La Torah nous demande d’habiter dans une cabane (soukkah) pendant sept jours. Et elle en donne la raison en ces termes : « Afin que les générations futures sachent que J’ai fait habiter les enfants d’Israël dans des soukkot lorsque je les ai fait sortir du pays d’Égypte. »1
Qu’étaient donc ces soukkot qui permirent la sortie d’Égypte et que nous commémorons en résidant dans des cabanes ?
Rabbi Eliézer explique : Ce sont les miraculeuses Nuées de Gloire qui nous ont entourés de tous côtés et nous ont protégés pendant les 40 années de notre séjour dans le désert.2
Et comment fait-on pour habiter dans une soukkah ? La tradition orale veut que l’on vive dans une cabane temporaire construite pour l’ombre, de la même manière que l’on vit dans sa maison.3 Quelle est l’une des principales choses que l’on fait dans sa maison ? On y prend ses repas, bien sûr ! L’une des principales mitsvas de la fête de Soukkot est donc de manger dans une soukkah.
D’accord, mais quelques précisions sont nécessaires, parce qu’autrement, chacun prendra cela de façon différente. Nous devons savoir qui doit manger quoi et quand. Et que faire s’il pleut, s’il y a des odeurs nauséabondes ou si l’on n’est pas à l’aise dehors ?
C’est parti.
Dans cet article:
- Pourquoi est-on là ?
- Qui s’assoit dans la soukkah ?
- Que doit-on y manger ?
- Quand doit-on être dans la soukkah ?
- Que fait-on s’il pleut (en dehors du premier soir) ?
- Qu’en est-il du premier soir ?
- Doit-on dire une nouvelle bénédiction si on part de la soukkah et qu’on y revient ?
- Qu’en est-il du passage d’une soukkah à l’autre ?
- Qu’en est-il des personnes malades ?
- Que se passe-t-il si l’on est en voyage ?
Pourquoi est-on là ?
Comme le dit le verset, nous sommes assis dans cette soukkah pour revivre un souvenir essentiel qui se trouve au plus profond de la conscience de la nation. Ce n’est donc pas seulement l’endroit où l’on se trouve qui est important, mais également ce à quoi l’on pense. C’est un élément clé de la mitsva.
Ainsi, lorsque l’on pénètre dans la soukkah, on doit se rappeler qu’on le fait pour accomplir le commandement de D.ieu d’habiter dans une soukkah pour commémorer la Sortie d’Égypte.4
Il y a aussi une bénédiction pour le fait d’habiter dans une soukkah, mais elle n’est prononcée que lorsque l’on s’assoit pour manger quelque chose qui doit être mangé dans une soukkah (nous y reviendrons). Elle est dite après avoir prononcé la bénédiction sur la nourriture, avant de manger celle-ci :
Baroukh Atah A-donaï Éloheinou melekh haolam, achèr kidechanou bemitsvtav, vetsivanou leichev ba-soukkah
(Béni sois-tu, Éternel notre D.ieu, Roi de l’univers, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné d’habiter dans la soukkah.)
Qui s’assoit dans la soukkah ?
Les adultes : Les hommes ayant atteint l’âge de la bar mitsva (13 ans) doivent obligatoirement s’asseoir dans la soukkah. Les femmes s’y asseyent de manière non obligatoire.5
Les femmes ashkénazes récitent généralement la bénédiction leichev ba-soukkah comme les hommes,6 tandis que les femmes séfarades ne le font généralement pas7 (il existe certaines communautés séfarades dans lesquelles les femmes récitent la bénédiction8 ).
Les enfants : Techniquement, les enfants devraient être exemptés, comme ils le sont de toutes les mitsvas. Mais les anciens sages insistent sur le fait que nous devons les éduquer et les former pour qu’ils accomplissent les mitsvas. Ainsi, lorsqu’un garçon atteint l’âge où il n’a plus besoin de l’attention constante de sa mère (généralement entre 5 et 6 ans), il convient qu’il se trouve dans la soukkah parmi les hommes.9
Certaines situations peuvent exempter certaines personnes de cette mitsva, par exemple si quelqu’un est malade. Voir ci-dessous « Qu’en est-il des personnes malades ? »
Que doit-on y manger ?
Que mange-t-on à la maison ? La plupart des gens y prennent généralement leurs repas principaux, mais grignotent à l’extérieur.
C’est ainsi que cela fonctionne : si l’on prend un repas complet, on le prend dans la soukkah et l’on dit la bénédiction de la soukkah. S’il s’agit d’un en-cas, on peut également le manger dans la soukkah, et c’est d’ailleurs la coutume dans beaucoup de communautés, y compris celle de ‘Habad. Mais techniquement, ce n’est pas une obligation, c’est pourquoi on ne dit pas alors la bénédiction de la soukkah.10
Qu’est-ce qui est considéré ici comme « un en-cas » ? Si ce n’est pas constitué de céréales, c’est un « en-cas ». S’il s’agit d’un aliment à base de céréales dont la taille est égale ou inférieure à celle d’une portion de la taille d’un œuf (54 grammes), il s’agit également d’un en-cas. Si la portion est plus grande, c’est « un repas ».11
En fait, on pourrait prendre un repas complet avec des aliments non céréaliers, et l’on ne serait toujours pas obligé de manger ces aliments à l’intérieur d’une soukkah.12
Mais nous aimons les mitsvas. Nous les recherchons et les saisissons dès que l’occasion se présente. C’est un privilège et une joie de manger dans une soukkah. Ainsi, malgré ce qui précède, beaucoup, y compris ‘Habad, ont pour coutume de ne pas même boire de l’eau à l’extérieur de la soukkah.
Les boissons : Un verre occasionnel, même de vin, est acceptable en dehors de la soukkah. Mais si l’on veut s’asseoir avec des amis pour boire du vin ou quelques bières, on doit le faire dans la soukkah. Cependant, si cela ne s’accompagne pas d’un repas, on ne récite pas la bénédiction de la soukkah.13
Le kiddouch : L’exception à cette règle est le kiddouch (et la havdala – voir le point suivant). Dans ce cas, la cérémonie confère à la boisson une importance particulière. Ainsi, avant de boire le verre du kiddouch, on dit la bénédiction leichev ba-soukkah.14
La Havdala : La havdala doit être célébrée dans la soukkah, comme elle l’est habituellement à la maison tout au long de l’année.15
Selon de nombreuses sources halakhiques,16 y compris ‘Habad,17 il convient également de réciter la bénédiction de la soukkah lors de la havdala. (Beaucoup pensent que cela ne s’applique que si la havdala a été faite avec du vin.18 )
(Certains doutent que l’on puisse vraiment réciter la bénédiction de la soukkah sur la seule havdala.19 Ils suggèrent de manger des aliments à base de céréales dans la soukkah juste après la havdala.20 Telle n’est pas la coutume ‘Habad.)
Bien sûr, comme nous l’avons mentionné plus haut, beaucoup, y compris ‘Habad, ont la coutume de ne rien manger ni boire, y compris de l’eau, à l’extérieur de la soukkah.
Quand doit-on être dans la soukkah ?
Le premier soir de Soukkot, entre la tombée de la nuit et la mi-nuit, nous devons tous manger une quantité minimale de pain dans la soukkah.21 Cette obligation est similaire à celle de manger de la matsa la nuit de Pessa’h avant la mi-nuit.
Cependant, pendant les autres jours de Soukkot, on peut techniquement choisir de ne manger que des aliments qui ne doivent pas être consommés dans la soukkah.22
Bien sûr, la mitsva de manger du pain pendant les repas de Chabbat et de fête est toujours en vigueur, et il faut donc manger ce pain dans la soukkah.23
Que fait-on s’il pleut (en dehors du premier soir) ?
S’il pleuvait à l’intérieur de votre maison, resteriez-vous assis là ? Ou iriez-vous plutôt chez votre beau-frère ou au restaurant ?
Il en va de même pour votre soukkah, puisque vous la traitez comme votre maison. Si vous n’êtes pas à l’aise, vous partez. S’il pleut suffisamment pour gâcher un plat de haricots non cuits, vous pouvez manger dans votre logement habituel (même si vous n’avez pas de haricots). Si vous ne savez pas combien de pluie il faut pour gâcher des haricots (comme la plupart d’entre nous), faites un calcul : si vous étiez assis dans votre maison et que cela se produisait, y resteriez-vous ou sortiriez-vous ?24
Faut-il dire la bénédiction de la soukkah si l’on mange sous la pluie ? C’est un sujet à part entière. Demandez l’avis du rabbin de votre communauté.
La coutume ‘Habad est de manger dans la soukkah quel que soit le temps. Comment pourriez-vous être mal à l’aise en étant assis à l’intérieur d’une mitsva ?
Les règles applicables à la première nuit de Soukkot sont toutefois différentes.
Qu’en est-il du premier soir ?
Il est nécessaire de manger au minimum la quantité d’un kazayit (une portion « de la taille d’une olive ») de pain (idéalement une portion « de la taille d’un œuf », soit deux kazayit) dans la soukkah le premier soir de Soukkot. Veillez donc à faire le kiddouch et, au minimum, à manger un kazayit de pain dans la soukkah après la tombée de la nuit, mais avant le minuit halakhique du premier soir.25
La coutume ashkénaze (y compris ‘Habad) : S’il pleut la première nuit, même si l’on ne mange normalement pas dans la soukkah lorsqu’il pleut, on doit quand même faire le kiddouch et manger au moins un kazayit (idéalement une portion de la taille d’un œuf) de pain avec la bénédiction de la soukkah.26
D’autres Ashkénazes attendent une heure ou deux pour voir si la pluie s’arrête, et si c’est le cas, ils mangent dans la soukkah avec la bénédiction de la soukkah. Si la pluie persiste, ils récitent le kiddouch et mangent un kazayit de pain dans la soukkah sans la bénédiction de la soukkah.27
La coutume séfarade : S’il pleut la première nuit de Soukkot, on est exempté de la soukkah et on peut manger dans la maison.28 Il est également possible d’attendre brièvement que la pluie se calme, tant que cela n’entraîne pas d’inconfort le jour de Yom Tov. Si la pluie cesse avant la mi-nuit halakhique, on entre dans la soukkah, on récite la bénédiction de la soukkah et on mange un kezayit de pain. Cependant, si la pluie cesse après la mi-nuit, la bénédiction de la soukkah n’est récitée que si l’on mange un kabeitsa (une portion de la taille d’un œuf) de pain.29
Doit-on dire une nouvelle bénédiction si on part de la soukkah et qu’on y revient ?
S’il y a eu un intervalle ou une interruption entre le repas en cours et le précédent, on doit réciter une nouvelle bénédiction. Si ce n’est pas le cas, on ne doit pas répéter la bénédiction puisque la précédente s’applique toujours.30
Si l’on quitte la soukkah après avoir mangé et que l’on n’a pas l’intention d’y revenir avant un délai d’une à deux heures,31 alors, même si l’on revient immédiatement, il faut réciter la bénédiction à nouveau avant de manger. De même, si l’on a l’intention de revenir dans un délai d’une à deux heures mais si l’on est revenu plus tôt, c’est considéré comme un intervalle, et l’on doit réciter la bénédiction avant de manger un kabeitsa d’aliment à base de céréales.32
Si l’on devait rester dans la soukkah pendant les sept jours de Soukkot sans interruption, on ne réciterait la bénédiction qu’une seule fois.33
Qu’en est-il du passage d’une soukkah à l’autre ?
Dans chaque soukkah dans laquelle on consomme la quantité requise, la bénédiction est récitée. Cela s’applique même si l’on a prévu de manger dans la seconde soukkah au moment où l’on a fait la bénédiction dans la première. Même si les soukkahs sont adjacentes l’une à l’autre et qu’il n’est pas nécessaire de faire une nouvelle première bénédiction sur la nourriture, il faut tout de même dire une nouvelle bénédiction sur la soukkah.34
Qu’en est-il des personnes malades ?
Si l’on n’est pas en bonne santé, on doit essayer (si cela ne nuit pas à sa santé) de manger la quantité minimale (un kazayit) à l’intérieur de la soukkah le premier soir.35 Il n’y a pas d’obligation de manger dans la soukkah pour le reste de Soukkot.36
De plus, si une personne s’occupe du malade, elle peut également manger hors de la soukkah. Bien sûr, s’ils peuvent s’arranger pour que quelqu’un prenne le relais pendant un certain temps afin que chacun puisse manger dans la soukkah, c’est ce qu’il faut faire.37
Que se passe-t-il si l’on est en voyage ?
Si l’on est en déplacement, peut-on prendre ses repas sans soukkah ?
Cela dépend.
Si l’on est en voyage d’affaires ou autre, techniquement, il n’est pas obligatoire de rechercher une soukkah.38 Bien sûr, c’est une bonne chose à faire puisque, comme indiqué ci-dessus, nous aimons les mitsvas. Ou au moins, on mange quelque chose qui ne nécessite pas de soukkah.39
Cependant, lorsque l’on arrive à destination et qu’il est techniquement possible de trouver ou de construire une soukkah, on a à nouveau besoin d’une soukkah.40
Si l’on voyage pour loisirs, pas d’excuse. Il convient de s’assurer avant de partir que l’on aura une soukkah pour manger. Si l’on n’a pas de soukkah, il ne faut pas partir. Ou alors se contenter d’aliments qui ne nécessitent pas de soukkah.41
Et, comme nous l’avons mentionné, la coutume ‘Habad est de toujours s’efforcer de manger dans la soukkah, quelles que soient les conditions météorologiques et les types d’aliments consommés. Quelle autre occasion nous est donnée de manger à l’intérieur d’une mitsva ?
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