Reb Alexander, un homme plein de bonté qui était un fervent ‘hassid de l’Admour Hazakène, se préparait à un voyage d’affaires lorsque le Rabbi lui fit une demande inhabituelle : « Lorsque tu auras terminé avec tes affaires, arrête-toi dans cette ville voisine. »

Il n’avait aucune idée de la raison de cette demande ou de ce qu’il était censé y faire, mais R. Alexander faisait confiance au Rabbi et accepta de faire ce détour.

Dès qu’il arriva dans la ville, il remarqua que quelque chose était différent. Les Juifs y étaient habillés dans un style moderne, influencé par les vents des « Lumières » qui soufflaient de l’Ouest.

Il ne se sentait pas à l’aise à l’idée de passer le Chabbat parmi eux, mais il trouva un logement dans le seul établissement casher, tenu par une femme nommée Hindel. Elle lui promit de faire en sorte qu’il passe un Chabbat correct.

Pendant les prières et les repas de Chabbat, R. Alexander prononça des paroles de Torah et chanta des mélodies ‘hassidiques qui marquèrent profondément les personnes présentes. Il ne comprenait toujours pas pourquoi le Rabbi l’avait envoyé là, jusqu’à ce qu’il voie un jeune garçon au bout de la table, les yeux grands ouverts, qui absorbait tout ce qu’il disait. Il entendit alors Hindel sangloter dans un coin.

Il s’approcha d’elle et lui demanda pourquoi elle pleurait. Elle lui expliqua que lorsque son père, qui était le rabbin de la ville, était encore en vie, ils passaient chaque semaine un magnifique Chabbat, tout comme celui-ci. Mais lorsqu’il quitta ce monde, la ville perdit son cœur juif. Son mari était souvent absent pour le Chabbat et son fils n’avait que très peu l’occasion de passer des moments d’une telle beauté et si pleins de sens, et elle s’inquiétait pour son éducation juive. Elle se remit à pleurer.

R. Alexander eut une idée. Il lui proposa de prendre son fils avec lui chez l’Admour Hazakène à Liozna pour qu’il reçoive une éducation dans les voies pleines d’inspiration du ‘hassidisme. Après avoir entendu ses descriptions de la vie juive chaleureuse dans la communauté ‘hassidique et de la grandeur de l’Admour Hazakène, elle accepta de l’y envoyer.

R. Alexander comprenait maintenant sa mission. Le Rabbi l’avait envoyé dans cette ville parce qu’il y avait là une âme spéciale qui avait soif de judaïsme.

Le jeune garçon grandit et devint l’un des plus illustres élèves de l’Admour Hazakène, Reb Peretz ‘Heïn, qui fut le géniteur d’une grande famille de rabbins et de dirigeants communautaires, dont beaucoup continuent à porter son nom.

(Sipourei Mofet : Baal Hatanya, page 225)

Il peut arriver que nous ne comprenions pas pourquoi nous sommes envoyés pour une mission particulière, mais nous devons en trouver le but caché. Qui sait, peut-être qu’un petit acte de bonté peut déboucher sur quelque chose de grand...