Lorsque nous parlons de l’inclusion mutuelle des âmes d’Israël, nous disons qu’il ne s’agit pas d’une question d’individu et de communauté, mais plutôt d’une question de partie et d’essence. Toutes les âmes sont enracinées dans l’essence divine, et l’essence divine est l’essence qui se déploie dans chacune des âmes individuelles, dans toutes les parties, et c’est la même essence partout. Il s’ensuit que lorsque vous saisissez un Juif, vous saisissez tous les Juifs, car l’essence de l’Israël collectif se trouve dans chaque âme individuellement.

C’est le sens de la déclaration de l’Admour Hazakène dans le Tanya, au chapitre 32, selon laquelle les âmes sont « jumelles » (מתאימות). La conception selon laquelle les âmes sont « jumelles » est plus élevée que la conception mentionnée plus loin, selon laquelle « il y a un seul père pour nous tous ». Le fait que les âmes soient « jumelles » signifie qu’elles sont toutes une seule essence, une essence qui se démultiplie et se différencie en de nombreuses parties, tout en restant la même essence.

Ainsi, nous pouvons comprendre la déclaration du Baal Chem Tov concernant l’amour d’Israël, selon laquelle il faut aimer un Juif qui se trouve au bout du monde, même si on ne l’a jamais vu ni entendu parler de lui.1

Cela soulève la question : comment est-il possible d’aimer quelqu’un dont on ne sait absolument rien ? Dès lors que l’on connaît quelqu’un, il est possible de l’aimer. Mais comment est-il possible d’aimer quelqu’un que l’on n’a jamais vu ou dont on n’a jamais entendu parler ?

De même, le commandement général « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »2 n’est pas compris. Le sens de ce commandement est que l’on doit aimer l’autre précisément comme on s’aime soi-même. C’est-à-dire que, de la même manière que l’on s’aime soi-même – avec un amour qui n’est pas circonscrit par la raison et la connaissance mais qui est un amour essentiel –, on doit aimer un autre Juif avec le même amour essentiel. Comment est-il possible d’aimer l’autre d’un amour essentiel ? Vous et l’autre êtes apparemment deux entités distinctes. Vous êtes vous-même, et l’autre est l’autre. Par conséquent, comment est-il possible d’aimer l’autre comme on s’aime soi-même ?

Mais ceci est compris à la lumière de ce qui précède, à savoir que vous et l’autre n’êtes pas deux entités séparées, mais en fait une seule essence qui se sépare en deux parties. Puisque l’essence qui se trouve à l’intérieur des deux parties est la même, elles sont en fait toutes deux la même entité, et il peut donc y avoir un commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », car cela ne signifie pas avoir de l’amour pour un autre mais avoir de l’amour pour son propre moi, et donc l’amour de son prochain peut être un amour essentiel ; puisque c’est un amour essentiel, c’est-à-dire au niveau de l’essence, il importe peu que l’un n’ait jamais vu l’autre. Du point de vue de l’essence, vous êtes une seule et même essence.

Cela explique ce dont nous avons parlé précédemment, à savoir que chaque Juif, quelle que soit sa situation antérieure, peut s’unir à tous les Juifs, [selon les derniers mots de la Torah qui sont lus à Sim’hat Torah :] « devant les yeux de tout Israël », en tant que partie de l’essence. Ainsi, on a la capacité de conclure la Torah et de recommencer à partir des [premiers mots de la Torah :] « Béréchit Bara – Au commencement, D.ieu créa ». Ceci parce qu’en vous réside « devant les yeux de tout Israël », c’est-à-dire que vous avez transcendé votre existence individuelle et que vous ne vous considérez plus comme une entité indépendante, mais êtes devenu une partie de l’essence d’Israël.

Cela signifie que le retour spirituel (תשובה) qui est atteint à Sim’hat Torah touche l’essence singulière de l’âme (יחידה שבנפש) qui est liée à la singularité de D.ieu – l’essence de l’âme dans laquelle toutes les âmes sont alignées –, raison pour laquelle l’individu est une actualisation incarnée du commandement « aime ton prochain comme toi-même », « devant les yeux de tout Israël ». Alors vous touchez non seulement l’essence de la lumière infinie (עצמות אור אין סוף), ni seulement l’essence de l’infini (עצמות אין סוף), mais plutôt l’essence et l’être ultimes de D.ieu (עצמות ומהות ממש). Ensuite, vous pouvez avancer et continuer à lire « Béréchit Bara – Au commencement, D.ieu créa les cieux et la terre », et le mot « bara » peut être lu comme révélation,3 ce qui signifie qu’il vous est révélé que l’être entier des cieux et de la terre et de toutes leurs légions n’est rien d’autre qu’une révélation divine, que l’être du monde n’est que divinité et qu’il n’y a rien en dehors de D.ieu (אין עוד מלבדו).

(à suivre...)