Nombreux sont ceux qui peuvent témoigner que, quand ils ont besoin d’aide, le Rabbi est toujours là pour les guider et les bénir dans tout ce dont ils ont besoin, même plus de douze ans après la date fatidique du 3 Tamouz 1994... Le Rabbi n’abandonne pas ceux qui ont confiance en lui et, en particulier, ses « Chlou’him », les émissaires qu’il a envoyés aux quatre coins du monde afin d’amener chaque Juif à réaliser son identité juive.

Rav Yossi Marozov est un de ces émissaires, basé à Cleveland (Ohio). Plus particulièrement, il s’occupe du Friendship Circle – le « Cercle de l’Amitié » –, une association caritative originale. De fait, les médias ont largement parlé de cette organisation qui regroupe des adolescents – particulièrement en Amérique du Nord – qui les forme et qui les envoie passer une ou deux heures par semaine dans une famille bien particulière, une famille dont l’un des enfants est handicapé. Quel que soit le handicap, ces familles sont heureuses que leur enfant soit pris en charge quelques heures par des jeunes de quatorze à dix-huit ans qui jouent, chantent et même étudient avec eux. Plus de quatre mille adolescents se proposent ainsi pour suivre une formation psychopédagogique qui leur permet de mieux aider leurs protégés. Tous les dimanches et parfois pendant les vacances, ils se rendent dans les familles pour soulager les parents mais surtout pour jouer avec leurs amis et leur prodiguer beaucoup de soins et d’amour.

En plus de l’avantage évident que ressentent les enfants handicapés et leurs parents, les jeunes volontaires qui se prêtent à cette expérience en retirent une certaine maturité et un sens des valeurs juives essentielles : l’amitié, l’envie de donner ainsi que l’importance de la prière, de l’étude, du chant et des histoires.

De temps en temps, ces jeunes bénévoles se rassemblent durant plusieurs jours afin d’améliorer leur relation avec les enfants et devenir encore plus performants.

« Cela fait déjà quelques années que notre organisation recherche un bâtiment dans lequel concentrer nos activités qui ne cessent de s’étendre. Il y a deux ans, une occasion rêvée s’est présentée : en effet une organisation juive active depuis cent trois ans s’acharnait à préserver la culture et la langue yiddish et leur local abritait également des artistes et des écrivains.

Par chance, j’entretiens de très bonnes relations avec le président de cette association. Un jour, il m’informa qu’il avait été décidé de vendre le bâtiment qui abritait ses activités. Je connaissais bien cette bâtisse et je savais qu’elle correspondait exactement à ce que je recherchais pour mes jeunes du Cercle de l’Amitié.

De plus, il était très bien situé. Bref, l’endroit idéal. « Tu sais que je t’aime bien, me dit le président. Et je fournirai tous les efforts possibles pour que tu puisses acquérir ce bâtiment à un prix raisonnable ! » Effectivement, il m’indiqua un prix bien inférieur à celui que j’avais prévu.

L’étape suivante était d’obtenir l’accord de tous les membres du conseil d’administration. D’autres organisations avaient proposé des offres de rachat en faisant jouer leurs relations mais finalement, à ma grande satisfaction, le Conseil décida à l’unanimité de me vendre le bâtiment.

Unanimité… Enfin presque…

Comme je l’ai signalé, les membres de cette association étaient loin d’apprécier – c’est un euphémisme – notre orientation ‘hassidique. C’était grâce à ma très bonne relation avec le président et donc grâce à son lobbying en ma faveur que l’affaire avait abouti. Cependant, deux membres actifs de cette association – un couple de retraités – n’avaient pas admis cette décision. Et, de fait, ils tentèrent par tous les moyens de faire stopper « la catastrophe » et, jusqu’au dernier moment, ils cherchèrent à persuader leurs collègues de ne pas céder le local à un mouvement si opposé à leur philosophie, à leur vision du progrès et du modernisme.

Mais comme l’affaire fut conclue malgré leurs efforts, ils quittèrent la réunion en claquant la porte. Ils avaient même transmis une lettre de démission, ne pouvant supporter que leur association bien aimée se soit ainsi suicidée, selon leur conception du monde. C’est donc grâce à leur démission que l’unanimité s’était faite au sein du conseil d’administration afin d’attribuer ce bâtiment à Loubavitch.

Bien que leur opposition n’ait pas eu d’effet sur la décision finale, il n’empêche que leur démission avait jeté un froid et nous laissait une impression pénible : ces personnes comptaient parmi les notables de la ville et gardaient une certaine influence dans la communauté. C’est pourquoi je décidai de prendre l’avion et de me rendre à New York pour demander auprès du tombeau du Rabbi une bénédiction pour la finalisation de la transaction et pour un détail pratique « mineur » : l’obtention des fonds nécessaires…

J’arrivai au Ohel, 226 Francis Lewis Boulevard à Queens et écrivis une longue lettre : je racontais comment, grâce à D.ieu, j’avais pu obtenir la permission d’acheter le bâtiment qui nous permettrait de développer nos activités, je mentionnai avec une certaine peine le couple qui s’était opposé à la décision ; je demandai au Rabbi sa bénédiction pour la suite de cette entreprise : les travaux à réaliser et la récolte des fonds nécessaires.

En tout, je ne restai que trois ou quatre heures à New York et, immédiatement après cette visite au Ohel, je me remis en route pour l’aéroport. Malgré tous mes efforts, j’arrivai juste à temps pour le décollage.

Ma carte d’embarquement me désignait un siège installé au milieu d’une rangée de trois. Mes deux voisins – un de chaque côté – étaient un homme et une femme assez âgés. Un bref coup d’œil me permit de remarquer qu’il y avait encore bien d’autres places libres dans l’avion. Je signalai donc à ces personnes que je ne désirais pas les déranger et que j’allais m’installer ailleurs. L’homme soupira de soulagement et s’écria : « A dank Gott ! » (« D.ieu merci » en yiddish).

– Vous parlez yiddish ? remarquai-je, étonné. Vous êtes juif. Que diriez-vous de discuter un peu ?

 Je m’assis à côté de lui. Il se présenta : je faillis m’évanouir : non, je ne connaissais pas les visages mais ce nom… Bien sûr que je le connaissais ! C’était justement le couple qui s’était opposé à la vente du bâtiment à ces « ennemis, fanatiques d’un autre âge, etc… » Je me présentai à mon tour et ce furent eux qui ressentirent visiblement un choc. De fait, eux aussi avaient entendu parler de moi !

Je fis de mon mieux pour passer du choc à une conversation courtoise et amicale. Durant le vol, je leur racontai mes activités, l’utilité du Cercle de l’Amitié et son efficacité auprès de ces enfants « différents », avec des anecdotes touchantes et bien réelles.

Petit-à-petit, l’ambiance entre nous se réchauffa.

Au début, l’homme m’avait averti qu’il ne croyait pas en D.ieu. Mais quand l’avion atterrit, je lui demandai quelle explication logique il pouvait apporter à notre rencontre « accidentelle ».

– On dirait après tout, qu’il existe quelque chose, murmura-t-il…

De fait, cette rencontre fortuite s’avéra n’être que le début d’une longue amitié, sincère et extraordinaire.

Actuellement, ce couple est devenu l’un de nos principaux supporters, qui soutient à fond les actions de notre Cercle de l’Amitié et qui a d’ailleurs offert une contribution appréciable pour l’achat du bâtiment…

Arié Samit - Kfar Chabad

 

Pour en savoir plus sur The Friendship Circle : www.friendshipcircle.org, et en France : www.beyahad.fr