Ce qui précède explique également la phrase des prières des Jours Solennels : « Ils formeront tous ensemble une communauté soudée (אגודה אחת) pour accomplir Ta volonté d’un cœur entier. » Cela signifie qu’il peut exister « une communauté soudée » uniquement lorsque son but est « d’accomplir Ta volonté ». Cela exclut qu’il puisse exister une communauté soudée sans que celle-ci ait pour but « d’accomplir Ta volonté ». Si ce but est manquant, une telle communauté ne peut exister.
Non seulement il ne peut y avoir de communauté véritablement unie réunissant un nombre important de personnes, mais même une communauté de deux personnes ne peut exister [tant qu’un tel objectif est absent]. Puisqu’il s’agit de deux personnes distinctes, dont les visages ne sont pas les mêmes et dont les opinions ne sont pas les mêmes, même si elles se sont unies pour un projet donné, c’est seulement une unité superficielle, qui dépend de ce projet spécifique. Dans leur être essentiel, cependant, elles demeurent deux personnes distinctes et il n’y a pas là une véritable communauté.
Mais lorsque la communauté est formée dans le but « d’accomplir Ta volonté d’un cœur entier », c’est-à-dire dans le but d’accomplir la Torah et les commandements, alors la Torah révèle l’essence de l’âme, et sur le plan de l’essence de l’âme, tous les Juifs constituent une entité unique, comme expliqué précédemment.
C’est la teneur de l’histoire que le Rabbi [précédent, Rabbi Yossef Its’ḥak, Ndlr] a raconté une fois à propos d’un homme de haute stature spirituelle qui pleura amèrement lorsque son fils n’était pas en bonne santé. Plus tard, il se lamenta qu’il n’aurait pas pleuré aussi amèrement s’il s’était agi d’un autre enfant juif, ce qui était l’indication qu’il se ressentait lui-même et l’autre Juif comme étant deux entités distinctes. C’était pour lui une preuve factuelle qu’il se trouvait encore au tout début du travail et du développement spirituels, car si son travail spirituel avait été authentique, la Torah et les commandements auraient révélé l’essence de son âme au sein de laquelle tous ne forment qu’une seule entité...
Il s’avère que c’est seulement lorsque nous nous réunissons tous « pour accomplir Ta volonté d’un cœur entier » qu’il peut y avoir une véritable communauté. Alors qu’en ce qui concerne d’autres causes [...], bien que des personnes puissent être liées entre elles par un certain projet, elles restent néanmoins des entités séparées pour les raisons suivantes :
- Dans toutes leurs autres affaires, elles n’ont aucune relation, car leurs opinions ne sont pas les mêmes, et elles sont en fait totalement différentes par essence. Celle-ci est distincte et cette autre est distincte. C’est seulement par rapport à une chose bien spécifique qu’elles se sont unies, et cette unité est seulement sur le plan de cette chose et sur celui des facultés humaines qu’elle requiert.
- Même du point de vue de ce projet spécifique, elles ne sont pas non plus véritablement unies, c’est-à-dire que même dans ce contexte, elles demeurent des entités séparées. Puisque dans la totalité de leurs identités, elles sont deux personnes distinctes (comme expliqué ci-dessus), même s’agissant de ce projet précis, chacune d’elle agit d’une manière qui est circonscrite par sa propre existence et ses propres sentiments. C’est seulement à un niveau superficiel qu’elles agissent de concert.
- De plus, cette unité superficielle dans ce projet spécifique ne sera pas durable. Étant donné que dans leur être fondamental, elles sont séparées les unes des autres, et que pour chacune d’entre elles son propre être fondamental et ses autres préoccupations constituent une plus grande priorité et sont plus importantes que ce projet mutuel, dès que celui-ci entrera en conflit avec leur propre être, elles se sépareront les unes des autres et la communauté superficielle se désintégrera.
En effet, nous avons vu concrètement le cas de nombreux groupes de ce type, qui semblaient apparemment relever d’un engagement fort, et qui finalement, lorsqu’un conflit est survenu avec l’existence individuelle des différents membres, se sont effondrés au point où il n’en reste rien.
C’est donc une bonne idée que toute assemblée, quel que soit le but pour lequel elle est convoquée, intègre au moins un élément lié à la Torah et aux commandements. Cet élément devrait être le fondement de la communauté, et grâce à lui elle se maintiendra en tant que communauté durable dédiée à l’objectif volontaire qu’elle s’est fixé.
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