Dans certaines communautés juives, la coutume veut que le 33e jour du compte du Omer, appelé Lag BaOmer, les enfants sortent dans les champs et jouent à tirer à l’arc.

Aucun arc-en-ciel ne fut vu

La raison généralement invoquée pour cette coutume est que ce jour marque le décès de l’un des plus grands sages de la Michna, Rabbi Shimon bar Yo’haï. En plus d’être l’un des plus grands sages tannaïques, il est également connu comme l’auteur du saint ouvrage kabbalistique, le Zohar (« Brillance »), qui contient les interprétations mystiques de la Torah.

Les sages ont proclamé qu’aucun arc-en-ciel n’était apparu dans le ciel du vivant de Rabbi Shimon.1 Qu’y a-t-il de si extraordinaire à cela ?

Après le Déluge, à l’époque de Noé, un arc-en-ciel apparut dans le ciel, symbole de la volonté de D.ieu de ne plus jamais détruire le monde par un déluge. L’apparition d’un arc-en-ciel est donc le signe que le monde, ou certaines de ses parties, méritent d’être punis. Ainsi, les sages voulaient dire que de son vivant, le mérite de Rabbi Shimon avait protégé toute la génération et qu’il n’était pas nécessaire qu’un arc-en-ciel apparaisse pour cela.

Le mot hébreu pour « arc-en-ciel », keshet, fait référence à la fois à l’arc-en-ciel et à l’arc utilisé dans le tir à l’arc (l’arc-en-ciel est d’ailleurs appelé l’« arc » de D.ieu2). Pour démontrer qu’après le décès de Rabbi Shimon, le signe de l’arc(-en-ciel) est désormais nécessaire, beaucoup ont l’habitude de jouer à tirer à l’arc en ce jour.3

L’arc-en-ciel de Machia’h

Le Rabbi de Loubavitch fait remarquer qu’il doit y avoir une raison plus positive à cette coutume, car la raison exposée ci-dessus souligne le fait que nous n’avons malheureusement plus le mérite de Rabbi Shimon et que nous avons donc besoin du signe de l’arc-en-ciel.4

Le Zohar nous dit qu’avant la venue du Machia’h, un arc-en-ciel particulièrement lumineux apparaîtra dans le ciel, annonçant la rédemption. Le Zohar explique qu’à l’heure actuelle, l’arc-en-ciel apparaît dans des couleurs ternes car il est uniquement destiné à rappeler qu’il n’y aura pas de retour du déluge comme à l’époque de Noé. Au moment de la rédemption, cependant, il apparaîtra dans toute sa panoplie de couleurs en expression de l’alliance éternelle que D.ieu a conclue avec Son peuple.5

Comme Lag BaOmer marque le décès de Rabbi Shimon Bar Yo’haï, qui a commencé à révéler les dimensions intérieures de la Torah et ses secrets, il est de coutume de jouer avec l’arc, symbolisant l’arc(-en-ciel) particulièrement lumineux qui apparaîtra pour annoncer la rédemption finale.6

Pourquoi spécialement les élèves ?

Outre le décès de Rabbi Shimon, Lag BaOmer marque également le jour où les disciples de Rabbi Akiva ont cessé de mourir. Le Talmud raconte que pendant les semaines séparant les fêtes de Pessa’h et de Chavouot, une épidémie s’abattit sur les disciples du grand sage Rabbi Akiva (le maître de Rabbi Shimon bar Yo’haï) « parce qu’ils n’agissaient pas avec respect les uns envers les autres ». Ces semaines sont donc observées comme une période de deuil. À Lag BaOmer, les décès ont cessé ; ainsi, Lag BaOmer porte également le thème de l’amour et du respect.

Comme l’explique le Rabbi de Loubavitch, cela nous permet de mieux comprendre pourquoi certains jeunes élèves interrompent leurs études pour aller à l’extérieur jouer avec des arcs et des flèches.

Lorsqu’il s’agit d’étudier la Torah, il y a deux façons de procéder. Si, pendant l’étude, un étudiant reconnaît et garde à l’esprit qu’il s’agit de sagesse divine, il est alors prêt à mettre son ego de côté pour comprendre pleinement ce qu’il apprend. Et s’il voit quelqu’un d’autre qui comprend peut-être mieux que lui, non seulement ne sera-t-il pas déçu si l’autre lui fait remarquer son erreur et lui explique l’enseignement, mais au contraire, il sera heureux d’être corrigé. Après tout, il a à présent une meilleure compréhension de la sagesse de D.ieu.

Si, par contre, tout tourne autour de la personne et de son ego, et de ce qu’elle a pu saisir avec son propre intellect, alors elle se vexera sûrement si quelqu’un a une compréhension différente de la sienne ou essaie de la corriger.

Les mystiques expliquent que l’épée et l’arc représentent deux façons de combattre les forces de la négativité. L’épée est utilisée pour le combat rapproché, tandis que l’arc et les flèches sont utilisés pour combattre à distance. L’épée représente le combat contre les formes les plus flagrantes et les plus visibles du mal, tandis que l’arc représente le combat contre une négativité plus subtile et plus évasive, qui semble être distante et ne pas constituer une menace directe.7

En outre, la mécanique de l’arc elle-même nous enseigne une leçon très importante sur le respect et la manière d’atteindre les plus hauts sommets. Pour tirer une flèche, il faut tirer la corde de l’arc. Plus la corde est tirée vers l’arrière, plus la flèche peut voler loin. Il en va de même lorsque nous mettons de côté notre propre ego et que nous reconnaissons D.ieu et Sa sagesse. Plus nous tirons notre propre ego vers l’arrière, plus nous atteindrons finalement de grandes hauteurs. Si nous mettons notre « moi » de côté, nous pouvons devenir vraiment illimités.

C’est pourquoi la coutume veut que ce soient les jeunes élèves qui jouent avec l’arc, ce qui symbolise le fait qu’en faisant preuve d’humilité, l’étude sera empreinte des intentions et du respect qui conviennent.8

Puissions-nous mériter de voir l’arc-en-ciel lumineux annonçant la venue de Machia’h rapidement de nos jours !

Voir La mystique du tir à l’arc