Un morceau de cire avec une mèche, dit un jour le Rabbi au diplomate israélien Yehouda Avner, devient une bougie au moment où on l’allume. Une fois enflammée, elle est complète, car elle remplit alors le but pour lequel elle a été créée. Les personnes sont composées d’un corps et d’une âme, et deviennent complètes lorsque leur âme est allumée. « C’est ce que j’essaie de réaliser : que chaque homme et chaque femme atteignent le but pour lequel ils ont été créés. »

Yehouda Avner demanda alors au Rabbi : « Avez-vous allumé ma bougie ? »

« Non, répondit le Rabbi, je vous ai donné l’allumette. Vous seul pouvez allumer votre propre bougie. »1

Lors d’une discussion avec des étudiants, le Rabbi compara une personne à une ampoule électrique reliée par des fils à de grands générateurs d’énergie. Pour allumer la lumière et éclairer son environnement, il faut savoir où se trouve l’interrupteur. « Mon travail, dit le Rabbi, consiste à dire à chaque Juif où se trouve son interrupteur. »2

« Je vous ai donné l’allumette. Vous seul pouvez allumer votre propre bougie. »

Lorsque le rabbin Tzvi Hirsh Weinreb, qui vivait alors dans le Maryland, souffrit d’une crise de la quarantaine, il appela le bureau du Rabbi pour solliciter son conseil. C’est le secrétaire du Rabbi qui décrocha. Le rabbin lui exposa son problème, lui dit d’où il appelait, mais ne donna pas son nom. Le secrétaire avisa le Rabbi qui se tenait dans la même pièce de la teneur de l’appel.

« Dites-lui qu’il y a un Juif qui vit dans le Maryland à qui il peut s’adresser. Il s’appelle Weinreb. »

Le secrétaire transmit cette réponse à son interlocuteur.

– Mais c’est de moi qu’il s’agit. Je m’appelle Weinreb.

– Si c’est le cas, dit le Rabbi, il faut qu’il sache qu’il faut parfois parler avec soi-même.3

Le rabbin Weinreb devint par la suite vice-président exécutif de l’Union orthodoxe

Alors qu’il était étudiant en philosophie à l’université de Cambridge, Jonathan Sacks prit un bus Greyhound de Los Angeles à New York pour poser ses questions sur le judaïsme au Rabbi :

« Je lui ai posé toutes mes questions intellectuelles et philosophiques. Il m’a donné des réponses intellectuelles et philosophiques, puis... il a inversé les rôles. Il a commencé à me poser des questions. Combien y a-t-il d’étudiants juifs à Cambridge ? Combien s’impliquent dans la vie juive ? Que faites-vous pour attirer d’autres personnes ? »

Le jeune Sacks tenta d’être évasif. Il commença une phrase par les mots : « Dans la situation dans laquelle je me trouve... », mais le Rabbi l’interrompit :

« Personne ne se trouve dans une situation, c’est vous qui vous mettez dans une situation. Et si vous vous mettez dans cette situation, vous pouvez vous mettre dans une autre situation. »

« Ce moment, dit Jonathan Sacks, a changé ma vie. » Sur les conseils du Rabbi, il devint un rabbin. Il occupa la fonction de grand rabbin du Royaume-Uni pendant deux décennies et devint un enseignant et un leader d’envergure mondiale. « Un bon leader crée des adeptes, mais un grand leader crée des leaders. C’est ce que le Rabbi a fait pour moi et pour des milliers d’autres. »4

Les personnes qui venaient chez le Rabbi pour obtenir des réponses étaient mises au défi d’apporter elles-mêmes des réponses et de l’éclairage.

À maintes reprises, les personnes qui venaient chez le Rabbi pour obtenir des réponses étaient mises au défi d’apporter elles-mêmes des réponses et de l’éclairage.

Au début, c’est à travers des audiences privées (ye’hidout) et des lettres que le Rabbi prodiguait ses conseils à ceux qui le sollicitaient. Plusieurs soirs par semaine, le Rabbi rencontrait une personne après l’autre, souvent jusqu’à plus de quatre heures du matin. Des sacs de courrier étaient livrés chaque jour à son bureau, et trente volumes de sa correspondance ont été publiés à ce jour. Au fil des ans, il devint de plus en plus difficile de maintenir ce régime et, en 1986, le Rabbi lança une nouvelle initiative lui permettant de continuer à interagir avec chacun de manière personnelle.

Chaque dimanche après-midi, le Rabbi se tenait à l’extérieur de son bureau, parfois pendant sept heures d’affilée, distribuant des billets d’un dollar fraîchement imprimés à des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui venaient recevoir sa bénédiction. Un dollar n’est pas une somme importante, mais ce geste incarne profondément le style unique de leadership du Rabbi. Le Rabbi donnait à chacun la possibilité de contribuer à la cause qu’il souhaitait. Le Rabbi investissait en vous, dans votre capacité à faire le bon choix et à faire quelque chose de bien.

Toutes sortes de personnes venaient, des étudiants et des hommes d’affaires, des politiciens et des officiers de police, des rabbins et des fauteurs de trouble, des gens célèbres et puissants et des nécessiteux. Le Rabbi les regardait tous dans les yeux, leur souhaitant « bénédiction et succès ».

Le Rabbi s’adressait à chaque personne en fonction des besoins et de la situation de celle-ci, lui offrant une acceptation chaleureuse tout en l’encourageant à se dépasser. Chaque rencontre était marquée par une profonde sensibilité, de l’humour, de la bienveillance et du sens, qui peuvent être le mieux appréhendés en visionnant les nombreux moments capturés sur film. Le Rabbi donnait souvent aux enfants un dollar supplémentaire, les encourageant à aider leurs parents dans leurs efforts.5

Le Rabbi s’adressait à chaque personne en fonction des besoins et de la situation de celle-ci, lui offrant une acceptation chaleureuse tout en l’encourageant à se dépasser.

À un homme récemment libéré de prison, le Rabbi dit : « Si les Juifs ont oublié la servitude égyptienne, il est temps pour vous d’oublier aussi votre prison. »6 À une femme lui annonçant une opération chirurgicale réussie, il dit : « Que D.ieu Tout-puissant vous bénisse de n’avoir à rapporter que de bonnes nouvelles de personnes en bonne santé ».7 À une reine de beauté israélienne, il dit : « Une femme qui craint Dieu utilise sa beauté pour de belles entreprises... dites-le aussi à vos amis et aux organisateurs ».8 À un contrôleur général des finances de New York, il dit : « La meilleure politique consiste à prévenir tous les événements inutiles... et à le faire avec la sagesse que D.ieu vous accordera dans une large mesure. »9 À un scénariste de film : « Vous pouvez écrire modestement... non pas pour détruire quelque chose, mais pour construire. »10 À un érudit rabbinique peu prolifique : « Je n’ai pas encore reçu un seul article publié... ce [dollar] vous oblige, il attend d’être racheté. »11