L’assistant du célèbre érudit de la Torah, Rabbi Aryé Leib Ginzburg, plus connu sous le nom de Chaagath Aryé1 (1695-1785), était sur le point de décéder. Il se tourna vers son maître et lui dit : « Je vous ai servi loyalement sans jamais demander de récompense. Mais maintenant, je voudrais vous demander de veiller sur mon jeune fils. Veillez à ce qu’il reçoive une bonne éducation et devienne un érudit de la Torah. » Le rabbin donna sa parole.

Le Chaagath Aryé prit sa promesse très au sérieux.

L’homme est décédé, et le Chaagath Aryé prit sa promesse très au sérieux. Il prit le garçon dans sa maison et étudia avec lui tous les jours. Mais peu de temps après, le garçon disparut sans laisser de trace.

On le chercha partout, mais le jeune orphelin était introuvable. Le rabbin se mit à prier de toute son âme pour le salut de l’enfant et, les larmes aux yeux, il s’endormit. Il rêva qu’il voyait l’enfant disparu, caché dans un monastère voisin. Il comprit que le garçon avait été enlevé pour être élevé en dehors de sa religion par quelqu’un qui pensait que rien ne pourrait s’opposer à ce projet parce qu’il s’agissait d’un orphelin.

Le Chaagath Aryé fit appel à un tailleur dont le métier le mettait en contact avec des dirigeants de l’église, et qui connaissait bien leurs centres. Le Chaagath Aryé décrivit au tailleur ce qu’il avait vu dans son rêve, et l’homme dit qu’il reconnaissait le monastère que le rabbin avait « vu », et qu’il savait où il était situé.

Le rabbin se tourna alors vers le tailleur et lui demanda : « Puisque vous connaissez bien l’endroit et que vous pouvez vous y rendre sans éveiller de soupçons, pouvez-vous prendre sur vous la dangereuse tâche de sauver le garçon et de le ramener à son peuple ? » Le tailleur accepta.

Le Chaagath Aryé demanda comment il pourrait le récompenser pour avoir risqué sa vie. Le tailleur répondit qu’il n’avait pas besoin de rémunération. Le rabbin lui promit alors une très longue vie, et qu’il serait enterré juste à côté de lui en récompense de cette mission dangereuse. L’homme accepta cette proposition.

Il mit son plan à exécution et réussit à exfiltrer clandestinement le garçon du monastère, et à l’amener à un fermier juif qui vivait loin de la ville. Le Chaagath Aryé envoyait des lettres au garçon, s’informant de son évolution et l’aidant à progresser dans ses études.

Avec le temps, le Chaagath Aryé quitta ce monde et fut enterré dans le cimetière juif de Metz, la communauté qu’il avait fidèlement servie pendant de nombreuses années. Quelque temps plus tard, un jeune rabbin d’une ville voisine décéda et fut enterré près de la sépulture du Chaagath Aryé. La plupart des gens ne savaient pas qui il était, car il avait changé de nom, mais il était en fait le jeune orphelin dont le Chaagath Aryé avait promis de s’occuper, puis qu’il avait sauvé et élevé pour devenir un véritable érudit de la Torah.

Il réussit à exfiltrer clandestinement le garçon du monastère

Les années ont passé et le tailleur qui avait sauvé le garçon et avait vécu jusqu’à un âge très avancé était sur son lit de mort. Il fit venir les membres de la société funéraire et leur dit qu’il avait la parole du Chaagath Aryé qu’il mériterait d’être enterré près de lui. Il leur demanda d’y donner suite. Les hommes de la ‘hevra kadicha n’étaient pas enclins à le croire, et n’avaient pas l’intention d’honorer sa demande.

Le jour où l’âme du tailleur quitta son corps, des pluies torrentielles s’abattirent sur la ville et ses environs, à tel point que la visibilité était considérablement réduite. Les membres de la société funéraire parvinrent à peine à se rendre au cimetière et, une fois sur place, ils ne purent dire où ils se trouvaient. Après des discussions hâtives, ils décidèrent qu’ils enterreraient l’homme à l’endroit même où ils se trouvaient.

Lorsqu’ils arrivèrent le lendemain, ils découvrirent qu’ils l’avaient enterré juste à côté du Chaagath Aryé, dans le seul endroit disponible juste à côté de lui. Ils comprirent que c’était sans aucun doute la volonté du Chaagath Aryé, qui s’était accomplie, avec ou sans leur coopération.


Jusqu’où allons-nous pour tenir notre parole ? Réfléchissons : est-il arrivé qu’Hachem nous aide à tenir l’une de nos promesses, lorsqu’elle avait été faite dans une intention positive ?