Vous êtes-vous déjà senti désorienté après vous être réveillé au milieu d’un rêve ? Il est parfois nécessaire de se rappeler que cette expérience dérangeante, drôle ou déformée n’est pas la réalité.

Qu’est-ce qu’un rêve ? C’est comme si l’on hallucinait. Des contradictions, des comportements erratiques. Le passé et le présent se heurtent. Les impulsions électriques du cerveau tirent des pensées et des images aléatoires de nos souvenirs ou du plus profond de notre inconscient. Dans les mots de Freud, des pensées latentes et des pensées manifestes.

Votre esprit conscient n’a aucun contrôle sur cela. Et puis vous vous réveillez. La loi et l’ordre, la santé mentale elle-même, sont à nouveau rétablis.

Il y a un autre type de distorsion onirique dont nous devons nous débarrasser quotidiennement, et c’est pendant la prière que cela se passe.

Nos sages nous apprennent que chacun des Patriarches a institué l’une des trois prières quotidiennes. Abraham a institué celle du matin, Cha’harit, et cela est évoqué dans le verset Vayachkem Avraham baboker – « et Abraham se leva tôt le matin ». Pourquoi s’est-il levé tôt ? Pour faire la prière du matin.

Le verset ci-dessus possède un sens plus profond. L’Admour Hazakène nous enseigne qu’il a une signification éternelle : nous devons réveiller notre « Abraham » intérieur chaque matin. L’« Abraham » en nous est notre amour latent de D.ieu qui est toujours présent en nous. Cependant, s’il n’est pas activé par notre esprit conscient, il n’existe que dans un état de rêve.

Lorsqu’une personne dort, elle n’a pas le libre arbitre. L’imagination peut partir dans tous les sens et des choses ridicules peuvent arriver. Elle dort et se trouve à la merci de son esprit subconscient jusqu’à ce qu’elle se réveille et reprenne les rênes. Quand « Abraham », notre amour de D.ieu, dort – même si une personne peut savoir au fond d’elle-même qu’elle aime D.ieu –, elle n’est pas pleinement consciente de cet amour. Dans un tel état, nous pouvons avoir la connaissance de D.ieu et pourtant aller carrément contre Sa volonté. C’est comme si nous étions sous une espèce de charme, sans pouvoir exercer notre libre arbitre.

Nos sages donnent l’exemple d’un voleur sans scrupules qui prie pourtant D.ieu de l’aider à réussir son larcin. Il s’adresse littéralement à D.ieu tout en allant contre lui. La contradiction par excellence.

La prière du matin ne consiste pas seulement à marmonner des mots. Notre ancêtre, Abraham, nous a appris que la prière du matin consiste à éveiller notre amour et à briser les illusions du rêve. Nous accédons à notre foi et à notre amour dans notre esprit rationnel de sorte à pouvoir décider consciemment de nos actions en conformité à Sa volonté. Ensuite, nous pouvons opérer à un niveau conscient, plutôt qu’à un niveau inconscient.

Comment faisons-nous cela ?

En priant. Et pas seulement en prononçant des mots, mais en méditant sur leur signification. D.ieu nous a créés de sorte que nos sentiments soient le résultat direct de nos pensées. Plus nous penserons à D.ieu, plus nous ressentirons notre amour de D.ieu. Il ne suffit pas de Le connaître d’une manière générale ; nous devons penser et méditer à Son sujet. Toute la prière de Cha’harit est consacrée à cet effort en nous permettant de contempler avec concentration l’unité et la grandeur de D.ieu.

Les chants et les louanges de la prière sont une construction progressive qui nous aide à ressentir l’amour de manière consciente, afin que nous puissions atteindre la prière du Chéma et prononcer avec sincérité : « Tu aimeras l’Éternel ton D.ieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces. »

Pour résumer, la prière est un exercice consistant à éveiller notre « Abraham » de son état onirique et à défaire les distorsions de nos rêves.

Source : Inspiré par Likoutei Torah, Ta’hat achèr lo avadta, chapitre 1 (tel qu’expliqué dans ‘Hassidout Mevouéret, Avodat HaTefila).