Cette directive continue de répandre une lumière spirituelle au sein de la communauté juive, tout en éveillant la conscience des jeunes filles juives à l’importance de leur héritage.

Contrer l’obscurité du monde

C’est un fait que, de manière épisodique, les temps changent, les années changent, l’état du monde change, c’est pourquoi je souhaite faire une proposition qui concerne en particulier les jeunes femmes qui ne sont pas encore mariées.

Je souhaite en premier lieu en exposer la raison :

Les Juifs ont toujours eu besoin d’avoir – et ont toujours souhaité avoir – le plus de lumière possible dans leur vie. C’est la raison pour laquelle nous devons servir D.ieu dans la joie exclusivement, et c’est aussi pourquoi la Torah est qualifiée de « Torah Or », une Torah qui rend la vie lumineuse. […] Ainsi le Juif doit-il rendre son foyer lumineux et même rendre « la rue » lumineuse. Or, les femmes ont en cela une mission et une mitsva particulière qui leur a été dévolue : lorsque vient le moment d’accueillir le Chabbat dans la maison – le Chabbat qui est un jour de tranquillité, un jour où l’on peut se consacrer à sa famille, où l’on peut partager un mot de Torah, libéré que l’on est de tous les tracas et du travail –, le début, l’entrée dans le Chabbat se fait en allumant de la lumière pour que la maison devienne lumineuse.  

Lorsque l’on constate que la lumière s’amenuise dans la rue, il n’est plus possible de se suffire de la quantité de lumière que l’on avait auparavant : il devient nécessaire d’ajouter de la lumière.

Ceci est particulièrement vrai à notre époque, où c’est dans le monde entier qu’il est nécessaire d’éclairer l’obscurité. Nous sommes témoins de choses et de comportements sauvages dans le monde extérieur, tels qu’il n’y en a jamais eu auparavant, qui résultent de l’obscurité, de l’absence de lumière qui règne dans certains cercles, ce qui rend encore plus nécessaire le fait d’augmenter la lumière – la lumière authentique – partout où un Juif peut accéder, en allumant une lanterne, ou au moins une bougie, ou au moins une petite veilleuse.

Et comme pour toute chose, cela doit commencer dans nos propres foyers, car quelle que soit la quantité de lumière qui y régnait jusqu’à présent, nous devons les rendre encore plus lumineux, et relier cette luminosité de manière simple avec quelque chose relevant de la Torah et des mitsvot, avec quelque chose relevant du judaïsme.

L’une des manières d’effectuer cela de façon manifeste est d’accomplir la mitsva d’allumer une lumière les veilles de Chabbat et de fêtes et de cette façon introduire le Chabbat ou la fête dans son foyer pour tous les membres de la famille.

Jusqu’à présent, la coutume en vigueur dans de nombreux cercles était qu’une jeune femme commence à allumer les bougies de Chabbat après son mariage. Avant cela, elle s’acquittait de son obligation par le fait que sa mère – la maîtresse de maison – pensait à acquitter sa fille en allumant ses bougies.

Toutefois, du fait de l’accroissement de l’obscurité dans la rue et de la nécessité d’augmenter la lumière dans nos foyers, la pratique a été adoptée dans de nombreux cercles que, toute l’année, les petites filles allument les bougies de Chabbat, tout comme elles sont éduquées à pratiquer toutes les autres mitsvot, en particulier les mitsvot liées aux femmes.

Ainsi, dès qu’une petite fille a atteint l’âge où elle peut comprendre la signification de l’allumage d’une bougie la veille de Chabbat ou de fête, il est d’usage de lui acheter un chandelier et de lui enseigner la bénédiction, et elle allume elle-même la bougie,1 en prononçant la bénédiction, et avec toutes ce qui accompagne ce geste.2

Il a été constaté que cela a exercé un puissant effet sur la petite fille dans sa relation avec le Chabbat, les jours de fête et l’ensemble des mitsvot, avec le sentiment et le sens de la responsabilité qui lui incombe que, tout comme sa mère allume ses bougies pour l’ensemble du foyer, elle se prépare elle aussi à perpétuer cela lorsque le temps viendra pour elle de fonder sa propre famille.

Et elle commence immédiatement cette préparation. Tout comme on lui enseigne à réciter les bénédictions, à dire le Chéma Israël et d’autres pratiques juives, on la prépare également à cette mitsva spécialement dévolue aux femmes juives qu’est l’allumage des bougies de Chabbat et des fêtes.

Certains s’interrogent s’il convient qu’elles allument en prononçant la bénédiction ou non. Chez le Rabbi – chez les Rabbis de Loubavitch – [et c’est ce qu’ils disaient à leurs ‘hassidim de faire lorsque la question leur était posée], l’usage était que dès qu’une petite fille commence à comprendre comment on fait une bénédiction, comment ont dit le Chéma Israël, etc, on lui achète un bougeoir et on l’habitue à ce que chaque veille de Chabbat et de fête, elle allume elle aussi sa propre bougie. Ceci montre qu’il n’y a aucun problème ni doute concernant le fait de faire la bénédiction, et lorsque la mère sait que sa fille va allumer sa propre bougie, elle ne l’acquitte pas par sa propre bénédiction, de sorte qu’il n’y a pas de réserve à avoir car la fille prononce une bénédiction sur la bougie qu’elle allume elle-même.

Ces dernières années une autre raison à cette pratique est malheureusement apparue :

Jadis, toutes les mères juives allumaient les bougies de Chabbat, de sorte que les maisons juives étaient toujours lumineuses, et du Chabbat, la lumière se propageaient aux autres jours de la semaine suivante, et il en était de même pour les fêtes.

Mais ces dernières années, il y a des foyers juifs où la mère (pour différentes raisons) ne connaît pas la mitsva d’allumer les bougies de Chabbat et des fêtes. Elle n’est pas fautive, car on ne lui a pas enseigné cette mitsva ; elle a connu l’errance, elle a traversé la guerre, et toutes ces circonstances ont entraîné que de nombreux Juifs n’ont pas appris le devoir fait aux femmes d’allumer les bougies la veille du Chabbat ou des fêtes.

Il y a cependant de nombreux foyers où les filles ont commencé à allumer les bougies de Chabbat et des fêtes, et cela a eu pour effet d’introduire la lumière du judaïsme dans la maison de sorte qu’au bout de quelques jours, ou d’une semaine, ou de deux semaines, la mère a imité ses filles et a commencé à allumer les bougies elle aussi.

[…] Et la lumière de la bougie allumée par la petite fille éclairera toute la maison, tout le peuple juif, et le monde entier.

Extraits de la Si’ha du 24 Eloul 5734 [1974]
(Si’hot Kodech 5734 vol. 2, pp. 441–443)

Dès l’âge de trois ans

Dans la paracha ‘Hayé Sarah, sur le verset « Its’hak l’amena dans la tente de sa mère Sarah »,3 Rachi cite les mots « dans la tente de sa mère Sarah » et explique :

« Il la conduisit dans la tente et voilà qu’elle était sa mère Sarah, c’est-à-dire qu’elle devint à l’image de sa mère Sarah. En effet, tant que vivait Sarah, la lumière [de Chabbat] demeurait allumée de la veille du Chabbat à la veille du Chabbat suivant, la pâte qu’elle pétrissait était bénie4 et une nuée5 était constamment présente au-dessus de la tente. Lorsqu’elle mourut, ces miracles cessèrent. Lorsque vint Rivka, ils reprirent. »

[…] L’un des enseignements extraordinaires contenus dans ce Rachi est celui-ci : puisqu’il nous est dit que Its’hak Avinou n’épousa Rivka qu’après avoir constaté que la lumière qu’elle avait allumée dans la tente persistait du vendredi après-midi jusqu’au vendredi suivant, nous apprenons que Rivka allumait aussi les bougies de Chabbat avant son mariage.

De plus, selon Rachi,6 Rivka n’était âgée que de trois ans lorsqu’elle épousa Its’hak, un âge où l’accomplissement des mitsvot ne revêt pas encore un caractère d’obligation, et pourtant elle accomplit la mitsva d’allumer les bougies de Chabbat.

Plus significatif encore, ce détail fut pour Its’hak un critère déterminant pour juger que Rivka était la digne successeure de sa mère Sarah et décider qu’il la prendrait pour femme.

Pourtant, ce n’est pas comme si en l’absence de son allumage il n’y aurait pas eu de lumière de Chabbat dans la tente : Avraham Avinou accomplissait toutes les mitsvot de la Torah, y compris les mitsvot qui seraient plus tard instaurées par nos sages,7 y compris la loi8 stipulant que si la femme ne peut pas allumer les bougies de Chabbat (pour quelque raison que ce soit), le mari doit le faire. Il ne fait donc aucun doute qu’Avraham (et Its’hak) allumaient les bougies chaque vendredi depuis la disparition de Sarah.

Malgré cela, Rivka ne se contenta pas de l’allumage d’Avraham Avinou (bien qu’il fût un « gadol »9 et astreint à l’observance des mitsvot en vigueur à son époque), et elle allumer ses propres bougies, bien qu’elle fût une « ketana »10 de trois ans.

Il découle de ceci une directive claire (conforme à ce que nous avons discuté plusieurs fois) selon laquelle non seulement les jeunes filles bat-mitsva doivent allumer leurs propres bougies de Chabbat, mais il faut aussi éduquer11 les petites filles dès l’âge de trois ans (qui n’ont pas encore l’obligation d’accomplir les mitsvot) à l’allumage des bougies de Chabbat, si elles peuvent déjà en comprendre la signification. Cela, y compris lorsque la mère (ou une autre personne adulte) est présente dans la maison et allume les bougies par obligation rituelle.

Certes, Rivka était bien plus avisée et mûre qu’une enfant de trois ans ordinaire, […] néanmoins, étant donné qu’elle n’avait que trois ans à l’époque, elle avait encore le statut halakhique d’une ketana.

Un autre aspect extraordinaire que l’on voit ici.

Nous avons dit qu’il est clair qu’Avraham Avinou allumait lui-même les bougies chaque veille de Chabbat. Or, même si la Torah a témoigné à son sujet qu’« il était avancé en âge et D.ieu avait béni Avraham en tout », ce qui inclut aussi l’élévation spirituelle, son allumage ne provoquait pas le miracle que les bougies demeuraient allumées « de la veille du Chabbat à la veille du Chabbat suivant » comme c’était le cas pour les bougies de Sarah et comme ce fut le cas pour celles de Rivka dès qu’elle commença à les allumer à l’âge de trois ans.

Nous voyons ici l’immense puissance de la mitsva de l’allumage des bougies par les filles juives, y compris par de très petites filles âgées de trois ans, qui sont toutes appelées des « filles de Sarah, Rivka, Ra’hel et Léa », dont l’allumage éclaire la maison pendant toute la semaine.

La différence est que les lumières allumées par Sarah et Rivka éclairaient la maison de façon visible, car la flamme matérielle brûlait (miraculeusement) de vendredi en vendredi.

Cependant, d’un point de vue profond, cette qualité est présente chez chacune des filles juives qui allument les bougies de Chabbat, même si cela ne se voit pas matériellement.

[…] Tout ce qui précède souligne l’ampleur du mérite d’encourager chaque fille juive en âge d’éducation à allumer les bougies chaque veille de Chabbat et de fête.

Et, comme l’enseigne le Midrash Yalkout Chimoni,12 grâce à l’allumage des bougies de Chabbat nous mériterons de voir les « Lumières de Sion » que D.ieu nous révélera très bientôt avec la véritable et complète Délivrance.

Likoutei Si’hot vol. 15, pp. 168-170 ; 173.
(Extraits des Si’hot du 20 ‘Hechvane et du Chabbat Parachat ‘Hayei Sarah 5735 [1974])

Trouver un bon parti

Une autre raison à la nécessité que toutes les filles juives allument les bougies de Chabbat est la suivante :

[…] Nos Sages nous enseignent qu’en récompense de l’allumage des bougies de Chabbat, on mérite d’avoir des fils (et des gendres) talmidei ‘hakhamim.13 Dans les générations précédentes, lorsqu’il était d’usage que les parents décidaient si un parti était bon pour leur fille, le mérite principal menant au mariage d’une fille avec un talmid ‘hakham était celui de l’allumage des bougies de Chabbat de la mère.14

À notre époque toutefois et pour diverses raisons, la réalité concrète (qu’on en soit ou non satisfait) est que c’est essentiellement la fille qui décide du parti qui lui convient. Il devient donc d’autant plus important qu’elle allume elle-même les bougies de Chabbat, de sorte que la « bougie de mitsva »15 qu’elle allume lui fasse mériter d’épouser un talmid ‘hakham.16

Aujourd’hui, lorsque même dans les familles orthodoxes il n’est pas toujours certain que les parents puissent participer activement à la décision de leur fille lorsque celle-ci aura grandi, il convient de déployer les plus grands efforts pour qu’elle commence à allumer les bougies de Chabbat et des fêtes le plus tôt possible, c’est-à-dire dès qu’elle atteint l’âge de l’éducation pour cette mitsva.

Ceci renforcera aussi la promesse de la Torah qu’elle sera élevée « vers la Torah, la ‘houpa et les bonnes actions »,17 et qu’elle épousera un talmid ‘hakham.

Likoutei Si’hot vol. 17, p. 147
(Extrait de la Si’ha du Chabbat parachat Haazinou 5735 [1974])

Restaurer une ancienne coutume

J’ai été ravi d’apprendre […] que vous avez encouragé l’idée que les jeunes filles non encore mariées allument les bougies de Chabbat au sein de votre communauté. Comme je l’ai évoqué à plusieurs reprises ces derniers mois, cela concerne également les plus jeunes, dès qu’elles atteignent l’âge de l’éducation.

Il ne s’agit pas d’une innovation, mais plutôt de redonner à cette mitsva sa splendeur d’antan. Il a toujours été dans l’usage des familles consciencieuses d’accomplir la mitsva de ‘hinoukh, d’éducation s’agissant de l’allumage des bougies de Chabbat. Cependant, il est devenu plus tard difficile de gagner sa vie dans la plupart des villes, et il y a eu aussi une pénurie de bougies causée par des années de guerres et de chaos. Le nombre de personnes perpétuant cette pratique a dès lors diminué, et il s’est avéré difficile par la suite de restaurer cette tradition à sa vigueur d’antan.

Lettre du 11 Iyar 5735 [1975]
(Likoutei Si’hot vol. 16, p. 577)

La bénédiction de Chehé’héyanou

Dans votre lettre et plus encore dans le premier volume de votre ouvrage,18 vous avez cité diverses opinions halakhiques sur la question de savoir si une femme doit réciter la bénédiction de Chehé’héyanou lorsqu’elle allume les bougies de Chabbat pour la première fois. Or, bien le Tséma’h Tsédek écrit19 que lorsqu’il y a un doute parmi les décisionnaires concernant la bénédiction de Chehé’héyanou, il convient de la réciter, je me suis néanmoins abstenu de trancher en la matière, car (il me semble clair que) la coutume s’est répandue de s’abstenir de réciter Chehé’héyanou lorsqu’on met les téfiline pour la première fois. J’ai donc simplement mentionné à plusieurs reprises qu’il y avait une discussion sur la question de savoir si Chehé’héyanou devait être également récité.

Lettre du 28 ‘Hechvane 5735 [1974]
(Likoutei Si’hot, Vol. 11, pp. 288-289)


[Les remarques suivantes furent prononcées une semaine et demie avant Chavouot.]

Lorsqu’on allume les bougies la veille d’une fête, la bénédiction de Chehé’héyanou est également récitée.

Il est donc recommandé que les filles commencent à allumer des bougies pour la première fois cette veille de Chavouot. La bénédiction de Chehé’héyanou [aura un double objectif : en plus de se rapporter à la fête elle-même, elle] se rapportera également au début de l’accomplissement de la mitsva d’allumer les bougies de Yom Tov et de Chabbat.

Si une fille souhaite accomplir un hidour20 et commencer à accomplir cette mitsva le Chabbat avant Chavouot, il convient de lui acheter une nouvelle robe [afin qu’elle puisse réciter Chehé’héyanou].

Sefer Hasi’hot 5750 vol. 2, p. 481, note de bas de page 38

Diverses réponses et directives

[Cette réponse a été écrite à une femme qui a écrit que c’était contraire à la coutume de sa famille qu’une fille allume des bougies de Chabbat.]

Depuis de nombreuses générations, il est de coutume parmi les femmes de votre famille de s’abstenir de lire les journaux, d’étudier des matières séculières, d’utiliser du maquillage, etc. Vous astreignez-vous à respecter ces pratiques ? Ou tout du moins de les transgresser ouvertement ?

Si l’on augmente dans ce qui relève des ténèbres, il est certainement nécessaire d’augmenter dans ce qui relève de la lumière.

Réponse du 28 Adar II 5741 [1981]
(Likoutei Si’hot vol. 21, p. 382)


Il est évident qu’il n’y a pas de différence entre Chabbat et les jours de fête en la matière, comme je l’ai clairement déclaré lors de récents farbrenguens.

Lettre du 28 ‘Hechvane 5735 [1974]
(Likoutei Si’hot, Vol. 11, p. 288)


La fille doit allumer sa bougie avant sa mère. Ainsi, elle pourra réciter la bénédiction sans aucun problème halakhique.

Il y a aussi un avantage pratique à cela : puisque la mère n’a pas encore pris sur elle la sainteté du Chabbat, elle pourra aider sa fille, par exemple, si l’allumette doit être retirée, si la flamme doit être ajustée ou si le chandelier doit être repositionné.

 Si’ha du 6 Tichri 5735 [1974]
(Si’hot Kodech 5735, Vol. 1, p. 37)


Le moment où une femme ou une fille allume les bougies de Chabbat ou de Yom Tov est un ‘eth ratsone, un moment propice pour que ses prières soient acceptées. Afin d’augmenter les bénédictions de D.ieu à ce moment-là, il convient qu’elle donne la tsedaka avant d’allumer les bougies.

 Lettre du 28 Adar II 5717 [1957]
(Iguerot Kodech vol. 14, p. 529)