Rabbi Yonathan ben Asmaï et Rabbi Yehouda ben Guérim avaient étudié dans la maison d’étude de Rabbi Chimone bar Yo’haï. Ils lui firent leurs adieux le soir. Le lendemain matin, ils vinrent de nouveau prendre congé de lui.

Il leur demanda : « Vous ne m’avez pas dit au revoir hier soir ? ».

Ils répondirent : « Rabbi, vous nous avez appris qu’un élève qui dit au revoir à son maître et passe la nuit dans la même ville doit lui dire au revoir à nouveau. »

« Ce sont des hommes bien, dit-il à son fils. Va les voir pour qu’ils te bénissent. »

Son fils se rendit auprès d’eux. « Que veux-tu ? », lui demandèrent-ils.

Il dit : « Mon père m’a dit : “ Va les voir pour qu’ils te bénissent.” »

Ils lui dirent : « Que D.ieu veuille que tu plantes et que tu ne récoltes pas ; que tu fasses entrer et que tu ne fasses pas sortir ; que tu fasses sortir et que tu ne fasses pas entrer ; que ta maison soit détruite, tandis que ton auberge sera habitée ; que ta table soit en désordre ; et que tu ne voies pas de nouvelle année. »

Il retourna chez son père et dit : « Non seulement ils ne m’ont pas donné de bénédiction, mais ils m’ont maudit ! »

« Qu’ont-ils dit ? », demanda-t-il.

Son fils lui raconta.

« Tout ce qu’ils t’ont dit est une bénédiction : “Tu planteras et ne récolteras pas” signifie que tu auras des enfants qui ne mourront pas de ton vivant. “Tu feras entrer et tu ne feras pas sortir” signifie que tu feras entrer des belles-filles dans ta maison, et que tes fils ne mourront pas jeunes, laissant tes belles-filles retourner chez leurs pères. “Tu feras sortir et tu ne feras pas entrer” signifie que tu marieras tes filles à des hommes qui ne mourront pas jeunes, de sorte que tes filles n’auront pas à retourner dans ta maison. “Ta maison sera détruite, tandis que ton auberge sera habitée” : ce monde est une auberge, tandis que la tombe est ta maison, ce qui signifie que tu vivras longtemps. “Ta table sera en désordre” par tes enfants. “Tu ne verras pas de nouvelle année” signifie que tu n’auras qu’une seule année de jeune marié : ta femme ne mourra pas et tu n’auras pas à en épouser une autre. »