Fermez les yeux et imaginez un royaume lointain d’une époque lointaine. À présent, insérez dans la scène le mot « serviteur ». Quelle image vous vient à l’esprit ? Le serviteur sert-il de la nourriture au roi ? Une boisson ? Est-il en train de mettre la table ou de porter ses affaires ? Quel service le serviteur rend-il à son maître ?

Il est intéressant de noter que le mot « service » est employé par les sages pour désigner la prière. Par exemple, la Michna enseigne que « le monde repose sur trois choses : La Torah, le service de D.ieu et les actes de bonté »1 La Torah et les actes de bonté sont évidents. Mais que signifie « servir » D.ieu ?

Cela signifie prier.

Mais voici la question : qu’avons-nous à offrir dont un D.ieu infini pourrait avoir besoin ? Pourquoi faire usage du terme « serviteur », qui évoque un serviteur se tenant « à votre service » pour préparer quelque chose pour son maître ? Pourquoi notre Maître a-t-il besoin de quoi que ce soit ? Que pouvons-nous Lui apporter ? En tant que Créateur et Source de tout, que pouvons-nous faire pour Lui qu’Il ne puisse faire pour Lui-même ? Le verset suivant semble plus exact, qui implique que même si nous sommes justes, D.ieu ne gagne rien de nous : « Si tu es juste, que Lui donnes-tu ? » (Job 35,7).

Pour comprendre l’utilisation du mot « serviteur », examinons d’abord pourquoi D.ieu a créé le monde. À quoi pensait-Il ? Selon les enseignements ‘hassidiques, D.ieu a créé ce monde parce qu’Il désira avoir une dira beta’htonim, une « demeure » dans ce monde inférieur et matériel.

Le concept de « service » vise à atteindre cet objectif.

La demeure que D.ieu désire

Quel type de demeure D.ieu désira-Il ? La création du monde n’ajouta rien, pas plus qu’elle ne modifia Son unicité. D.ieu est le même « Un » avant et après qu’Il ait créé le monde. Du point de vue de D.ieu, Il est un, et il n’existe aucune réalité indépendante en dehors de Lui. Comme notre existence dépend de Lui, nous ne faisons véritablement qu’un avec Lui.

Mais notre perspective à nous est très différente. De notre point de vue, l’unicité de D.ieu est difficile à percevoir. Le mot hébreu pour « monde », olam, vient du mot helem, « caché », parce que ce monde occulte la vérité de l’existence de D.ieu. La nature donne l’impression de fonctionner de manière indépendante, et ne donne pas lieu à la connaissance de la vérité de l’unité de D.ieu.

Le blocage est donc en nous, et non pas en Lui.

Et c’est là que se trouve tout l’intérêt de la création du monde : D.ieu veut que les êtres humains mortels que nous sommes saisissent la vérité ! Pour Lui, la vérité est évidemment apparente. Son désir essentiel est que nous ressentions dans notre propre expérience la certitude de l’unicité de D.ieu. On parle de « service » dans le sens où c’est quelque chose qu’Il désire désespérément. Nous ne Le complétons pas ; nous nous révélons la vérité à nous-mêmes pour lui.

Qu’est-ce qu’une demeure ? Un endroit où l’on peut ôter ses chaussures et être le « vrai soi ». D.ieu veut être chez Lui dans le monde, pour y être « Lui-même », pour y révéler le « vrai D.ieu ».

Que veut dire « les mondes inférieurs » ?

Et qu’est-ce qu’une demeure dans les ta’htonim, les mondes inférieurs ? Il n’y a pas de « plus haut » et de « plus bas » pour D.ieu, car Il est partout. L’expression « mondes inférieurs » désigne là où il y a le moins de révélation divine. C’est là qu’Il voulut être révélé : là où Il est occulté, dans l’endroit le plus improbable possible, la planète Terre ! Il veut que les êtres humains, avec leurs imperfections et leur ego, trouvent et reconnaissent la vérité. Il veut que chaque personne ait une révélation, que chacun puisse saisir la vérité de D.ieu. « Il doit y avoir un Créateur ! J’ai besoin de Lui et sans Lui, il n’y aurait rien. »

Tel est le but de la création ! Voir à travers la façade de ce monde. Cela ne veut pas dire que nous comprenons pourquoi D.ieu avait un désir si ardent, mais seulement que cette forme de service est ce qu’Il a désiré. D.ieu ne manque de rien, mais comme cela honore Son désir, cela s’appelle un « service », consistant à Le révéler dans nos cœurs et nos esprits, tout comme Il est révélé à Lui-même.

De quelle façon la prière est un service

Telle est la véritable signification de la prière, et la raison pour laquelle la prière est simplement appelée « service ». La prière consiste en bien plus que de marmonner des mots ; c’est reconnaître la vérité et servir D.ieu avec l’esprit, le corps et l’âme. Car c’est ce dont D.ieu a besoin de la part des mortels.

Note de l’âme : D.ieu veut que Ses « vraies couleurs » se manifestent ici, dans ce monde matériel, et je Le « sers » en reconnaissant la vérité pendant la prière.

Source : Le Maamar Lo Hibit  Avone BeYaakov dans Likoutei Torah, tel qu’expliqué dans ‘Hassidout Mevouéret, chapitre 1.