L’histoire de ‘Hanouka relate que les Grecs de Syrie sont entrés dans le Temple et ont souillé toute l’huile qui s’y trouvait. Lorsque les Hasmonéens reprirent le Temple, ils cherchèrent de l’huile d’olive pure mais ils n’en ont trouvé qu’une seule cruche qui portait encore le sceau du Grand Prêtre. Bien qu’il n’y eu suffisamment d’huile que pour un jour, un miracle se produisit et les flammes demeurèrent allumées huit jours durant.1
Deux explications sont avancées pour comprendre pourquoi il fallut huit jours pour obtenir de l’huile nouvelle :
- Il y avait de l’huile d’olive pure à Tekoa, une ville située à quatre jours de voyage (dans une région qui produit de l’huile d’olive encore aujourd’hui). Il fallait donc huit jours pour s’y rendre et en revenir.2
- Après la guerre, tous les Juifs étaient présumés être rituellement impurs, suite au contact avec des cadavres. Il fallait sept jours pour se purifier de cette impureté, ce qui signifie qu’ils n'ont pu obtenir de l’huile d’olive rituellement pure qu'au huitième jour.3
La fête de ‘Hanouka ne devrait-elle pas durer sept jours ?
Alors que les explications précédentes semblent relativement claires, Rabbi Yossef Caro soulève dans son commentaire Beth Yossef une question évidente. S’il y avait suffisamment d’huile dans la fiole pour un jour, le miracle réside dans le fait que l’huile a continué de brûler les sept jours suivants. Dès lors, la fête de ‘Hanouka qui célèbre le miracle de l’huile ne devrait-elle pas être célébrée pendant seulement sept jours ?
De nombreux commentateurs, parmi lesquels Rabbi Yossef Caro lui-même, ont proposé diverses réponses à cette question. (L’un d’entre eux a même écrit un livre dans lequel il a rassemblé 1004 réponses possibles.) En voici quelques-unes :
- Il partagèrent l’huile : Sachant qu’il faudrait encore huit jours pour se procurer de l’huile pure, les Juifs divisèrent la cruche d’huile – qui ne contenait assez d’huile que pour une nuit – en huit quantités égales. Ils se sont dit qu’ils allumeraient un huitième de l’huile chacune des huit nuits. Miraculeusement, chaque nuit, l’huile qui n’aurait dû durer qu’un huitième de la nuit a duré toute la nuit.5
- La cruche est restée pleine : Après qu’ils aient rempli d’huile la Ménorah le premier soir, la cruche est miraculeusement restée pleine et ils purent remplir la Ménorah la nuit suivante. La même chose se produisit jusqu’au dernier soir.6
- La Ménorah est restée pleine : Lorsque les Juifs entrèrent dans le Sanctuaire le premier matin après avoir allumé la Ménorah, ils constatèrent que les coupes de la Ménorah étaient encore pleines d’huile, bien qu’elles aient brûlé toute la nuit.7 8
- Le miracle de la trouvaille de l’huile : Le premier jour commémore le miracle de la découverte d’une cruche d’huile pure, un événement remarquable compte tenu des efforts des Grecs pour profaner toute l’huile du Temple.9
- La victoire militaire : Le premier jour commémore également la victoire miraculeuse sur les Grecs.10
- La redédication du Temple : Ce jour marque aussi la redédication du Temple. De fait, le terme ‘Hanouka lui-même signifie « dédicace ».11 Sur la base du verset « Prêtez bien attention, à dater de ce jour et ultérieurement – depuis le vingt-quatrième jour du neuvième [mois] – depuis le jour où le Temple de l’Éternel fut fondé, prêtez attention »,12 certains commentateurs estiment que le premier jour de ‘Hanouka célèbre la dédicace originelle du second Temple. Ils expliquent que sa fondation eut lieu le 24 Kislev et sa consécration le 25 du mois.13
- À l’image de Soukkot : Le commandement d’allumer la Ménorah avec de l’huile pure est inscrit dans la Torah14 immédiatement après le commandement d’observer la fête de Soukkot pendant huit jours (y compris Chemini Atséret). Les sages y ont vu une indication divine que ‘Hanouka devait être célébrée pendant huit jours.15 Certains vont plus loin et expliquent qu’étant donné que la fête de Soukkot (et Chemini Atséret) n’a pas été célébrée dans le Temple cette année-là, ils ont institué ‘Hanouka pour huit jours.16
- Des mèches plus fines : Sachant qu’ils disposaient d’une quantité minimale d’huile et qu’il faudrait huit jours pour en obtenir davantage, ils ont aminci les mèches afin de n’utiliser qu’un huitième de l’huile dans la Ménorah. Miraculeusement, les flammes brûlèrent aussi intensément que si des mèches de taille normale avaient été utilisées.17
- Il fallait de l’huile supplémentaire pour le Chabbat : L’année où eut lieu l’histoire de ‘Hanouka, le 25 Kislev tombait un Chabbat, de sorte qu’ils ont allumé la Ménorah dans le Temple avant la tombée de la nuit, le soir du 24 Kislev. Il leur fallait donc une quantité d’huile supérieure à celle nécessaire pour une journée ordinaire, et le fait que les flammes aient duré tout au long de cette première journée fut en soi miraculeux.18
- Pas même assez d’huile pour un jour : Une variante du Talmud (trouvée dans les « Chéiltot », un ouvrage de l’ère des Guéonim) dit qu’ils n’avaient même pas assez d’huile pour un jour.19
- Une seule lumière : La cruche n’avait assez d’huile que pour l’une des sept lumières de la Ménorah pour un jour, mais elle dura pour les sept lumières de la Ménorah pendant huit jours.20
- La circoncision : L’une des principales Mitsvas interdites par les Grecs était la brit mila (la circoncision), qui se pratique le huitième jour après la naissance de l’enfant. ‘Hanouka célébrait aussi le fait que les Juifs étaient enfin autorisés à accomplir ouvertement cette Mitsva qui représente le lien entre le peuple juif et D.ieu. Les sages ont donc institué la commémoration de ‘Hanouka pendant huit jours (au lieu de sept), par rapport à la brit mila.21
- Le nombre huit : Techniquement, en raison des circonstances, les Juifs auraient été autorisés à utiliser de l’huile impure pour la Ménorah. D.ieu accomplit un miracle pour montrer Son amour et Sa reconnaissance envers le peuple juif, en lui donnant la possibilité d’accomplir la Mitsva de manière optimale. Ainsi, sur le plan mystique, le miracle de l’huile était un miracle supra-rationnel qui n’était pas même nécessaire.
Alors que sept représente l’ordre naturel du monde (les sept jours de la semaine, le cycle de sept ans pour la Chemita, etc.), le nombre huit représente le lien entre D.ieu et le peuple juif qui transcende que l’ordre naturel. C’est pour cette raison que la fête de ‘Hanouka, qui représente ce lien supra-rationnel, fut établie pour huit jours. De même, nous trouvons dans les sources midrashiques que l’ère de la rédemption finale est représentée par le nombre huit, qui reflète une relation avec D.ieu qui est supérieure à la nature.22
Puissions-nous mériter la rédemption finale rapidement de nos jours !
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