin qui donnait le cours, Rav Mendel Gordon, parlait de la néchama, l’âme, et de la douleur et de la tristesse. « Ses mots résonnaient en moi, et j’ai commencé à pleurer, dit Michal. Il affirmait le fait que j’avais une âme. C’est quelque chose que j’avais toujours ressenti, mais on m’avait appris dans mon enfance que ce n’était pas vrai. »

Michal Oshman dit que les enseignements du Rabbi ont progressivement enrichi sa propre vie de nombreuses manières. « J’ai d’abord appris à connaître le Rabbi à travers des histoires que les gens me racontaient à son sujet. À l’époque, je n’avais aucun lien avec le judaïsme et je ne savais même pas qu’il existait quelque chose comme le ‘hassidisme, la spiritualité juive ou la psychologie juive. »

Michal dit qu’elle a été particulièrement impressionnée par les enseignements du Rabbi sur le « rôle crucial que les femmes jouent dans tous les domaines de la vie ». Elle dit que la vision du Rabbi est « valorisante et encourageante pour toutes les femmes ». Elle était étonnée de voir comment le Rabbi pouvait « prendre une idée spirituelle et sainte de la Torah et la ramener à la pratique quotidienne dans la vie de quelqu’un comme moi, sans en diminuer la sainteté et la profondeur. »

Dès le début, plusieurs femmes l’ont encouragée à visiter le Ohel, le lieu de repos du Rabbi dans le Queens à New-York, et elle décrit sa première visite comme « l’une des expériences les plus marquantes que j'ai vécues ».

« Comme c’était la première fois, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. » Quand elle est arrivée, elle a senti qu’elle n’était pas habillée correctement, mais elle a vu que « cela n’importait à personne car là-bas, personne ne jugeait qui que ce soit ».

Peu après son arrivée, une idée lui est venue à l’esprit. « Je me suis mise à penser à l’idée de pratiquer le Chabbat. »

« Jamais de ma vie je n’avais vu ma mère allumer des bougies. Mon père ne faisait jamais le kiddouch, sauf à Pessa’h. De plus, j’étais déjà mariée depuis de nombreuses années et j’avais trois enfants à l’époque, et je n’avais aucune idée de comment je pourrais le faire. »

Il est d’usage au Ohel d’écrire une lettre pour demander des bénédictions d’en haut. « Ma plus grande demande était d’avoir de l’aide pour observer le Chabbat, dit Michal Oshman. Du style : donnez-moi la capacité, la foi, la croyance en moi pour commencer à observer le Chabbat. »

Au moment où elle quitta le Ohel, « J’ai pris conscience que je pouvais y arriver – et c’est ce qui s’est produit. »

« Ce fut une visite très précoce dans mon parcours juif, dit Michal. Ce fut une expérience très marquante », mais, dit-elle, ce fut aussi un processus progressif.

« Lorsque j’ai allumé les bougies de Chabbat pour la première fois, j’ai été déçue de ne pas ressentir quelque chose de plus spécial, mais les sentiments ne se produisent pas juste comme ça. J’ai finalement établi un lien avec les bougies de Chabbat après avoir appris dans la ‘Hassidout la signification des bougies et de la lumière. L’important est de retrousser ses manches et de faire ce que l’on décide de faire de manière consistante. »

Michal espère pouvoir faire une réelle différence dans la vie des gens, surtout ceux qui semblent avoir tout extérieurement, mais qui aspirent à une vie qui ait plus de profondeur et de sens.

Depuis la publication de son livre, elle fait le tour du monde, partageant ses expériences personnelles en tant que femme juive fière dans des entreprises de premier plan comme TikTok et Meta.

« Tout le monde peut intégrer des idées ‘hassidiques dans sa vie familiale, professionnelle et communautaire », dit Michal Oshman. La manière de le faire dépend de l’individu – que ce soit en étudiant le Tanya, en étudiant les enseignements de Torah du Rabbi et les conseils qu’il a donnés à travers des lettres et des rencontres personnelles, en lisant des livres sur sa vie et sa sagesse, en se rendant au Ohel, ou en envoyant des lettres au Ohel pour demander des bénédictions d’en haut.

« Chacun fonctionne différemment, donc apprenez de la manière qui vous convient le mieux. Je reste éveillée jusqu’au milieu de la nuit avec des livres, d’autres personnes étudient en ligne avec Chabad.org. Pour d’autres, les cours en personne sont ce qui marche le mieux. »

Mais ce qui est le plus important, dit-elle, est de se connecter et de partager ce que vous avez avec les autres.

« Au commencement de ce voyage spirituel, j’ai envoyé spontanément un e-mail au Dr Kate Lowenthal, a dit Michal. Elle a répondu immédiatement. Elle a dit : “Je veux vous rencontrer”, et nous nous sommes rencontrées pour prendre un café, ce qui a mené à un cours de Tanya, qui a mené à l’écriture de “Que feriez-vous si vous n’aviez pas peur ?” »

« Grâce à l’effort de Kate Lowenthal pour se connecter avec une autre femme juive, me voici en train de parler de ce livre à des milliers de femmes juives. »