Pendant chacune de mes grossesses, mon mari et moi avons discuté des noms possibles pour notre futur bébé. Nous avons consulté des listes de noms de filles et de garçons, et avons évoqué des noms de parents décédés.

Malgré nos nombreuses heures de délibérations, nous n’avons donné à aucun de nos enfants le nom que nous avions choisi au départ. À la naissance de chaque enfant, nous avons regardé profondément les yeux du nouveau-né et nous avons su quel serait son nom.

Les parents ont une forme de prophétie divine lorsqu’ils donnent un nom à leurs enfants. Le nom est intrinsèquement lié à l’essence de l’âme de l’individu et constitue le canal par lequel s’écoule sa force vitale spirituelle. C’est pourquoi, pour réveiller quelqu’un d’un sommeil profond ou même d’un évanouissement, il faut l’appeler par son nom. Pour obtenir toute l’attention ou l’affection d’une personne, il faut s’adresser à elle par son nom.

Il y a une génération de cela, les nazis ont déshumanisé notre peuple en supprimant nos noms et en nous traitant comme des numéros. En nous privant de nos noms, ils ont tenté de nous priver de notre humanité.

Les noms occupent une place importante dans la lecture de la Torah de cette semaine, qui s’appelle Chemot, « Noms », et qui est également le titre de tout le livre de l’Exode.

La lecture commence par l’appel des noms par D.ieu : Voici les noms des enfants d’Israël qui sont venus en Égypte... (Exode 1,1-2).

D.ieu énonce à nouveau les tribus, pour exprimer Son amour pour elles, en appelant chacune d’elles par son nom. (Rachi)

Le Midrash (Chemot Rabbah 1:28) en déduit que les Juifs d’Égypte n’ont pas changé leurs noms juifs.

Même s’ils se sont assimilés à la culture égyptienne, les Juifs sont restés fidèles à leurs noms, à leur langue et à leur habillement. Cette fermeté allait devenir leur arme dans leur combat spirituel pour préserver leur identité unique en tant que peuple juif.

Lorsque Batya, la fille de Pharaon, alla se baigner dans le Nil, elle remarqua un panier flottant et comprit que le bébé qu’il contenait devait être un enfant des esclaves hébreux.

Le nom de Batya signifie « fille de D.ieu ». Bien qu’elle fût la fille du Pharaon qui terrorisa, asservit et assassina les Juifs, Batya agit comme une fille de D.ieu en risquant sa vie pour sauver Moïse.

Batya donna à ce bébé hébreu le nom de Moïse. Bien que Moïse ait eu sept noms différents, le nom par lequel la Torah l’appelle et le nom par lequel D.ieu s’adresse à lui est le nom donné par Batya, en raison de son acte désintéressé.

C’est peut-être là le message de cette lecture et de l’ensemble du livre de Chemot.

Pour vivre notre propre Sortie d’Égypte, nous devons considérer chaque personne comme quelqu’un ayant ses propres difficultés et épreuves.

Pour préserver notre humanité et voir l’humanité des autres, nous devons les considérer comme un nom, comme étant chacun une personne ayant une histoire unique et un destin unique.

Quel est votre nom hébreu ? En quoi est-il lié à votre mission et à votre individualité ?