C’était une belle journée d’automne, le dernier jour de Soukkot, et Crown Heights grouillait de visiteurs et d’habitants.
Et moi, je faisais la queue pour rencontrer le Rabbi, le cœur serré.
Comment moi, Steve Brody du Bronx, avais-je atterri dans un quartier ‘hassidique de Brooklyn ?
J’avais été élevé par mes grands-parents et, pour ne pas dire plus, j’étais un mauvais garçon, impliqué dans toutes les mauvaises choses. Je savais que j’étais juif, j’avais même fait ma bar-mitsva, mais je m’étais éloigné de tout cela.
Après notre mariage, ma femme, Barbara, m’a poussé à me lancer dans les affaires afin d’avoir un revenu stable pour la famille que nous espérions fonder. Comme je n’avais pas de formation ni d’études à mon actif, j’ai ouvert un magasin de cosmétiques dans le Queens, appelé « Mr. Discount ».
Un vendredi de 1978, un jeune homme portant un chapeau noir et une barbe naissante entra dans le magasin. Il se présenta comme étant Sholom Avtzon et me demanda si je voulais mettre les téfiline.
Je ne l’avais pas fait depuis ma bar-mitsva, mais j’ai accepté.
Cela devint un rituel hebdomadaire. Chaque semaine, Sholom venait au magasin, nous mettions les téfiline et discutions, et il me laissait une brochure contenant des réflexions sur la Torah, que je lisais tout au long de la semaine.
Notre relation s’est développée, et un jour, il m’a surpris en se présentant chez nous avec une équipe de jeunes gens encore plus jeunes que lui.
Ils étaient armés de chalumeaux, de chaudrons, et de tout ce qu’il faut pour purger une cuisine de toute trace de non-casher. Quelques heures plus tard, toute notre cuisine était casher.
Sholom nous a également donné quelques ustensiles supplémentaires à utiliser pendant que nous décidions ce qui serait destiné aux produits laitiers et ce qui serait utilisé pour la viande.
Nous avons commencé à acheter des aliments cashers et, depuis, notre maison est casher.
Au cours des années suivantes, avec les conseils de Sholom, je me suis impliqué davantage dans le judaïsme, en mettant les téfiline quotidiennement et en menant une vie plus juive.
Voyant mon intérêt pour la religion, certains de mes amis pensaient qu’il s’agissait d’un engouement passager, peut-être déclenché par le décès de mon père en 1984, mais ils avaient tort.
Bien sûr, lorsque Sholom me fit découvrir le monde de la Torah et du ‘hassidisme, il me parla du Rabbi, que j’ai commencé à admirer et à vénérer.

Et c’est ce qui m’a amené à Brooklyn.
Pendant les premières années de notre mariage, Barbara a fait quatre fausses couches. La quatrième fois était une grossesse extra-utérine et elle a perdu une trompe de Fallope. La trompe restante était bloquée par du tissu cicatriciel, ce qui signifiait qu’elle était physiquement incapable de concevoir.
Nous sommes allés de médecin en médecin, mais personne n’a pu nous aider.
En 1982, nous avons adopté notre fils Michael, que nous aimons de tout notre cœur.
Pourtant, nous avons souhaité, espéré et prié pour que Michael ait un frère ou une sœur, ce qui nous a causé beaucoup de peine et de chagrin.
Le jour de Hochaana Rabba, le dernier jour de Soukkot, en 1988, Sholom nous a emmenés à Crown Heights où le Rabbi distribuait du leka’h, du gâteau au miel, à tous ceux qui le souhaitaient. À chaque visiteur, le Rabbi remettait une part de gâteau et une bénédiction pour une douce année.
De longues files se sont formées, les hommes attendant dans une file et les femmes dans une autre.
Ma femme est passée la première et a demandé en larmes au Rabbi une bénédiction pour avoir des enfants, qu’il a accordée.
Lorsque mon tour est venu, j’ai demandé au Rabbi la même bénédiction. À ma grande surprise, le Rabbi m’a répondu : « J’ai déjà béni ta femme. »
Comment le Rabbi savait-il que la femme qu’il avait bénie plus tôt dans la journée était mon épouse ? Nous ne nous étions pas présentés, mais il le savait.
Cet été-là, environ neuf mois plus tard, nous avons été bénis par la naissance d’un fils biologique, David, dont le nom hébreu est Baroukh, qui signifie « béni ».
Cette même année, j’ai été informé que j’allais perdre le bail de mon magasin.
J’étais dévasté. J’avais deux enfants à charge, et mon magasin allait bientôt disparaître.
J’ai annoncé la mauvaise nouvelle à Sholom, mais il était ravi. « C’est merveilleux, a-t-il répondu. Maintenant tu peux te lancer dans un secteur d’activité où tu ne te sentiras pas obligé de travailler le Chabbat. »
Peu de temps après, j’ai reçu un appel d’une connaissance me proposant un poste de vendeur, quelque chose qui me permettrait de finir le travail aux horaires qui m’arrangent.
Grâce à D.ieu, j’ai très bien réussi. Une chose en entraînant une autre, je me suis rapidement retrouvé à gagner beaucoup plus que ce que je n’aurais jamais gagné au magasin.
Je suis maintenant à la retraite et j’ai le luxe de consacrer beaucoup de temps à l’étude de la Torah et à une vie juive bien remplie.

Il y a un beau post-scriptum à cette histoire.
J’ai récemment assisté à une fête de la famille Avtzon et j’ai été attristé de voir que mon ami Sholom avait une mine affreuse. Il était pâle et faible.
Il m’a dit qu’il était sorti récemment de l’hôpital, qu’on lui avait prescrit un traitement et qu’il allait bien.
Mais je n’étais pas convaincu. J’ai donc appelé mon fils, David, qui est maintenant directeur général adjoint d’un grand hôpital. David l’a persuadé de venir à son hôpital, où il serait pris en charge.
Moins d’une demi-heure après son arrivée, la source du problème – qui avait échappé à l’autre hôpital – a été localisée et, après une courte intervention, Sholom était désormais sur le chemin de la guérison.
Sholom et moi avons parlé de cette incroyable tournure des événements : il avait joué un rôle déterminant dans l’obtention de la bénédiction du Rabbi pour la naissance de David, et maintenant David était le canal par lequel sa vie avait été sauvée.
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