Rava a dit : Lorsqu’une personne est jugée par la cour céleste, la première question posée est : « As-tu acheté et vendu honnêtement ? » — Talmud, Chabbat 31a

La vraie valeur

Qu’est-ce qu’un être humain ?

Un être humain est une créature qui regarde ce qui est et qui voit la valeur de ce qui pourrait être.

C’est ainsi que nous approchons l’agriculture, que nous préparons à manger, que nous faisons du commerce, que nous créons de l’art et que nous construisons nos vies. En arithmétique, nous faisons qu’un plus un fassent trois. Dans le langage des affaires : nous créons de la valeur.

Il n’est pas possible de créer de la valeur véritable si on la crée pour soi seul. Chacun et chaque chose est actionnaire de cette valeur. Si un champ produit des récoltes, plus de nourriture est désormais présente dans le monde. Quand vous avez cuisiné cette nourriture, plus de calories sont désormais disponibles dans le monde. Si vous allez au marché vendre cette nourriture, il y a plus de disponibilité de nourriture dans le monde. Faites cela honnêtement, il y a désormais plus de confiance et de bonne volonté dans le monde – ce qui veut dire qu’il y a plus d’affaires à réaliser. Composez de la musique ou créez des œuvres d’art, le monde entier gagne en beauté. Toute entreprise ayant du sens ajoute dans la disponibilité de quelque chose pour les autres, et la valeur totale disponible pour tous est accrue.

Faire des affaires qui aient du sens signifie que valeur totale disponible pour tous est accrue.

C’est cela l’être humain : nous ne sommes pas seulement productifs. Nous améliorons. Nous créons avec prévoyance. Nous gardons nos semences pour l’année suivante, nous investissons nos profits dans de prochains profits, nous concrétisons nos rêves.

Pourtant, est-ce là tout l’être humain ? N’y a-t-il pas de but plus élevé à son existence ?

Il est certain que pour le Créateur, les créatures qui produisent de la valeur ont en elles-mêmes de la valeur. « Il n’a pas créé le monde pour qu’il plonge dans le néant », dit le prophète, « Il l’a créé pour être civilisé. » (Isaïe 45,18)

« Plonger dans le néant », c’est la loi naturelle de l’entropie selon laquelle toute chose finit par se décomposer et mourir. Mais la vie, et particulièrement la vie humaine, défie l’entropie. À sa place, nous créons de la synergie : nous rassemblons des choses de sorte qu’elles croissent et continuent de croître de manière durable, d’une manière qui stimule la confiance et la bonne volonté et laisse un monde meilleur pour la prochaine génération. Nous civilisons le monde avec de la vie.

Cependant, la question demeure. Est-ce là tout ce qui définit l’être humain ? Sommes-nous ici uniquement pour faire un monde durable ? Ou bien pour en faire quelque chose d’encore plus élevé ?

Réarrangement

Si vous posez les bonnes questions, celles-ci vous mèneront souvent aux bonnes réponses. Voici une question simple : pourquoi cela fonctionne-t-il ? Qu’y a-t-il derrière cet étrange phénomène de synergie, derrière ce potentiel dont recèle le monde pour accroître la valeur ?

Derrière cela se trouve le fait que l’univers tout entier démarra sous la forme d’une pensée unique, une pensée contenant une information infinie. Cette pensée traverse le temps et l’espace, retenant chaque événement et particule d’un immense univers en un point unique.

Mais l’univers que nous percevons depuis notre position dans le temps et l’espace a été fragmenté en un ensemble innombrable de parties. À chaque fragmentation, de l’information est perdue. Jusqu’à ce que nous n’ayons plus que des morceaux qui semblent être sans signification et sans valeur.

Imaginez que vous preniez un exemplaire de « Moby Dick », que vous le jetiez en l’air et que vous voyiez les lettres s’échapper du livre, flotter dans le vent et retomber par terre. L’histoire n’est plus là, les personnages ne sont plus là. Tout sens a disparu. Il ne vous reste rien d’autre que des lettres sans vie, aussi inertes que des grains de sable, sans histoire à raconter, sans sens à véhiculer.

Tel est le monde dans lequel nous vivons : un livre éparpillé. Et pourtant, l’Auteur de ce livre respire au sein de l’un de ses personnages, l’être humain. Et par là même, l’être humain perçoit que ces pièces éparses doivent bien s’imbriquer ensemble, et c’est ainsi que la valeur apparaît.

D’où vient cette valeur ? De la pensée première de l’univers.

D’où vient cette valeur ? De la grande lumière originale, de la quantité infinie d’information qui emplissait la pensée première de l’univers. Un réarrangement harmonieux de quelques pièces du puzzle résonne désormais avec cette grande lumière, et un rayonnement de cette lumière brille à travers ce nouveau canevas. C’est ainsi que nous trouvons dans notre monde une valeur accrue.

Redécouverte

Nous avons maintenant une idée plus claire de ce que nous autres humains faisons ici-bas. Nous ne sommes pas seulement là pour faire un monde meilleur. Nous créons un monde magnifique. Un monde à même de transmettre à nous tous qui l’habitons l’unicité et la magnificence de son Créateur.

Où créons-nous ce monde ? Non pas dans quelque ciel spirituel là-haut, mais ici-bas, sur terre. À travers les activités terrestres d’êtres humains terrestres, mais pénétrées d’un sens divin.

Ceci, après tout, était la pensée première d’où découle l’univers entier : le Créateur se pensant Lui-même comme étant découvert au sein de ce monde terrestre.