Vous connaissez ces moments où nous faisons ce que nous avons à faire, mais quelque chose nous turlupine ? Nous remplissons notre journée d’une multitude d’accomplissements et pourtant nous nous sentons mal à l’aise et avons envie de nous enfuir ? Notre esprit est tourmenté, et il semble parfois que c’est l’existence elle-même qui est douloureuse.

C’est peut-être simplement la voix de l’âme. Celle-ci veut échapper à la réalité du monde, être libérée des contraintes et des limites du monde physique. Elle aspire à ne faire qu’un avec D.ieu et à n’avoir aucune inhibition. Ce qui semble n’être que de la simple frustration ou contrariété cache peut-être autre chose : nous sommes peut-être une personne HPS – ayant un haut potentiel spirituel –, et le fait d’être trop investi dans le matériel nous laisse sur notre faim.

Il y a pourtant un moment et un lieu pour cette évasion à laquelle nous aspirons tellement, et c’est même un élément central du judaïsme. Dans le lexique ‘hassidique, on l’appelle Ratso vaChov, « l’aspiration et le retour ». Ratso (« l’aspiration ») est le désir de l’âme d’échapper aux contraintes de la matérialité et de transcender son environnement. C’est précisément le but de la prière et même la façon de prier.

La prière est en effet le moment où l’âme s’élève plus près de son Créateur, pour chanter, affirmer et louer la Source de toute la création. C’est littéralement le paradis de l’âme sur terre. La prière est un moment où l’on laisse l’âme « en liberté » et où on lui donne le temps et l’espace d’exprimer sa passion, son amour et son désir de se rapprocher de D.ieu. Où l’on laisse les prières se déployer sans permettre à l’âme animale de tourner l’âme en dérision ou de l’inhiber. Comment convient-il de prier ? D’une manière qui nous permette d’échapper aux pressions, aux responsabilités et aux « problèmes » de la vie quotidienne.

Puis vient le chov, « le retour ». Nous avons donné à notre âme un espace où s’échapper, mais vient ensuite le travail le plus difficile : être présent. Après avoir prié avec une telle ferveur, l’âme se sent en capacité et déterminée à retourner à la routine de ses tâches quotidiennes, mais avec le feu et la passion qu’elle a connus pendant la prière. Elle est capable d’être présente dans le monde en sachant que l’intention de D.ieu est de vivre le moment présent, exactement comme il se présente. Alors que la prière incarne le ratso, lorsque nous sommes engagés dans les mitsvas impliquant des objets matériels et dans l’étude de la Torah, cela incarne le chov.

Tout comme nos poumons inspirent et expirent, et notre cœur se contracte et se dilate, notre âme aspire et revient dans une danse délicate qui résume l’expérience humaine.

Assurez-vous simplement de prendre les désirs de l’âme au sérieux et de lui fixer un temps pour son évasion quotidienne. Et assurez-vous ensuite de la rediriger vers la planète Terre dans un cycle continu et plein de sens.

Source : Torat Mena’hem 5745, vol. 1, p. 639.