À Roch Hachana, il est de coutume de manger des aliments porteurs d’une symbolique particulière. Selon certains, ces aliments servent de repères pour nous aider à nous concentrer sur l’ordre du jour : la prière, le repentir et la résolution de faire le bien.

Selon d’autres, l’acte physique de manger ces aliments aide à concrétiser et à donner une forme physique aux décrets positifs que nous pensons que D.ieu a en réserve pour nous. A l’instar des prophètes de la Bible qui faisaient un signe physique pour concrétiser leur prophétie, démontrant ainsi que le passage du potentiel à l’effectif dépend des actions physiques de chacun.

Pour la plupart de ces aliments, la symbolique réside dans leur nom.1 S’agissant de la grenade, cependant, la symbolique réside dans le fruit lui-même. En mangeant la grenade, nous exprimons notre souhait d’une année remplie d’autant de mérites que la grenade a de graines.2

Bien que certaines communautés n’aient pas l’habitude de consommer de nombreux aliments symboliques, elles mangent néanmoins la grenade (ainsi que la pomme trempée dans le miel et la tête de poisson ou de bélier).3 Cela est peut-être dû à la signification profonde de la grenade.

Pleins de Mitsvas

À propos du verset « Ta tempe est comme une tranche de grenade à travers ton voile »,4 le Talmud note que le mot hébreu pour « ta tempe » peut également signifier « tes vides ». Le verset nous enseigne que même les plus « vides » d’Israël sont pleins de mitsvas comme une grenade est pleine de graines.5

Ainsi, manger de la grenade symbolise le fait que, même si certains d’entre nous sont défaillants, nous sommes tous pleins de mitsvas.6

Regarder à l’intérieur

Le Talmud raconte que le grand sage talmudique Rabbi Méir, qui vécut juste après la destruction du second Temple, était l’élève d’Elicha ben Avouya, un grand sage devenu hérétique. Même après qu’Elicha se soit détourné des voies de la Torah et qu’il ait été désigné dans le Talmud par le nom d’A’her (« Autre »), Rabbi Méir continua d’apprendre de la Torah de lui.

Les sages du Talmud demandent comment Rabbi Méir put agir de la sorte. N’y a-t-il pas une règle selon laquelle on ne doit apprendre que d’un enseignant jouissant d’une excellente réputation ? Les sages répondent que Rabbi Méir, qui devint l’un des plus grands sages, était unique. Lorsqu’il apprenait d’A’her, « il mangeait le fruit et jetait la peau », comme lorsqu’on mange une grenade.7

En d’autres termes, Rabbi Méir était capable de faire abstraction du comportement ouvertement pécheur d’A’her et de s’en débarrasser comme d’une pelure de fruit, pour extraire les précieux enseignements de la Torah qu’il contenait en lui.

C’est la raison profonde pour laquelle nous mangeons des grenades à Roch Hachana : en mangeant ce fruit symbolique, nous exprimons notre prière à D.ieu pour que, lorsqu’Il nous juge, Il ne regarde pas nos « peaux » extérieures, nos actions et nos apparences, qui peuvent parfois ne pas avoir été à la hauteur.8 Nous prions pour qu’Il ne considère que nos intentions intérieures et notre véritable désir de faire le bien et d’être connectés à Lui.

Bien sûr, nous pouvons et devons également pratiquer cela dans notre propre vie, en nous concentrant toujours sur le meilleur des autres. Puissions-nous mériter une année riche en bénédictions et en mitsvas, aussi nombreuses que les graines de la grenade !