Avez-vous déjà perdu quelque chose de vraiment important pour vous ? Vos lunettes, votre téléphone, votre permis de conduire ? Avez-vous eu des jours où tout semble flou ? Où vous n’arrivez pas à communiquer ou à conduire ? Et puis vient la joie et le soulagement absolus, et la reconnaissance que vous éprouvez lorsque la chose est retrouvée. Il n’y a rien de tel qu’un vide, une absence, pour souligner la valeur d’une chose quand elle est récupérée.
Cela explique un phénomène assez déroutant.
Chaque matin, les anges d’en haut attendent que les Juifs prient et prononcent les mots kadoch kadoch kadoch, « D.ieu est saint, saint, saint », avant qu’ils ne puissent eux-mêmes faire la même déclaration. Pourquoi donc ? Les anges ne sont-ils pas... des anges ? Ils ne pèchent jamais et ne sont pas même capables de pécher ! Et les humains, eh bien, ils sont tellement humains. Connaissez-vous quelqu’un qui n’ait jamais eu ne serait-ce que des pensées indécentes, si ce n’est pas des paroles ou des actions ? Et pourtant, les anges attendent après nous. Pourquoi cela ?
Quand un Juif dit que D.ieu est kadoch, « saint », il proclame que D.ieu est séparé et ne ressemble à rien d’autre. Les anges sont si complètement annulés à la force de vie divine qui les anime qu’ils ne peuvent pas faire cette déclaration. Seul un être humain de chair et de sang qui semble avoir une existence séparée de D.ieu – au point qu’il y a des gens qui doutent de l’existence de D.ieu – peut dire que D.ieu est différent de Ses créatures finies.
C’est seulement dans le cadre de l’expérience humaine, où il y a un vide de la vérité absolue de D.ieu, que l’on peut apprécier et reconnaître la vérité absolue. Les anges n’ont jamais « perdu » la vérité. Ils n’ont aucune annonce à faire car ils n’ont jamais ressenti autre chose que la vérité. C’est pourquoi c’est seulement après que les humains aient prononcé ces précieuses paroles que les anges peuvent les répéter.
D.ieu éprouve un plaisir extrême lorsque les humains – qui sont en proie à des difficultés, qui connaissent des hauts et des bas et qui sont soumis à tant de tentations – reconnaissent la vérité de leur existence. Quand ils ne se limitent pas à l’histoire de leur corps, mais qu’ils apprennent à vivre en phase avec leur âme.
Quand un yech, une « existence », dit « D.ieu, tout dépend de Toi », D.ieu éprouve une satisfaction. C’est comme la supériorité de la lumière qui vient après l’obscurité. Quand une ampoule est grillée pendant quelques heures, le fait d’en mettre une nouvelle est d’autant plus apprécié. C’est une pure joie quand une personne investit ses propres forces et fait le choix d’avoir un déclic. Les anges n’ont pas de déclics.
Lorsque nous disons ces mots chaque matin dans la prière, lorsque nous avons cette expérience cognitive, nous attirons une lumière spirituelle qui est plus grande que celle que les anges peuvent attirer. C’est pourquoi nous disons Hachem Elokénou, « l’Éternel notre D.ieu », parce que cette lumière divine est nôtre, c’est nous qui l’avons fait descendre. Elle est le fruit de nos efforts ! Je proclame fièrement que D.ieu est mien. Je génère une lumière divine dans ce monde quand je prie et déclare qu’Il est saint.
C’est peut-être juste un minuscule rayon de lumière comparé à l’essence de D.ieu, mais néanmoins, il est mien. Je me suis annulé devant D.ieu avec mes propres forces. J’ai sué pour cela. Je me suis concentré et j’ai prié de mes propres efforts. Les anges ne font aucun effort pour servir D.ieu car cela leur vient automatiquement, de sorte que cela n’est pas « leur ». Je n’ai peut-être révélé qu’un rayon de la lumière de D.ieu, mais de la même manière que lorsqu’on n’attrape que le pied de quelqu’un, on saisit la personne elle-même car l’essence est présente même dans un pied, faire descendre un rayon de la lumière de D.ieu a aussi toutes les qualités de Son essence. Nous devenons comme un « pied » de D.ieu.
L’analogie du pied a plus à nous apprendre. Un pied ne choisit pas où marcher, il suit fidèlement les ordres du cerveau. Quand on a ce déclic et que l’on reconnait que l’on n’est pas une existence indépendante de D.ieu, on agit de même. On commence par se demander chaque matin : « Quelle est la volonté de D.ieu pour moi aujourd’hui ? » Et l’on part du bon pied dans ce sens.
Parce que seuls les humains peuvent faire ce choix.
Source : Likoutei Torah, Hakol Kol Yaakov, chapitre 3 et 4 (tel qu’expliqué dans ‘Hassidout Mevouéret, Avodat HaTefila).
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