Une lettre générale dédiée à ce sujet

À tous les fils et les filles d’Israël
où qu’ils se trouvent

Salutations et bénédictions !

Nous venons de marquer le 10 Chevat, le yahrtseit-hiloula de mon beau-père, le Rabbi. La notion de l’éternité de l’âme est donc encore « vivante » dans nos esprits, en particulier s’agissant de l’éternité de l’âme d’un nassi du peuple juif dont la vie entière était liée avec, et imprégnée de l’éternité de la Torah et des mitsvot. Ceci est d’autant plus vrai que le Rabbi a réussi à élever une génération – et de fait, plusieurs générations – de disciples et d’adeptes qui suivent sa voie.

Ceci en particulier sachant que l’objectif premier du Rabbi dans toutes ses activités était de répandre la connaissance de la Torah (tant sa partie révélée que sa dimension profonde) et l’observance des mitsvot au sein des cercles les plus larges de la communauté juive partout dans le monde, dans le but que celles-ci pénètrent chaque Juif et l’ensemble des Juifs, « avec nos jeunes et avec nos vieux, avec nos fils et avec nos filles »,1 sans exception aucune, selon les termes de la prière2 « nous sommes tous comme un », de manière à ce que « tous se tiennent prêts ensemble »3 et annoncent à Hachem : « Nous accomplirons et nous comprendrons »4 toutes les mitsvot et la Torah tout entière, pour l’éternité.

C’est pourquoi j’adresse la proposition et la demande redoublée suivante à chaque Juif, où qu’il se trouve.

En préambule :

Chaque année, à l’occasion du yahrtseit du Rabbi, tous les sujets liés au Rabbi doivent être (et sont) non seulement perpétués mais également (et surtout) renouvelés avec toujours plus de force, tels que doit l’être toute chose relevant du domaine du bien et de sainteté, conformément au principe selon lequel il faut augmenter en matière de sainteté5  ; et cela est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de questions de nature globale et fondamentale.

Ce renouvellement s’applique aussi aux choses qui existaient précédemment mais qui n’étaient pas considérées comme étant d’une importance capitale, ou qui n’étaient pas mises en valeur tel qu’elles le sont à présent qu’elles ont été renouvelées. Dès lors, ce renouvellement suscite chez une personne, et en particulier chez un Juif, une énergie nouvelle qui s’exprime dans son comportement concret, sachant que « Hamaasé hou ha’ikar – l’essentiel est dans l’action ».6 Ainsi, ces sujets renouvelés (même s’ils ne sont pas réellement nouveaux) apparaissent « ka’hadachim » – comme des initiatives nouvelles, jusqu’à atteindre un degré de renouveau qui les rend véritablement nouvelles – « ‘hadachim mamach ».

* * *

La nature de l’être humain tel qu’Hachem l’a créé est qu’il ne s’enthousiasme pas pour les événements quotidiens. Cela est vrai même si l’événement n’est pas fréquent, mais qu’il arrive avec, ou parmi, d’autres choses et n’est pas présenté comme étant de première importance. De telles choses n’attirent pas particulièrement l’attention, même si elles sont importantes en soi.

En revanche, lorsqu’une chose est présentée comme étant d’une importance fondamentale et qu’elle est suffisamment mise en valeur, les gens la perçoivent de manière tout à fait différente.

En ce qui nous concerne, cela s’applique à un sujet que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer, mais sans y mettre l’accent qui convient à un élément fondamental de notre vie quotidienne :

Il nous incombe de faire de chaque foyer juif un « mikdache mé’at », un « petit sanctuaire »,7 comme il ressort du commandement et de la promesse d’Hachem lorsqu’Il dit : « Il Me feront un sanctuaire et Je résiderai parmi eux ».8 Nos Sages soulignent en effet que le verset ne dit pas « Je résiderai en lui », au singulier, c’est-à-dire dans le Sanctuaire, mais « Je résiderai parmi eux », au pluriel, c’est-à-dire au sein même de chaque Juif : dans « ton cœur », « ton âme », « tes possessions »,9 dans chaque maison juive.

Pour dire les choses simplement, je souhaite souligner de la manière la plus forte que nous devons faire du concept de « Je résiderai parmi eux » un objectif primordial auquel nous devons consacrer les plus grands efforts – en pensée, parole et action – de manière à réaliser cela de la manière la plus complète possible.

Pour exprimer cela plus clairement et plus en détail :

Le mikdache mé’at – « Je résiderai parmi eux » – dans le cœur et le foyer de chaque Juif doit être un reflet, pour ainsi dire, du Sanctuaire général qui incluait en soi les trois piliers sur lesquels le monde repose : Torah, avoda, et guemilouth ‘hassadim – l’étude de la Torah, la prière et la bienfaisance, et qui constituait la source de ces sujets pour le monde entier.

La Torah. Celle-ci est mise en évidence dans le tout premier élément du commandement de faire un Sanctuaire, dans l’injonction « Ils feront une arche [...] et tu placeras dans l’arche le témoignage »10 (la Torah)11 – dans le Saint des Saints du Sanctuaire, et immédiatement après que l’écriture de la Torah (Écrite) ait été achevée il fut ordonné et accompli : « et vous le placerez (le rouleau de la Torah) auprès de l’Arche de l’Alliance de D.ieu »,12 dans le Saint des Saints.

La Avoda – la prière. Il est écrit au sujet du Sanctuaire : « Ma maison sera appelée une maison de prière »13 et « C’est la Porte du Ciel »14 – toutes nos prières sont dirigées vers le Temple (et le Saint des Saints) et s’élèvent au Ciel à travers lui.15

En outre, Maïmonide explique que le commandement « Ils me feront un Sanctuaire » consiste à ce qu’il y ait « une maison pour D.ieu dédiée à l’offrande de sacrifices ».16 Le sens profond de la notion de sacrifice17 est exprimée dans le verset : « Un homme qui approchera d’entre vous un sacrifice à Hachem »,18 c’est-à-dire se rapprocher de Hachem au point de Lui offrir « sa graisse et son sang », ce qui symbolise la prière, dans laquelle on offre sa volonté et son être à Hachem.

Guemilouth ‘hassadim – la bienfaisance. Immédiatement après le commandement de construire l’Arche Sainte, la Torah a ordonné : « Tu feras la Table [...] et tu placeras sur la Table du Pain ».19 Cela exprime le fait que le Temple était le lieu par lequel Hachem envoyait de Sa main pleine, ouverte, sainte et généreuse tous Ses bienfaits20 au monde entier en général21 et au peuple juif en particulier.

* * *

À toutes ces dimensions s’applique l’ordre d’Hachem de « suivre Ses voies »22  : de même que Hachem accomplit des actes de bienfaisance, tu dois accomplir des actes de bienfaisance, et ainsi de suite. De même, le « Petit Sanctuaire » de chaque foyer juif doit comporter ces trois piliers.

La Torah. Le foyer doit être « bayith chemégadeline bo torah – une maison où l’on fait grandir la Torah »,23 c’est-à-dire un foyer où la Torah est étudiée de façon régulière et d’une façon où celle-ci « grandit », tant du point de vue quantitatif que qualitatif. Cela implique également que la maison soit « une maison pleine de livres saints du judaïsme ». Et ces livres ne doivent pas demeurer sur l’étagère : la maison tout entière doit être pleine de (l’enseignement spirituel de) ces livres.

La Tefila – la prière. La maison doit être « bayith chemégadeline bo tefilaune maison où l’on fait grandir la prière »24 , en commençant la journée par « Modé ani lefanekha Melekh – Je Te remercie, ô Roi » et en la terminant avec « Hachkivénou Avinou Lechalom – Notre Père, fais que nous nous couchions en paix » dans la récitation du Chema avant de dormir.

Certes, la prière est faite en communauté à la synagogue, toutefois dès l’instant où l’on s’éveille, alors que l’on est encore au lit, on se redresse et l’on dit « Modé Ani », et l’on conclut la journée avec le Chema « du lit ». Et entre ces deux moments, de nombreuses prières et bénédictions sont également récitées, telles que les bénédictions dites avant et après manger, etc.

Guemilouth ‘hassadim. En plus d’avoir des boîtes de tsedaka dans la maison, c’est une maison où l’on accomplit l’hospitalité, et où la bienfaisance est accomplie avec son âme, son corps et ses biens envers des individus comme envers la communauté dans son ensemble : en soutenant les institutions où l’on étudie la Torah, les synagogues où l’on prie et les organisations caritatives, etc.

Une telle maison est un mikdache mé’at, un « Petit Sanctuaire » qui peut être comparé, pour ainsi dire, au « Sanctuaire de D.ieu façonné par Tes mains »25 (dans la paracha de la semaine26 ). Ceci est lié au verset qui suit immédiatement : « Hachem régnera pour l’éternité »27  : dans une telle maison, le « Modé ani lefanekha Melekh – Je Te remercie, ô Roi » pénètre chaque aspect de la maison, et devient le principe central régissant la conduite de la maison et de ses occupants tout au long la journée – « pour l’éternité ».28

Certes, les trois principes de Torah, tefila et tsedaka sont déjà présents dans les foyers juifs ; cependant, ce n’est pas pareil lorsqu’on en fait l’élément principal et le fondement de tous les aspects du foyer.

Et comme Hachem n’exige d’une personne que ce qu’elle peut accomplir en fonction de ses capacités, il découle que tout ce qu’Il exige d’un Juif ou d’une Juive s’inscrit totalement dans le cadre des capacités de celui-ci ou de celle-ci. En même temps, cependant, Hachem exige de chaque personne qu’elle utilise pleinement ses capacités à ces fins, en particulier d’après l’enseignement selon lequel « D.ieu n’a rien créé dans Son monde en vain »29 (c’est-à-dire une chose superflue ou qui ne puisse être exploitée) et Il s’attend donc à ce que les forces qu’Il donne soient utilisées au maximum.

Cela inclut également les forces qu’Hachem nous accorde afin d’augmenter constamment en matière de sainteté. Nous ne devons jamais nous satisfaire de ce que nous avons déjà accompli, aussi bien que cela puisse être, mais aller « de force en force »,30 progresser, nous élever de plus en plus haut de manière régulière et quotidienne dans tous les aspects du bien et de la sainteté.

* * *

Nous voyons ici le lien avec le Nouvel An des Arbres, et la leçon qu’il convient de tirer de celui-ci :

La Torah dit : « Car l’homme est un arbre des champs »,31 l’homme est comparé à un arbre. Or le signe qu’un arbre est vivant est qu’il grandit en permanence, et le but d’un arbre est de donner des fruits, et que ses fruits fassent eux aussi des fruits, les plus nombreux possible, et les meilleurs possible.

Il est attendu d’un Juif que son action connaisse également une croissance permanente, qu’il augmente de façon régulière dans toutes les bonnes choses qui s’expriment dans le cadre des trois piliers de la Torah, de la prière et des bonnes actions (les mitsvot).

Et puisque toutes ces choses sont liées au Tout Puissant, l’Infini, elles sont également infinies et il y a toujours la possibilité d’augmenter dans leur accomplissement. Et le Créateur a également donné les forces nécessaires à cette augmentation et à cette élévation, et plus encore : Il donne la capacité d’agir et de faire agir dans tout cela avec joie et enthousiasme.

* * *

Puisse être la volonté d’Hachem que chacun et chacune réussisse dans tout ce qui précède, et à travers cela, on hâtera encore plus la construction du Beth Hamikdache qui est évoquée dans le verset « le Sanctuaire de D.ieu façonné par Tes mains », lors de la venue de Machia’h, lorsque s’accomplira « D.ieu règnera pour l’éternité ».32

Lettre datée du 10-15 Chevat 5747 (Likoutei Si’hot, vol. 26, p. 412-418)

Une lettre aux enfants juifs

À tous les enfants juifs
où qu’ils se trouvent

Salutations et bénédictions !

En plus de la lettre générale, j’exprime ici plus en détail ma suggestion et ma demande redoublée à chacun d’entre vous, garçon ou fille, de faire de votre chambre, de votre lit, de votre table de travail, et ainsi de suite, une « maison » de Torah, de tefila, et de guemilouth ‘hassadimi par le fait que chaque jour vous y étudierez la Torah, vous y réciterez une prière à Hachem, vous y donnerez la tsedaka dans une boîte de tsedaka (sauf le Chabbat ou le Yom Tov), et ainsi de suite.

Chacun d’entre vous aura son propre Sidour (livre de prières), son propre ‘Houmach (ou un autre livre de Torah) et, de même, sa propre boîte de tsedaka.

[Et vous écrirez sur la page de garde du Sidour ou du livre de Torah la phrase « LaHachem haarets oumeloah – À D.ieu appartiennent la terre et tout ce qu’elle contient » (ou les initiales de ces mots « לה"ו ») – suivis de votre nom, selon la coutume juive. Si possible, vous écrirez cela aussi sur la boîte de tsedaka.]

* * *

Hachem bénira chacun d’entre vous et vous permettra de « pousser », de grandir et de vous élever dans la Torah, la tefila et les guemilouth ‘hassadim et l’accomplissement des mitsvot, selon le message délivré par le Nouvel An des Arbres, et de produire tout au long de l’année beaucoup de bons fruits (c’est-à-dire de bonnes actions),

— conformément aux multiples bénédictions accordées par mon beau-père, le Rabbi,

et que vous puissiez accomplir tout cela en bonne santé et dans la joie.

Lettre datée du 10-15 Chevat 5747 (Likoutei Si’hot vol. 26, p. 420)

Une année dédiée à cette idée

.. puisque que nous parlons d’éternité, nous revenons à ce dont il a été question ces derniers temps, à savoir l’idée de faire de nos foyers des « maisons de Torah, tefila et guemilouth ‘hassadim », et ce de manière pérenne et éternelle, car la maison exprime la notion d’éternité.

À ce stade, j’aimerais ajouter un nouveau point :

Il est opportun que chacun d’entre nous individuellement, et tous ensemble collectivement, désignions l’année qui commence – à partir de ce rassemblement d’aujourd’hui et en continuant jusqu’au 15 Chevat (ou la hiloula du 10 Chevat) 5748 – comme une année dont le point central sera que chacun s’efforce de faire de sa maison une maison de Torah, de tefila et de tsedaka.

Pour clarifier ceci plus en détail :

En premier lieu, il ne s’agit pas ici nécessairement d’une maison entière de plusieurs étages, mais d’accomplir cela (au moins) dans ses « quatre coudées », son espace personnel à l’intérieur de sa maison. Et même s’il ne s’agit concrètement que d’une seule pièce, un Juif a la capacité de transformer cet espace en une « maison » où la Torah, la tefila et la tsedaka sont présentes « pour l’éternité », c’est-à-dire de manière durable et établie, dans la joie et la sérénité.

[...] D’un point de vue pratique, dans ses propres « quatre coudées », et à plus forte raison dans sa chambre (qui bien souvent mesure plus que quatre coudées) ou sa maison, on accomplira chaque jour sans discontinuer quelque chose dans le domaine de la Torah, de la tefila et de la tsedaka.

Je veux ajouter qu’il s’agit de quelque qui est la portée de chacun, car chacun sans exception reçoit la capacité d’avoir ses propres « quatre coudées ». Même un nourrisson dès sa naissance est entouré de « ses » quatre coudées dans lesquelles s’étend sa yé’hida, la partie transcendante de son âme, exactement de la même manière qu’un adulte. Dès lors, il a besoin lui aussi que cet espace soit un lieu de Torah, de tefila et de tsedaka, et ce, d’une manière établie, comme dans une « maison ».

Cela implique que même dans les « quatre coudées » du plus petit enfant, d’un nouveau-né qui vient tout juste de venir au monde, la Torah, la tefila et la tsedaka soient présentes de façon concrète, par exemple en plaçant un Chir Hamaaloth ou autre dans son berceau, en récitant les prières et les bénédictions de circonstance et en donnant la tsedaka en son mérite.

[On peut souligner que dans la mesure où l’adulte le plus accompli et l’enfant le plus petit sont égaux à cet égard, cela met en évidence l’unité intrinsèque du peuple juif dans laquelle tous ne font qu’un.]

Et il est certain – et c’est quelque chose d’évident dont tous peuvent attester – que cela est à la portée de chacun, car chaque personne a un endroit dans le monde qui est le sien et dans lequel elle se trouve, et il en va de même du temps et des autres dimensions de l’existence.

[...] Pour que les choses soient le plus clair possible, il convient de résumer le sujet encore une fois :

Chacun et chacune des personnes présentes, « des plus petits aux plus grands », prendront une même décision dans un même sujet, une décision qui s’étendra d’aujourd’hui jusqu’à l’année prochaine à la même date, sans tenir compte des changements qui surviennent au fil de l’année, qui est qu’en rentrant chez soi « sous sa vigne et sous son figuier », son objectif principal sera de faire de sa maison et de ses « quatre coudées », ainsi que de son cœur, un mikdache mé’at, un Petit Sanctuaire (à l’image de la « maison » de D.ieu dont il est question à la fin du Cantique de la Mer qui figure dans l’étude du ‘Houmach d’aujourd’hui : « le Sanctuaire de D.ieu façonné par Tes mains », le Beth Hamikdache) lié à la Torah, à la tefila et aux guemilouth ‘hassadim.

Et là où la chose existe déjà, on ajoutera davantage, même là où la « maison » est déjà parfaite, car la véritable perfection est sans limite, puisqu’elle est associée à la perfection ultime, c’est-à-dire à Hachem qui est infini. Il convient donc d’œuvrer encore plus dans ce sens, en ajoutant à la reconnaissance de la chose, ou en la développant en long, en large ou en profondeur, dans sa maison et dans ses « quatre coudées », en pensée, en parole et en action.

Si’ha du 13 Chevat 5747 (Torat Mena’hem 5747, vol. 2, pp. 426-427)