Je suis un militant de la cause climatique et j’essaie de rallier le soutien de la communauté juive pratiquante à un mode de vie durable. Ma question est la suivante : y a-t-il des zones interdites, des lignes rouges ou des problèmes que je dois éviter lorsque j’aborde le sujet de la durabilité avec des Juifs pratiquants ? Je veux être sensible aux croyances des gens tout en les sensibilisant à cette cause vitale.

Réponse :

La communauté des Juifs pratiquants devrait être votre clientèle la plus facile. Notre tradition est claire quant à la responsabilité que nous avons de prendre soin de notre monde.

Chaque enfant fréquentant une école juive religieuse sait que la Torah nous interdit de gaspiller toute ressource utile.1

Les kabbalistes ont enseigné que chaque feuille d’arbre a une âme, et doit être traitée avec respect.

Et nos sages rapportent les paroles de D.ieu au premier homme, Adam : « Regarde le beau monde que J’ai créé. Je l’ai créé pour toi. Veille à ne pas corrompre et à ne pas abimer Mon monde, car si tu le fais, personne ne viendra après toi pour le réparer ».2

Néanmoins, certains activistes climatiques trop zélés défendent des positions qui entrent en conflit avec les valeurs juives. Si vous adoptez ces positions, vous avez peu de chances de réussir.

« La fin du monde est proche »

Les Juifs ne sont pas des grands fans des prophéties apocalyptiques et des prédictions de fin du monde. D’autres groupes religieux se préparent peut-être à l’Armageddon, mais nous avons toujours cru en un avenir heureux, lumineux et pacifique. Les êtres humains, y compris les scientifiques, sont notoirement incapables de prédire l’avenir d’un monde dynamique et en constante évolution. Nous pouvons être inspirés à vivre de manière responsable sans qu’il soit nécessaire de nous épouvanter avec la fin du monde.

« C’est le seul problème de notre époque ».

La Torah ne nous permet pas le luxe d’être les militants d’une cause unique. Prendre soin de notre monde ne se résume pas à préserver l’environnement physique, mais implique aussi de prendre soin de notre environnement spirituel, émotionnel et moral. Bien que chacun ait ses passions et ses sujets d’intérêt particulier, nous ne pouvons pas nous concentrer sur la survie matérielle et ignorer les autres menaces qui pèsent sur l’humanité. Nous ne savons pas vraiment quel est le problème le plus urgent. La dépravation morale peut représenter un plus grand risque pour la vie humaine que les émissions de carbone. Nous devons être holistiques dans notre activisme.

« La surpopulation est une bombe à retardement »

Les humains peuvent causer des problèmes, mais les humains trouvent aussi des solutions. Les activistes climatiques qui présentent l’humain comme l’ennemi perdent le soutien de ceux qui pensent que chaque personne est un cadeau irremplaçable. L’argument selon lequel la croissance démographique est la plus grande menace pour notre avenir n’est pas bien accueilli par les partisans du commandement de D.ieu d’être fécond et de se multiplier. Chaque âme qui naît est précieuse. Une idéologie qui souhaite limiter la reproduction humaine est antithétique à tout ce qui est juif. Nous ne pouvons pas sauver le monde pour nos enfants en ne les ayant pas.

Donc, si vous voulez que les Juifs observant la Torah soient de votre côté, vous devez présenter une plateforme non alarmiste, équilibrée et pro-humaine pour un mode de vie durable. Et encore une chose : ne forcez pas trop sur le véganisme. Vous obtiendrez une réponse très parvé.