Lorsque, le Chabbat, on traite un patient gravement malade ou une personne dont la vie est en danger – ce que l’on appelle en hébreu pikoua’h néfech –, il est ordonné de « transgresser » le Chabbat. Cela s’applique même s’il y a seulement un doute sur le fait qu’il s’agisse d’une situation de danger de mort, ou que cela puisse évoluer ainsi.

Même s’il apparaît rétroactivement que l’acte n’était pas nécessaire ou qu’il n’a pas atteint son objectif, il n’est pas considéré comme une profanation du Chabbat et la personne qui a agi reçoit une récompense pour avoir tenté de sauver une vie.

Dans tous les cas, si l’on a un doute sur le comportement à adopter, il est préférable d’opter pour la transgression du Chabbat plutôt que de mettre une vie en danger.

Lorsqu’un sage s’occupe de pikoua’h néfech, cela sert de leçon quant à l’immense privilège que représente le fait de sauver une vie

Celui qui est confronté à une situation qui pourrait être interprétée comme relevant de pikoua’h néfech et qui va consulter un rabbin à ce sujet est considéré comme un meurtrier,1 car en raison de sa « piété » excessive et du retard qui en résulte dans la mise en œuvre des mesures appropriées, il pourrait mettre une vie en danger. Et le rabbin à qui l’on pose la question est indigne – parce qu’il aurait dû enseigner à sa communauté la bonne manière d’agir en cas de pikoua’h néfech, c’est-à-dire agir sans délai.2

Lorsqu’il est nécessaire, pour le bien de pikoua’h néfech, d’ignorer les lois du Chabbat, peu importe qui transgresse le Chabbat ; celui qui est capable d’accomplir la tâche le plus rapidement doit le faire, et celui qui le fait est digne d’éloges.

Si plusieurs personnes peuvent s’occuper de la personne en danger, il est préférable que la « profanation » du Chabbat soit effectuée par le plus grand érudit de la Torah et la personne la plus pieuse présente. Lorsqu’un sage s’occupe de pikoua’h néfech, cela sert de leçon quant à l’immense privilège que représente le fait de sauver une vie.3 Il va sans dire qu’il ne faut pas chercher à être « ultra-religieux » en demandant à un non-juif de profaner le Chabbat au nom de pikoua’h néfech.4

Quelques détails supplémentaires :

  • Toute procédure nécessaire pour le patient, mais dont il est clair qu’elle n’a aucunement besoin d’être accomplie le Chabbat, doit être reportée après le Chabbat.5
  • Si une personne est malade avant Chabbat et qu’elle aura besoin de soins le Chabbat, y compris d’actes interdits le Chabbat, il convient de faire tout ce qui est possible avant Chabbat pour minimiser ou éliminer la nécessité de profaner le Chabbat.6
  • Pour profaner le Chabbat, il faut être convaincu qu’il y a au moins un certain doute sur le fait que le cas implique le pikoua’h néfech.7 Dans les situations où, pendant la semaine, les gens ne réagissent pas avec un sentiment d’urgence immédiate, on ne peut pas profaner le Chabbat.8
  • On ne peut ignorer les lois du Chabbat que lorsqu’il existe une situation existante qui pourrait impliquer pikoua’h néfech ; par exemple, un patient âgé est tombé et doit être transporté d’urgence à l’hôpital.
  • Les lois du Chabbat peuvent également être violées en prévision d’une situation potentiellement dangereuse pour la vie, à condition qu’il soit hautement raisonnable de supposer qu’il s’agit effectivement d’une préoccupation immédiate.9 Exemple : Si les machines d’une unité de soins intensifs ne fonctionnent pas, elles doivent être réparées le Chabbat, même si, à ce moment-là, on n’a pas connaissance d’un patient nécessitant un maintien en vie.
  • Cela dit, les hypothèses farfelues telles que « Je dois me rendre le Chabbat à l’université pour poursuivre mes études de médecine, car un jour je sauverai des vies grâce à mon expertise médicale » ou « Je dois aller acheter un pull le Chabbat parce qu’il est censé faire froid et je risque d’attraper une pneumonie et de mourir... » ne peuvent être qualifiées de pikoua’h néfech.10
  • Les opérations non urgentes, ou autres procédures non urgentes justifiant un séjour à l’hôpital, ne doivent pas être programmées dans la seconde moitié de la semaine (c’est-à-dire le mardi soir et les jours suivants).11
  • Les risques et les préoccupations à l’échelle communautaire sont déterminés en utilisant des paramètres plus larges de pikoua’h néfech. Par conséquent, les ambulanciers bénévoles juifs peuvent être autorisés à porter leur radio le Chabbat. De même, les patrouilles de sécurité en Israël pourraient ne pas avoir à attendre d’être informées d’une attaque terroriste pour faire fonctionner les détecteurs de métaux dans les lieux publics (il convient de consulter un rabbin expert pour de tels cas).