Il n’y a rien de tel. Lorsque vous êtes en sueur après une bonne séance de sport ou que vous avez passé des heures au soleil sans boire, ou encore lorsque vous avez tellement soif que vous avez l’impression de pouvoir engloutir un océan entier, et que quelqu’un vous tend une boisson glacée et que le liquide frais glisse dans votre gorge desséchée, votre soif est étanchée. C’est immensément satisfaisant.

La première moitié de la prière se concentre sur la construction d’une soif de spiritualité. Un désir ardent d’une réelle connexion avec D.ieu. Ce que l’on appelle dans la terminologie hassidique un « éveil par le bas », car nous, simples mortels, faisons de notre mieux pour développer un désir de connexion avec notre Créateur.

Puis vient la deuxième partie de la prière. Quand il nous est donné d’étancher notre soif et de ravir nos âmes desséchées. Et qu’est-ce qui accomplit cela, qui comble notre vide et notre désir profond ? C’est lorsque nous ressentons l’amour absolu de D.ieu pour nous. Notre Père, dans Sa bonté, nous aime d’une manière exhaustive et Il nous permet de ressentir Sa proximité. C’est l’ultime désaltérant que notre âme recherche, l’ultime connexion. Comme nous le disons dans la prière « Ahavat Olam Ahavtanou » – « Tu nous as aimés d’un amour éternel ». La prière n’est pas une voie à sens unique, où l’homme parle à D.ieu sans réponse, mais une voie à double sens, où D.ieu nous permet de ressentir Sa présence.

C’est, pour ainsi dire, le « Ohel Moed » – la « tente de rencontre ». Au sens propre, le Ohel Moed était la tente du Tabernacle que Moïse utilisait pour parler à D.ieu, mais il est également symbolique de notre relation avec D.ieu, dont nous faisons l’expérience pendant la prière.

La lumière de D.ieu dans notre monde est effectivement comme dans un ohel, une « tente ». Imaginez-vous en train de camper et de dormir dans une tente. Vous êtes pleinement présent, même si quelqu’un à l’extérieur ne vous voit pas. De même, la lumière infinie de D.ieu réside dans la matérialité. Sa grande lumière et Son énergie sont pleinement présentes dans les objets physiques ; cependant, nous pouvons ne pas la voir, car elle est « couverte » par la matérialité. Cachée. Nous ne reconnaissons pas la grande énergie divine et la force vitale au sein de ce monde physique, pourtant c’est là qu’Il se trouve.

La façon d’accéder à Sa grande lumière et de se connecter à D.ieu passe par des pratiques spirituelles qui implique ce monde physique, comme accomplir une mitsva ou étudier la Torah. Bien que la lumière de D.ieu puisse être « cachée » sous une sorte de tente, Il nous a donné une prescription exacte pour accéder à Son grand amour en accomplissant de bonnes actions.

Et pourtant, même si Sa grande lumière est cachée, comme sous une tente, nous pouvons toujours entrer en relation avec D.ieu par le biais du Moed. Moed, qui signifie « rencontre », est également lié au mot hébreu daat, ou « connexion intime ».1 D.ieu s’attache à Son peuple en lui révélant Son Unicité absolue. Il permet à Ses enfants de ressentir qu’Il est leur véritable vie. Dans Son grand amour pour nous, Il nous permet de ressentir Son Unicité et qu’Il est notre Source de vie d’une manière palpable, afin que nous ressentions cette connexion intime.

C’est comme lorsque votre amie vous manque terriblement après ne pas l’avoir vue pendant de nombreuses années, et que vous éprouvez un véritable plaisir lorsque vous vous retrouvez enfin. La connexion avec D.ieu « manque » à l’âme, et lorsqu’elle fait l’expérience de l’amour, de la proximité et de l’unité de D.ieu, elle est immensément satisfaisante et agréable.

Si dans la première moitié de la prière, l’âme a soif et désire ardemment D.ieu. Dans la deuxième partie, l’âme ressent un profond sentiment de satisfaction et d’accomplissement dans sa connexion avec D.ieu. Cela donne à l’âme une véritable joie – une joie encore plus grande que celle que l’on peut éprouver dans l’au-delà.

Car c’est seulement ici, dans un corps physique, que l’âme peut initier un tel désir et avoir cette relation réciproque avec D.ieu, où D.ieu se révèle d’une manière de daat, une véritable connaissance intime.

Et c’est cet amour éternel que notre âme désire absolument, car rien de moins ne pourra étancher sa soif.

Source : Likoutei Torah, Maamar « Vayidaber ... bemidbar sinai beohel moed », tel qu’expliqué dans ‘Hassidout Mevouéret, chapitres 5 et 6.