Question :

Je viens de recevoir un courrier électronique au sujet de la célébration du Nouvel An des Arbres en février. Je ne sais pas où vous vivez, mais là où j’habite, il gèle, avec beaucoup de neige qui recouvre les arbres. Si vous voulez célébrer les arbres, faites-le au printemps. Pourquoi maintenant, au beau milieu de l’hiver ?

Réponse :

Le 15e jour du mois juif de Chevat – ou Tou BiChevat, comme on l’appelle communément – n’est pas la version juive de la Journée de l’Arbre, mais est considéré comme le « Nouvel an des Arbres », ce qui a de réelles implications pour la loi juive. Le 15 Chevat sert à séparer une année de l’autre en ce qui concerne les lois de maasserot (dîmes des récoltes), de la orla (les fruits des trois premières années, interdits à la consommation) et de cheviit (la Chemita, l’année sabbatique).

Par exemple, la loi de la orla est que le fruit d’un arbre ne peut être consommé pendant les trois premières années après sa plantation. Les fruits de la quatrième année sont appelés neta reva’i, et sont sanctifiés ; ils doivent être consommés à Jérusalem ou « rachetés » avec de l’argent.1 À partir de la cinquième année, les fruits peuvent être consommés normalement.2

Mais comment détermine-t-on le moment où l’arbre a atteint trois, puis quatre ans ? À partir de Tou BiChevat.

En pratique, cela signifie que les fruits qui poussent après le 15 Chevat de l’année quatre peuvent être consommés à Jérusalem, et que ceux qui poussent après le 15 Chevat de l’année cinq peuvent être consommés à la maison.3

Pourquoi cette date fut-elle choisie ?

Comme c’est le cas pour de nombreuses lois de la Torah, la halakha est basée sur ce qui se passe en Terre d’Israël.4 Ainsi, puisque l’essentiel de la saison des pluies en Israël est terminé le 15 Chevat, cette date est considérée comme le Nouvel An de Arbres.5 Rabbi Chlomo Its’haki (Rachi) explique qu’à ce moment-là, le sol est saturé par les pluies de la nouvelle année, ce qui entraîne que la sève commence à monter dans les arbres, ce qui signifie que les fruits peuvent commencer à bourgeonner.

Le Talmud de Jérusalem donne une autre explication. Jusqu’au Nouvel An des Arbres, tous les arbres peuvent survivre grâce à l’eau de l’année précédente. Après leur Nouvel An, les arbres vivent de l’eau de la nouvelle année.6

La lumière au bout du tunnel

Si vous lisez ces lignes par un temps glacial, vous trouverez peut-être le plus grand réconfort dans l’explication de Rabbi Mena’hem Méiri (1249-vers 1310), qui souligne que la saison hivernale s’étend du mois de Tévet au mois de Nissan. Le 15 Chevat est le point médian entre l’automne et le printemps. Une fois la moitié de l’hiver passée, sa force s’affaiblit, le froid n’est plus aussi intense, et le processus de bourgeonnement commence.7

Alors, prenez courage. Oui, nous sommes peut-être au beau milieu de l’hiver, mais le 15 Chevat marque un tournant, un moment où, sous le froid et la neige, la sève des arbres monte et se prépare au printemps. En un sens, le 15 Chevat signifie que, parfois, c’est précisément dans les moments les plus sombres et les plus froids de notre vie que peuvent éclore de nouvelles opportunités !