Les filles de Rabbi Chnéour Zalman étaient toutes exceptionnelles à leur manière. Sa fille aînée, Freida, était connue pour sa profonde connaissance de la dimension mystique de la Torah. Sa compréhension était telle que son père prononçait souvent des discours érudits spécialement pour elle. En de nombreuses occasions, lorsque son frère, Rabbi Dov Ber – dont les œuvres contiennent certaines des idées les plus profondes et les plus brillantes de la pensée ‘hassidique et qui fut le successeur de l’Admour Hazakène – appréhendait de poser une question savante à son père, il demandait à Freida de le faire à sa place.
Lors d’une de ces occasions, Freida interrogeait son père sur la signification mystique des vêtements du Grand Prêtre. Dov Ber se cachait dans la pièce afin de pouvoir écouter la réponse de son père de première main. Rabbi Chnéour Zalman clarifia patiemment le sujet compliqué pour sa fille, omettant toutefois les détails du Avnet, la ceinture du Grand Prêtre.
Invisible dans un coin de la pièce, Dov Ber fit signe à sa sœur de demander une explication sur la ceinture du Grand Prêtre, en montrant sa propre ceinture. Freida s’empressa de poser la question à son père. L’Admour Hazakène, souriant à sa fille, lui répondit par sa propre question. Il voulut alors savoir où Dov Ber se cachait dans la pièce, car il comprit avec perspicacité que la question n’était pas celle de Freida, mais bien celle de Dov Ber !
Ce court épisode, en plus de démontrer le lien profond entre l’Admour Hazakène et sa fille Freida, est également une indication de la connaissance pointue et élaborée des études juives de celle-ci.
Bien que peu de détails aient été relatés sur Freida, un autre épisode, survenu beaucoup plus tard dans sa vie, souligne également la façon dont elle intériorisait son érudition pour atteindre la grandeur.
Après la mort de Freida, un ‘hassid du nom de Reb Mordekhaï Yoel rencontra Rabbi No’houm, le fils de Rabbi Dov Ber, sur la tombe de son grand-père à Haditch. Le ‘hassid demanda à Rabbi No’houm pourquoi sa tante, Freida, était enterrée juste à côté de la tombe de l’Admour Hazakène. En réponse, Rabbi No’houm lui raconta un incident qui s’était produit juste avant la mort de Freida.
Il expliqua que Freida n’était pas une femme forte physiquement et qu’elle était devenue encore plus faible après la mort de son père. Elle avait été emmenée à la campagne où l’on espérait que l’air frais la revitaliserait et la rafraîchirait. Mais au fil des jours, même dans cette campagne pittoresque, il devint évident que Freida continuait à s’affaiblir et que sa vie allait bientôt prendre fin.
Freida décida de réunir un groupe de ‘hassidim. Elle les informa que sa fin était proche et demanda que les ‘hassidim l’enterrent du côté droit de la tombe de son saint père. Les ‘hassidim étaient déconcertés. Ils connaissaient le respect et la haute estime que son père avait pour Freida. Néanmoins, ils n’étaient pas certains de l’opportunité de sa demande.
Quelques jours plus tard, Freida convoqua à nouveau les ‘hassidim. À ce moment-là, elle était même trop faible pour quitter son lit. Elle demanda aux ‘hassidim d’encercler son lit. Commençant à réciter la prière Elokaï Nechama, Freida, proclama : « Mon D.ieu, l’âme que Tu as donnée en moi est pure. Tu l’as créée, Tu l’as formée, Tu l’as insufflée en moi, et Tu la conserves en moi... »
Alors que Freida atteignait les mots suivants « Tu finiras par me la prendre... », elle leva ses dix doigts vers le ciel et s’écria : « Père, attends, j’arrive ! » Avec ces derniers mots, l’âme de Freida quitta son corps.
Les ‘hassidim qui assistèrent à l’événement comprirent qu’une personne qui quittait ce monde d’une manière aussi phénoménale méritait d’être enterré à côté de l’Admour Hazakène. Mais même après sa mort, la sainteté de Freida les stupéfia encore.
Accompagnant son corps jusqu’à la tombe, les ‘hassidim décidèrent de ne pas conduire le chariot tiré par des chevaux, mais de le laisser trouver son chemin. Lorsque le chariot rencontra une bifurcation sur la route, ils furent complètement ébahis de voir que le cheval savait exactement où aller : jusqu’à la tombe de son père, l’Admour Hazakène.
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