C’est une pyramide très célèbre, mais elle a ses limites.

La hiérarchie des besoins d’Abraham Maslow est l’une des théories de la motivation les plus connues. Sa théorie stipule que les actions humaines sont motivées par certains besoins, souvent représentés par une pyramide des besoins, les plus élémentaires se trouvant en bas et les plus complexes en haut. Une personne s’attaque à un « besoin supérieur » une fois qu’un besoin inférieur est plus ou moins satisfait.

Les besoins les plus fondamentaux sont « physiologiques » (nourriture et eau), ce qui conduit à un besoin de « sécurité », suivi d’un désir d’« appartenance » et d’« amour » (amitié), qui conduit ensuite à un désir d’« estime » (prestige). Le besoin ultime est celui de « réalisation de soi » (épanouissement personnel ou activités créatives). Ces termes décrivent la capacité naturelle à se concentrer sur des besoins de plus en plus élevés à mesure que les besoins inférieurs et plus fondamentaux sont satisfaits.

L’idéal le plus élevé est l’épanouissement et la réalisation de soi, le mot clé étant « soi ». Si l’on considère notre côté humain, l’objectif le plus élevé possible est d’être une personne morale, gentille, expressive et épanouie.

Les besoins de l’âme divine

Voici la limite : Les psychologues analysent uniquement notre « psyché humaine », c’est-à-dire notre âme animale. Cependant, notre âme divine et altruiste fait également partie de notre psyché. Il ne suffit pas de vivre une bonne vie parce que notre intellect ou notre hiérarchie le dicte ; nous devons prendre ce moi et le transcender. Nous devons satisfaire les désirs de D.ieu, pas seulement les nôtres. Nous ne nous sentirons jamais pleinement épanouis et satisfaits en répondant uniquement aux besoins de l’âme animale ; nous ne nous sentirons « bien » que lorsque cet épanouissement personnel aura un objectif plus élevé à l’esprit : servir D.ieu. Être saint.

Et c’est là, en résumé, la mission de l’âme divine. Influencer l’âme animale non seulement pour qu’elle ne s’engage pas dans le mal, mais pour qu’elle s’applique à des quêtes positives dans un but saint et divin.

La lutte quotidienne

L’âme animale et l’âme divine luttent quotidiennement. S’il est vrai que l’âme animale est également issue de D.ieu, elle paraît ne pas reconnaître sa source et se perçoit comme un être indépendant. L’âme animale veut se livrer à des entreprises, des pensées et des émotions égoïstes, qu’elles soient négatives (par exemple, la colère) ou positives (par exemple, être gentil), mais elle le fait avec une arrière-pensée (par exemple, être bon et faire la charité afin que son nom s’étale sur un bâtiment).

La seule raison pour laquelle nous sommes capables de pécher est la nature égoïste de l’âme animale. Mais l’âme divine, qui est comparée au souffle de D.ieu qu’Il a insufflé en nous, conserve son lien avec D.ieu et essaie vaillamment de séparer le bon du mauvais et d’élever et de raffiner l’âme animale. L’âme divine s’efforce d’élever l’âme animale et sa motivation même, de sorte qu’elle aussi ne désire tous les éléments de la hiérarchie de Maslow que pour accomplir la volonté divine, car c’est ce que D.ieu attend d’elle. L’âme divine veut que la bonté et la moralité soient enracinées dans l’obéissance à D.ieu, plutôt que dictées par la logique humaine ou par ce que l’on ressent comme étant bon. Elle veut que les passions et les désirs de l’âme animale soient transformés au point que le véritable désir et le plaisir d’une personne découlent d’une vie consacrée à D.ieu et à Sa Torah.

Cette âme divine juive est appelée « Israël » (« Yisrael »), ainsi nommée parce que « tu as lutté avec [un ange de] D.ieu et avec des hommes, et tu as vaincu » (Genèse 32, 29). L’âme a l’obligation et la capacité, tant qu’elle se trouve dans le corps, de lutter avec les émotions, les pensées et les comportements de l’âme animale et de l’emporter sur ceux-ci.

Il faut toute une vie pour accomplir cela. De fait, il est donné à une personne autant d’années sur cette terre qu’il lui en faut pour transformer son âme animale. Comme il est dit dans les Psaumes (90, 10) : « Les jours de nos années à cause d’eux sont de soixante-dix ans. » À qui le mot « eux » fait-il référence ? Aux deux forces à l’intérieur de soi. Tout le temps dont nous avons besoin pour dominer notre bête intérieure et en faire un mensch nous est donné. La durée de notre vie est déterminée par le temps dont notre âme a besoin pour accomplir sa mission.

La prière comme champ de bataille

La prière est l’interface où tout cela se passe. La prière est le champ de bataille, la scène sur laquelle se déroule la bataille et où l’âme animale et l’âme divine interagissent.

Quel est donc le secret ? Comment une âme divine peut-elle vaincre l’âme animale pendant la prière ? Comment se déroule cette guerre mentale et spirituelle ? Allons-nous combattre nos impulsions au corps à corps ?

Pas exactement. La stratégie est entièrement différente. En fait, nous ne reconnaissons pas du tout les spécificités de la nature négative de l’âme animale. En focalisant notre esprit sur D.ieu, cela affaiblit automatiquement le négatif de l’âme animale et élève celle-ci. La structure de la prière nous entraîne naturellement dans un processus visant à séparer le mauvais de l’âme animale et à élever même le bon de l’âme animale.

Pour que vous puissiez vivre au-delà de la Pyramide.

(Restez à l’écoute pour le prochain article exposant le processus tactique de la prière.)

Source : le Maamar Ki Tihiyena Léish dans Likoutei Torah, tel qu’expliqué dans ‘Hassidout Mevouéret, chapitres 1-3.