Le pidyone haben, ou « rachat du fils [premier-né] », est une cérémonie au cours de laquelle le père d’un fils premier-né rachète son fils en donnant cinq pièces d’argent à un kohen (un descendant de la famille sacerdotale d’Aaron), trente jours après la naissance du bébé.

Quelle est la raison de cette procédure ?

À l’origine, les premiers-nés juifs constituaient la classe sacerdotale sanctifiée. Ils furent intronisés au service de D.ieu lorsqu’ils furent épargnés par la plaie des premiers-nés qui frappa l’Égypte. Cependant, lorsque les Juifs – premiers-nés compris – adorèrent le Veau d’or, les premiers-nés perdirent leur statut. Le sacerdoce fut alors transféré à la tribu qui n’avait pas participé à l’agitation du Veau d’or, celle des Lévites, et en particulier les enfants d’Aaron.

Puisque D.ieu est l’être premier, il est normal que les premiers-nés Lui soient consacrés.

Depuis lors, tous les premiers-nés israélites mâles doivent se racheter auprès d’un kohen lors d’une cérémonie de pidyone haben.

Le Séfer Ha’hinoukh1 ajoute que cela nous rappelle que toute chose dans le monde appartient à D.ieu. Lorsque nous consacrons ce que nous avons de premier et de meilleur, nous nous rappelons que tout appartient réellement à notre Créateur et que nous devons le Lui « acheter » avant de l’utiliser.

Le Maharal (Rabbi Yehouda Loew de Prague, 1512-1609) explique que puisque D.ieu est l’être premier, il est normal que les premiers-nés lui soient consacrés.2

Sources bibliques :

Juste avant l’Exode d’Égypte, Moïse a transmis le commandement suivant de D.ieu :

...Tout premier-né de l’homme parmi vos fils, vous le rachèterez. Et si ton fils te demande plus tard : « Qu’est-ce que c’est ? », tu lui diras : « C’est par une main forte que D.ieu nous a fait sortir d’Égypte, de la maison de servitude. Et comme Pharaon s’obstinait à ne pas nous laisser sortir, D.ieu fit périr tous les premiers-nés du pays d’Égypte... »...3

Na’hmanide (Rabbi Moïse ben Na’hman, 1195-1270) explique qu’à ce moment-là, la procédure exacte de rachat des premiers-nés, ainsi que le fait qu’ils seraient remplacés comme prêtres par la descendance d’Aaron, n’avait pas encore été définie.

Ce n’est que plus tard, lorsque la plupart des Juifs – y compris les premiers-nés – fautèrent avec le Veau d’or, que les premiers-nés perdirent leur statut. Le sacerdoce fut alors été transféré à ceux qui n’avaient pas participé au culte du Veau d’or. À ce moment-là, D.ieu ordonna :

Prends les Lévites à la place de tous les premiers-nés des enfants d’Israël... Tu prendras cinq sicles par tête, selon le sicle sacré, selon lequel le sicle est de vingt guéras.4

Et le commandement de racheter les premiers-nés était né.

Pourquoi seuls les garçons premiers-nés sont-ils rachetés ?

Nos premiers-nés ont acquis un statut spécial lorsque, bien que notre nation ait été spirituellement déchue en Égypte et tout à fait semblable à nos voisins égyptiens, D.ieu nous a épargnés pendant la plaie des premiers-nés. Mais alors que les premiers-nés garçons et filles mouraient parmi les Égyptiens autochtones, seuls les premiers-nés garçons mouraient parmi les étrangers. En tant qu’Égyptiens non autochtones, ce ne sont que nos premiers-nés garçons qui seraient morts et qui furent épargnés.

Le fait que les premiers-nés filles aient été épargnés n’est pas aussi remarquable et n’est, de ce fait, pas commémoré.

En outre, les femmes juives ne furent jamais semblables à leurs homologues égyptiennes. Nos sages nous enseignent que nous fûmes délivrés d’Égypte grâce au mérite des femmes vertueuses. Le fait que les premiers-nés filles aient été épargnés n’est donc pas aussi remarquable et n’est, de ce fait, pas commémoré.

Une autre raison pour laquelle les femmes n’ont pas besoin d’être rachetées est que les pièces sont données au kohen en échange du service dans le Temple que le kohen effectue à la place des premiers-nés (qui auraient servi, si les premiers-nés n’avaient pas participé à la débâcle du Veau d’or). Puisque les femmes ne servent pas dans le Temple de toute façon, elles n’ont pas besoin d’être rachetées.