Fermez les yeux et représentez-vous la scène suivante : vous êtes étendu-e sur le sable chaud d’une plage tropicale. Vous contemplez le soleil qui se couche à l’horizon, colorant le ciel d’un dégradé de teintes profondes et laissant une trainée de lumière dans la mer. Le voyez-vous ? Cela semble-t-il réel ? Pouvez-vous vous concentrer un peu plus jusqu’à ce que vous puissiez le décrire en détail ?

L’imagination est une chose merveilleuse

Notre imagination est quelque chose de merveilleux. Parce qu’il y a la vision de votre œil physique, qui laisse une impression si forte que personne ne peut vous convaincre que vous n’avez pas été témoin de ce que votre œil a vu. Vous ne pouvez pas « dé-voir » ce que vous avez vu. Et puis il y a votre imagination qui voit avec les yeux de votre esprit, à travers laquelle vous pouvez vivre quelque chose si intensément que c’est comme si vous veniez de le voir.

La prière est un exercice d’imagination. Sur le plan extérieur, nous utilisons notre voix. Comme le dit le verset : « La voix est la voix de Jacob »,1 les Juifs ont une double voix : la voix de l’étude de la Torah et la voix de la prière, chacune possédant des caractéristiques uniques. Mais tandis que la voix prononce des paroles de louange, de gratitude et de supplication, le but est que le cœur se remplisse d’un amour de D.ieu tangible. Et comment y parvenons-nous ? Avec notre imagination.

Le but est que nous voyions si fortement la vérité avec notre esprit que personne ne peut nous convaincre qu’elle n’existe pas. Pour aimer D.ieu, nous devons nous concentrer intensément sur la vérité de Son existence : sur le fait qu’Il est le vrai donneur de vie, qu’Il est le Créateur et la force vitale de chaque être créé. Et tout comme nous aimons notre propre vie, nous en venons à aimer la Source éternelle de notre vie.

Ce n’est pas théorique, mais empirique, c’est-à-dire basé sur l’expérience. La prière consiste à développer une relation avec D.ieu, une relation d’amour. Il s’agit d’avoir un déclic chaque matin, une réalisation, et que nos pensées façonnent nos sentiments.

Pour parvenir à cette conscience, je peux observer le mécanisme du fonctionnement de mon corps. Je peux remarquer que mon corps ne peut pas fonctionner sans âme, tout comme un appareil ne peut pas fonctionner sans batterie. Je peux méditer sur cela et arriver à la conclusion, jusqu’à le voir avec l’œil de mon esprit, que l’univers entier ne peut pas exister sans une batterie divine qui le maintient en existence. C’est le sens du verset mibessari e’hezé Elokah – « de ma chair je verrai D.ieu ».2

Mon cerveau guide mon cœur

En priant, je peux me concentrer sur les prières qui parlent si éloquemment de la majesté de D.ieu et de la Providence divine qui est la source des corps célestes et de toutes les créatures terrestres. « Tu as fait les cieux, les cieux des cieux et tout leur cortège, la terre et tout ce qui s’y trouve, les mers et tout ce qu’elles renferment ; et Tu leur donnes à tous la vie, et le cortège des cieux s’incline devant Toi. »3 La course du soleil qui se lève à l’Est et se couche à l’Ouest, s’inclinant devant l’Ouest, où repose la Chekhina (la présence divine), est une révérence symbolique et une reconnaissance que D.ieu est sa force vitale. Si les corps célestes peuvent témoigner de la royauté de D.ieu, je le peux aussi.

Avec des images aussi détaillées et expressives, mon cerveau guide mon cœur et l’entraine avec lui. Ma concentration, ma méditation et mon imagination portent des fruits. Le cerveau est impressionné, et le cœur le ressent. Nous arrivons à la prière du Chéma et disons que nous aimons D.ieu, bekhol levavekha, ce qui implique « avec nos deux cœurs ». Avec le cœur de notre âme divine, qui a toujours aimé D.ieu, mais aussi avec le cœur de notre âme animale, qui a eu ce déclic et qui reconnaît à présent que l’existence physique avec tous ses plaisirs n’arrivent pas à la cheville des vérités spirituelles.

Rien ne peut désormais convaincre l’âme animale que ce qu’elle vient de voir et d’expérimenter – la vérité de la réalité divine, telle qu’elle peut être vue avec notre esprit – est inexistant.

Source : Inspiré de Likoutei Torah, Hakol Kol Yaakov, chapitre 1 (tel qu’expliqué dans ‘Hassidout Mevouéret, Avodat HaTefila).