Un rouleau de la Torah ne peut être utilisé que si toutes ses lettres sont entières. Cela s’applique non seulement aux grandes lettres, mais également aux lettres de taille moyenne et aux petites lettres. Si la lettre « youd », qui est la plus petite de toutes les lettres, manque, cela a des conséquences sur l’ensemble du rouleau de la Torah.
Le même principe s’applique au peuple juif : chaque Juif, même « le plus petit », fait partie intégrante de la communauté d’Israël. Cela signifie qu’à l’intérieur de chaque Juif – à l’intérieur de chaque individu qui appartient à la communauté –, se cache la communauté d’Israël tout entière. Dans un sens encore plus profond, chaque individu est une partie de l’essence, et donc dans chaque partie, l’essence entière est présente. Comme l’a enseigné le Baal Chem Tov, « lorsque l’on saisit une partie de l’essence, on saisit l’essence dans son intégralité ».1
Il y a toutefois une distinction entre la juxtaposition des notions de « communauté » et d’« individu » (כלל ופרט), d’une part, et la juxtaposition des notions de « partie » et d’« essence » (חלק ועצם), d’autre part :
Dans le cas de la communauté et de l’individu (כלל ופרט), il est vrai que dans chaque individu se tient la totalité de la communauté. En effet, la communauté n’est complète que lorsqu’elle est constituée de tous ses individus ; il n’y a rien d’autre dans la communauté que ce qui est contenu dans ses individus. Cela signifie que la communauté est constituée par la réunion de ses constituants individuels, et que la signification de la communauté est liée à chaque individu et dépend de chacun d’eux. Il s’ensuit que la communauté entière concerne chaque individu et qu’elle est contenue en lui.
Néanmoins, lorsque l’on saisit la signification d’un seul individu, on n’a pas pour autant saisi la signification de la communauté dans son ensemble, mais seulement celle de cet individu isolé. Cela est dû au fait qu’il existe une distinction entre l’individu tel qu’il se tient au sein de la communauté et l’individu tel qu’il se tient seul de façon indépendante.
Cela signifie que lorsque nous disons que la communauté entière est englobée dans chacun de ses constituants individuels, cela ne s’applique que dans la mesure où l’individu se rapporte à la communauté ; dans la mesure où ils sont tous ensemble ; dans la mesure où la communauté est constituée par eux. C’est alors que nous disons qu’en chaque individu, la communauté entière est englobée. Mais lorsque nous saisissons la signification de l’individu tel qu’il se trouve isolé, nous n’avons rien saisi d’autre que la signification de cet individu seul, et nous n’avons pas saisi la signification de la communauté dans son ensemble.
À titre d’exemple, il existe une règle selon laquelle « toute expression de sainteté ne peut être récitée dans un quorum de moins de dix personnes ».2 Dans ce cas, une communauté est constituée de dix individus, et dans chacun de ces dix individus, la communauté est contenue. Néanmoins, lorsqu’on ne s’adresse qu’à l’un d’entre eux, on n’a saisi que cet individu seul, et on n’a pas saisi la communauté dans son ensemble, car tant qu’on a pris l’individu tel qu’il est, on n’a pas saisi la communauté.
En revanche, s’agissant d’une partie et de l’essence (חלק ועצם), lorsqu’on en saisit une partie – quand bien même il ne s’agit que d’une seule partie –, on a saisi l’essence tout entière.
Ceci peut être compris à travers l’analogie de la vie du corps. La vie collective du corps est une essence unique au sein de laquelle il y a de nombreuses parties ; la tête est vivante, la main est vivante, le pied est vivant, etc. Dès lors que l’on a saisi une partie de cette vie, c’est-à-dire que l’on a saisi la vie d’un membre, on a saisi l’essence tout entière du corps vivant. En effet, la vie de chacune des parties est une partie de la même essence, et une essence est indivisible. Par conséquent, dans chaque partie, l’essence entière est enveloppée, car la vie de toutes les parties est une seule et même chose.
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