Question :

J’ai récemment assisté à un cours sur la Kabbale et la pensée ‘hassidique. Le rabbin parlait des « quatre éléments » – la terre, l’eau, l’air et le feu – tels qu’ils se trouvent dans l’âme humaine. Je reconnais cette idée de la philosophie grecque antique et médiévale, mais il semble qu’il y ait eu des progrès depuis lors : ma table périodique compte 117 éléments. La vision de la Torah n’est-elle pas obsolète ?

Réponse :

J’ai vu deux réponses écrites du Rabbi sur ce sujet, l’une étant une lettre écrite à l’origine en anglais, l’autre, une note cryptique en hébreu. Tout d’abord, la lettre, datée du 18 Tévet 5720 (16 janvier 1960) :

...vous me demandez d’expliquer la référence aux quatre « éléments de base » (yessodot) mentionnés dans le premier chapitre du Tanya, et vous me demandez comment il est possible de concilier cela avec la chimie moderne qui reconnaît plus de cent éléments.

De manière préliminaire, je dois apporter au moins deux corrections à votre lettre. Premièrement, l’origine de cette affirmation dans le Tanya n’est pas celle que vous écrivez, mais elle se trouve dans le Midrash Rabba, Bamidbar 14,12, טבעים, et plus longuement et plus en détail dans de nombreuses parties du Zohar, et développée dans d’autres livres de la Kabbale. Deuxièmement, la chimie moderne ne reconnaît pas plus de cent éléments de base, mais un nombre considérablement inférieur si la matière doit être réduite à ses composants ou particules de base. En effet, les soi-disant éléments sont eux-mêmes constitués d’atomes, qui sont les plus petites particules en lesquelles un élément peut être divisé tout en conservant ses propriétés et ses caractéristiques. Mais les atomes sont eux-mêmes constitués de particules plus petites, comme les électrons, les protons, les neutrons, etc.

La réponse à votre question réside donc déjà dans la définition correcte des termes en question. En effet, comme indiqué ci-dessus, un « élément » n’est pas la particule la plus fondamentale de la matière. Même le terme « atome », qui signifiait à l’origine quelque chose d’indivisible, est un archaïsme qui n’est plus employé que par commodité, car il ne correspond plus à sa signification initiale. De même, lorsque nous parlons d’un individu comme étant un élément de la société, cela ne signifie pas que l’individu lui-même n’est pas un composite.

Il faut garder cela à l’esprit lorsque nous considérons le terme Yessodot dans le Zohar, le Midrash Rabba, la Kabbale, etc., et, bien sûr, dans le Tanya et d’autres sources ‘Habad. Il ne s’agit pas de quelque chose qui, dans des circonstances normales, est indivisible ou immuable, mais des « briques » ou des composants qui constituent tout ce qui existe dans le monde. Je pourrais également mentionner qu’il existe une autre école qui conçoit ces quatre Yessodot, non pas dans leurs aspects physiques, mais plutôt qualitativement, c’est-à-dire « le feu », dans le sens des propriétés de chaleur et de sécheresse ; « l’eau », dans le sens de la fraîcheur et de l’humidité, et ainsi de suite.

Dans la note cryptique,1 le Rabbi dit à peu près la même chose que ci-dessus, mais ajoute une idée fascinante :

« Certains émettent l’hypothèse qu’ils sont quatre éléments de base : positif, négatif, antimatière, matière. »