Lors de la Délivrance messianique, il y aura une immense joie. Celle-ci ne sera pas uniquement due à l’achèvement de l’exil, mais elle exprimera aussi dans une grande mesure le but de la création. Au sujet de cette joie le Psalmiste écrit1 : « Alors notre bouche s’emplira de rire ». Lorsque viendra la Délivrance (comme le dit le verset précédent : « Lorsque D.ieu fera revenir les captifs de Sion »), le rire jaillira.
L’une des expressions d’une joie débordante est de se mettre à danser. Ce sera également le cas lors de la Délivrance, comme l’enseigne le Talmud2 : « Le Saint béni soit-Il fera une danse pour les Justes et Il s’assiéra au milieu de la ronde. » Il y aura une joie double, celle de D.ieu et celle du peuple d’Israël : D.ieu se réjouira de Son peuple, et Israël se réjouira de D.ieu, et ils exprimeront cette joie par une « danse » commune.
L’oiseau parleur
Le rire et la danse sont également liés au fait que l’ère messianique sera celle de la prépondérance de Its’hak Avinou, notre patriarche Isaac. C’est ainsi que le Talmud3 affirme que l’on dira à Isaac lors de l’ère de la Rédemption : « Car tu es notre père »4, c’est-à-dire que c’est son caractère qui sera alors la norme. Or le nom même de Its’hak évoque la joie. Au sujet de sa naissance, la Torah relate5 : « Sarah dit : “D.ieu m’a fait une joie (ts’hok) ; quiconque l’apprendra se réjouira (its’hak) avec moi.” » Le fait que ce nom soit la conjugaison au futur du verbe « se réjouir » fait également allusion au fait que la joie liée à Isaac appartient aux temps futurs, ceux de la Délivrance messianique.
La révélation du rire et de la joie alors découlera du service de D.ieu effectué par le peuple d’Israël pendant l’exil. La nature du rire est en effet d’être provoqué par quelque chose de nouveau. Le bien en lui-même, fut-il un bien extrême, ne suscite pas la joie ou le rire. Quand rit-on ? Lorsque l’on est face à quelque chose de surprenant et d’inattendu.
Pour comprendre cela, la ‘Hassidout donne la métaphore6 de « l’oiseau parleur » qui amuse le roi. Bien que le roi ne manque pas de personnes dotées de parole dans son entourage, parmi lesquelles se trouvent de sages conseillers, le rire et le plaisir du roi sont suscités par l’oiseau qui prononce quelques mots. La raison en est que lorsqu’un être humain parle, c’est tout-à-fait normal, alors que lorsqu’un oiseau parle, c’est quelque chose qui sort de l’ordinaire.
Une joie infinie
C’est de telle manière qu’il faut considérer la joie de la Délivrance : c’est du fait même que celle-ci vient au terme de l’exil qu’elle suscitera une joie incommensurablement plus grande que celle qu’elle aurait apporté sans exil préalable. Venant après que le peuple d’Israël ait vécu dans un monde où la vérité est occultée et après avoir dû lutter contre l’obscurité spirituelle pour introduire la lumière divine dans la création, la Délivrance amènera une joie sans limite.
Telle était également le caractère d’Isaac, exprimé par son activité de creusage de puits dans le désert : dans un lieu aride et désolé, il n’y a pas apporté de l’eau d’ailleurs, mais l’a transformé en un jardin fertile en y creusant des puits qui ont révélé l’eau qui s’y trouvait dissimulée. De la même manière, la Délivrance viendra après que le peuple juif ait « creusé » et trouvé la vérité divine qui se cachait au sein de l’exil, suscitant ainsi une joie immense.
Ce rire et cette joie s’exprimeront à travers une « ronde ». Le commentateur médiéval Rabbénou Be’hayé explique7 qu’une ronde forme un cercle qui n’a ni début ni fin et fait ainsi allusion au fait que la joie des Justes sera alors sans limite.8
Pour se préparer à la joie de la Délivrance, il convient dès à présent, dans les derniers instants qui précèdent celle-ci, d’éprouver et de célébrer cette joie dans notre vie.
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