« Si vous connaissiez mon problème... »
J’ai entendu cette phrase un nombre incalculable de fois de la part d’adolescents parlant avec une hésitation qui émane de la honte qu’ils ressentent alors qu’ils sont accablés par une difficulté qu’ils considèrent comme unique. Ils essaient de faire ce qu’il faut, mais ils sont assaillis par des compulsions et des désirs qui ne les lâchent pas et qui sont en contradiction avec toutes leurs valeurs. Que la difficulté en question ait trait à la dépendance à Internet ou à des doutes sur D.ieu, à leur relation avec leurs parents ou à la pression que leurs camarades exercent sur eux, à des sentiments de désespoir ou à une anxiété débilitante, ils n’ont sincèrement pas demandé à être mis spirituellement en difficulté de cette façon.
Leur âme ne l’a pas demandé non plus. En fait, l’âme serait bien plus heureuse de rester dans sa place confortable au Jardin d’Éden. Pourquoi devrait-elle descendre dans ce monde et résider dans un corps qui non seulement ne l’aidera pas dans sa sainte mission, mais la perturbera avec des tentations et des plaisirs, et fera parfois obstacle à sa réussite ?
C’est là que réside le but de la création. L’âme n’est pas là pour elle-même, mais pour affiner et élever l’âme animale. Il est plus facile d’éprouver l’amour et la crainte de D.ieu dans les mondes supérieurs, mais elle est descendue ici-bas pour révéler la vérité dans le monde physique.
On raconte la parabole d’un roi qui voulait prouver à quel point la moralité de son fils était grande. À cette fin, il engagea une femme à qui il donna la mission de séduire son fils avec tous les outils à sa disposition, dans l’intention qu’il la refuse et démontre ainsi son intégrité. Il s’agit d’une forme de contre-pression destinée à rendre le prince plus apte spirituellement. La femme elle-même, qui semble tester le prince et le pousser dans ses retranchements, souhaite en vérité échouer dans sa tâche pour que le roi puisse se réjouir des valeurs et des principes inflexibles de son fils.
C’est exactement la vérité des difficultés que nous devons affronter. Plutôt que de ressentir de la honte, nous devrions nous sentir plus forts. Lorsque nous sommes confrontés à un désir de nous livrer à quelque chose d’immoral ou même à une pensée qui nous empêchera de servir D.ieu, c’est comme dans l’histoire de la femme engagée par le roi. Même nos propres démons intérieurs et notre mauvais penchant ne sont en fait qu’une mise à l’épreuve pour prouver à quel point nous pouvons être droits. D.ieu éprouve une immense joie lorsque nous pouvons considérer tous nos désirs négatifs, c’est-à-dire les désirs pour tout ce qui est interdit par la Torah, comme une épreuve qu’il nous appartient de surmonter pour prouver notre valeur.
Nous ne le demandons peut-être pas, mais c’est la raison pour laquelle nous sommes nés. Cette difficulté n’est pas étrangère du plan, elle en fait partie intégrante. Puisque seules des tentations que nous pouvons surmonter nous sont données, la lutte elle-même est un témoignage de notre potentiel ! Et nous sommes dotés d’un temps dédié chaque jour pour contempler cette vérité essentielle qui est que tout a été créé et est recréé par D.ieu à chaque instant.
Tel est le but de la prière. Nous prions et méditons et nous nous connectons à la vérité. La vérité qu’il n’y a pas de vrai mal, car même les forces qui semblent spirituellement impures ne sont que des occasions pour nous de renforcer nos muscles spirituels, et leur source est D.ieu lui-même, qui est la Bonté absolue. Rien sur cette planète ne nie vraiment D.ieu, car tout cela est une stratégie délibérée pour nous permettre de briller. Lorsque nous prions de cette manière, la prière devient un outil puissant pour surmonter nos épreuves au quotidien.
Comme le dit le Zohar, « Celui qui ne convertit pas l’amertume en douceur n’a aucune part dans le Monde à venir », car tel est le but ultime de la création. En voyant à travers l’« amertume » de la matérialité et en reconnaissant la « douce vérité » qui sous-tend l’existence, nous transformons en fait l’énergie négative de notre âme animale, la faisant passer de l’amer au doux. Lorsque nous percevons celle-ci pour ce qu’elle est vraiment, une épreuve de notre Père, le Roi, qui nous aime, elle perd son emprise sur nous ; et au lieu de nous alourdir, elle devient un exercice de musculation qui nous rend infiniment plus forts.
Source : D’après le Maamar du Likoutei Torah, « Vayaas Moshe Na’hach Ne’hochet », tel qu’expliqué dans ‘Hassidout Mevouéret, chapitres 1-3.
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