Si un homme promet expressément par un vœu de donner à D.ieu la valeur estimative d’une personne, l’estimation sera la suivante : pour un homme de vingt à soixante ans, l’estimation sera de cinquante sicles d’argent (Lévitique 27,2-3).
Rabbi Hillel de Paritch fut l’un des nombreux grands érudits de son époque à rejoindre le mouvement ‘hassidique ‘Habad. De nombreuses années durant, il fut un disciple et un fervent adepte des deuxième et troisième rabbis de ‘Habad, Rabbi DovBer et Rabbi Mena’hem Mendel de Loubavitch.
Dans sa jeunesse, Rabbi Hillel avait entendu parler du fondateur du ‘hassidisme ‘Habad, Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, et avait cherché à le rencontrer. Mais cette occasion semblait échapper sempiternellement à ce jeune prodige : à peine était-il arrivé dans une ville où Rabbi Chnéour Zalman était en visite qu’on l’informait que le Rabbi venait d’en partir. Finalement, il réussit à localiser quel serait le logement de Rabbi Chnéour Zalman dans une certaine ville avant que celui-ci n’y arrive. Afin de s’assurer qu’il ne manquerait pas, une fois de plus, sa chance, Rabbi Hillel se glissa dans la chambre de Rabbi Chnéour Zalman et se cacha sous le lit, déterminé à faire enfin la connaissance du grand Rabbi.
En prévision de sa rencontre avec Rabbi Chnéour Zalman, Rabbi Hillel s’était « armé » de quelques-uns de ses accomplissements dans l’étude du Talmud. À cette époque, le jeune érudit étudiait le traité Arakhine, ou « Évaluations », la section du Talmud qui traite des lois sur la manière d’évaluer la valeur des promesses de charité. Rabbi Hillel avait une question sur le sujet qu’il avait répétée avec diligence afin d’en discuter avec le Rabbi.
De sa cachette, Rabbi Hillel entendit le Rabbi entrer dans la pièce. Mais avant qu’il ne puisse faire un geste, il entendit Rabbi Chnéour Zalman dire à voix haute : « Si un jeune homme a une question concernant les “Évaluations”, il ferait mieux de s’évaluer d’abord lui-même. »
Le prodige sous le lit s’évanouit sur le champ. Lorsqu’il revint à lui, Rabbi Chnéour Zalman était déjà reparti...
Le Rabbi de Loubavitch, de mémoire bénie, demanda : Comment devons-nous appliquer cette histoire à nos vies ?
Le traité « Évaluations » traite des lois présentées au chapitre 27 du Lévitique : si une personne s’engage à faire un don à la charité, mais qu’au lieu de citer une somme, elle dit « Je promets de donner la valeur de cet individu », nous devons suivre un tableau de taux fixe établi par la Torah, dans lequel chaque groupe d’âge et de sexe se voit attribuer une certaine « valeur ».
Mais pourquoi utiliser un taux fixe qui regroupe tant d’individus différents ? Un érudit accompli ne devrait-il pas être considéré comme ayant plus de valeur qu’un simple ouvrier ? La Torah affirme que nous sommes tous égaux devant D.ieu, « depuis vos têtes, les chefs de vos tribus, vos aînés... jusqu’à vos coupeurs de bois et vos porteurs d’eau ».1 Mais une personne peut-elle vraiment considérer son prochain comme étant son égal quand il lui est si manifestement supérieur en termes de talent et de réussite ?
C’est l’essentiel de la remarque de Rabbi Chnéour Zalman : Si vous avez une question concernant les « évaluations », si vous avez du mal à comprendre l’évaluation de la valeur humaine par la Torah, vous feriez mieux de vous examiner longuement. Une évaluation honnête de votre propre caractère et de votre propre comportement vous montrera tout ce que vous pouvez apprendre de chaque homme, tout ce que vous pouvez imiter chez ceux qui sont supposés être « inférieurs » à vous.
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