Cette coutume semble avoir été en vigueur dans les communautés d’Europe de l’Est avant la Shoah. Le Rabbi a toutefois rétabli cette pratique dans sa synagogue de New York. Elle a donné lieu à un nouveau genre de si’hot (discours) du Rabbi, inconnu jusqu’alors.


Dans les mots du Rabbi :

Le jeûne, écrit Maïmonide, « fait partie des voies de la techouva ». Il en est de même des quatre Jours de Jeûne communautaires qui furent institués « pour éveiller les cœurs et leur ouvrir le chemin de la techouva ».

C’est la source de la pratique jadis en vigueur dans de nombreuses communautés juives de prononcer des divrei kivoushine1 les jours de jeûne à l’heure de la prière de Min’ha, pour encourager les fidèles à s’engager dans la techouva.

Malheureusement, pour diverses raisons, cette pratique n’est plus observée que dans quelques endroits.

On peut expliquer que dans la majorité des communautés on ne dise pas de divrei kivoushine par le fait que la haftara des jours de jeûne dite à Min’ha constitue les divrei kivoushine par excellence. Il y a également le fait que les jours de jeûne sont des jours travaillés et il ne convient pas d’imposer à la communauté des contraintes supplémentaires.

Néanmoins, on peut constater que le fait de lire (ou d’entendre) la haftara, dont le texte est fixé par la tradition et de surcroît, en hébreu, n’exerce pas le même effet sur les fidèles que des divrei kivoushine dont la teneur est variable et qui sont prononcés dans la langue qu’ils parlent.

En particulier sachant que les divrei kivoushine qu’il était de coutume de prononcer lors des jeûnes publics traitaient généralement (aussi) des problèmes que la communauté affrontait à ce moment.

C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de prendre la parole maintenant :

Puisqu’il reste encore quelques heures avant le début du jeûne du 10 Tévet (qui commence seulement demain matin), le moment est opportun pour encourager le rétablissement de cette pratique, à savoir que dans les endroits où il est possible de l’instaurer, on prononce des divrei kivoushine après Min’ha (à tout le moins, quelques mots), ou bien que l’on récite un chapitre de Tehilim dont le contenu évoque l’esprit du jour.

Dans les endroits où cela n’est pas possible parce que cela constituerait un tir’ha detsiboura – une astreinte pour la communauté (ou du fait que les fidèles sont pressés par leur travail ou pour quelque autre raison), il convient au moins que l’on réfléchisse à une idée qui relève des divrei kivoushine.

Extrait de la Si’ha du soir du 10 Tévet 5738 [1977] (Likoutei Si’hot, Vol. 20, p. 352)

 

Suite à ce qui a été dit hier soir [...] concernant le renouvellement et le rafraîchissement de la pratique existant auparavant dans de nombreuses communautés de dire des divrei kivoushine les jours de jeûne après la prière de Min’ha :

Bien que cette pratique n’était pas en vigueur dans les synagogues de nos Rabbis,2 et qu’il faille faire preuve d’une grande prudence lorsque l’on introduit quelque chose de nouveau, malgré cela, s’agissant de quelque chose qui accroît la yirat chamaïm – la crainte de D.ieu [et qui entraîne un accroissement dans la pratique concrète des mitsvot, qui est l’essentiel du service divin], cet aspect non seulement justifie une telle nouveauté, mais il nous y inspire et nous y encourage, car on constate que les divrei kivoushine ajoutent effectivement à la yirat chamaïm.

Extrait de la Si’ha du jour du 10 Tévet 5738 [1977] (Ibid., p. 360)