Le lien profond entre le Rabbi et tous ses ‘hassidim était le plus manifeste pendant le mois festif de Tichri. De Terre Sainte, d’Europe et d’Australie, les ‘hassidim voyageaient en masse pour vivre ces jours exceptionnels de solennité et de joie en présence du Rabbi. Pendant les deux jours de Chemini Atséreth et de Sim’hat Torah, lorsque le Rabbi dansait dans la synagogue avec les rouleaux de la Torah, la joie atteignait son paroxysme.1
La veille de Chemini Atséreth, le Rabbi avait pour habitude de distribuer du gâteau au miel à des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui venaient recevoir sa bénédiction pour une douce nouvelle année. 1977 ne semblait pas différente. Mais l’épouse du Rabbi, la Rabbanit ‘Haya Mouchka, sentit que quelque chose n’allait pas. Elle fit part de son inquiétude au secrétariat du Rabbi et leur demanda d’alléger son fardeau et de ne pas prolonger la danse ce soir-là.2
Au milieu de la danse, le visage du Rabbi devint soudain pâle et ses gestes perdirent de leur vigueur. Il s’assit, se pencha lourdement en arrière sur sa chaise et ferma les yeux. Visiblement, quelque chose n’allait pas et les ‘hassidim évacuèrent rapidement la synagogue. Le pouls du Rabbi fut pris et on lui offrit un verre d’eau. Mais le Rabbi indiqua stoïquement que la danse devait continuer. Il fut déterminé plus tard qu’il avait subi une grave crise cardiaque, mais cela ne l’empêcha pas d’achever la dernière danse avec son beau-frère, le Rav Shmaryahu Gurary, tout en tenant un rouleau de la Torah.
Il avait subi une grave crise cardiaque, mais cela ne l’empêcha pas d’achever la dernière danse avec son beau-frère.Devant le courage du Rabbi et son refus catégorique de se rendre à l’hôpital, les médecins qui le soignaient ne savaient pas quoi faire. Vers 5 heures du matin, ils envisagèrent de lui administrer un sédatif et de l’hospitaliser contre son gré, mais la Rabbanit s’y opposa. De toutes les années depuis qu’elle le connaissait, dit-elle, « il n’y a jamais eu un instant où il n’a pas été en contrôle total de lui-même ». Puis elle se tourna vers le secrétaire du Rabbi, le Rav Yehouda Krinsky : « Vous connaissez tellement de gens. Ne pouvez-vous pas trouver un médecin pour mon mari ? »3
Le Rav Krinsky appela le Dr Ira Weiss, un cardiologue basé à Chicago. Le Dr Weiss contacta le Dr Louis Teichholz et lui demanda de se précipiter auprès du Rabbi et lui-même prit immédiatement un avion pour New York. « Sur une échelle de dix, déclara plus tard le Dr Weiss, le Rabbi a eu la crise cardiaque complète de “dix”... à même de causer des dommages si étendus que dans le cadre de l’expérience médicale normale de n’importe quel praticien, on s’inquiéterait de la possibilité de survie. »4
Pas une seule fois le Rabbi ne se plaignit de la douleur physique qu’il souffrait, mais dès le début, il exprima son angoisse face à la séparation forcée d’avec ses ‘hassidim. Chaque Sim’hat Torah le Rabbi tenait un Farbrenguen, partageant avec l’assistance la sagesse et l’inspiration de la Torah, et se réjouissant avec ses ‘hassidim, et il ne voulait pas que cette année soit différente. Mais pour le Dr Weiss c’était totalement exclus. « Il est clair comme de l’eau de roche, a-t-il dit, que l’on ne peut pas sortir dans cet état de crise cardiaque pour aller faire un Farbrenguen. » À la place, il laissa le Rabbi diffuser un Farbrenguen de vingt minutes depuis son bureau au 770, après la fin de la fête.5
De manière frappante, le Rabbi profita de cette occasion pour présenter la situation sous un jour positif. « Pour quelque raison, commença le Rabbi, nous parlons après la conclusion de la fête, ce qui nous permet d’utiliser les médias pour communiquer ce que nous disons même dans des endroits éloignés – physiquement lointains, mais évidemment spirituellement proches, ce qui est le principal parmi les Juifs, dont l’âme est l’essentiel et le corps secondaire… C’est ainsi que se forge un attachement, un lien, une unité, entre tous ceux qui entendent ce discours… » Bien qu’il sembla que les circonstances aient séparé de force le Rabbi et les ‘hassidim, en vérité, affirmait-il, ils étaient alors encore plus étroitement liés.
L’optimisme du Rabbi ne laissait aucune place à l’autosatisfaction. Et il ne faisait pas non plus abstraction de la réalité de la situation.Bien qu’à la fin de la période des fêtes, les ‘hassidim allaient tous retourner dans leurs propres communautés et à leurs propres occupations, le Rabbi souligna qu’ils resteraient spirituellement unis de par leur engagement commun aux études quotidiennes de Torah qu’il encourageait, et aux campagnes des mitsvot qu’il avait lançées. À la fin des vingt minutes allouées, l’émotion dans la voix du Rabbi s’intensifia, et il pria pour que leurs actions conduisent à la Rédemption ultime et au rassemblement des exilés « avec grâce et miséricorde, une bonté apparente et révélée, très rapidement ».6
Cette réponse du Rabbi devant l’adversité était caractéristique. L’optimisme du Rabbi ne laissait aucune place à l’autosatisfaction. Et il ne faisait pas non plus abstraction de la réalité de la situation. Il croyait fermement que D.ieu fait tout pour le bien. Mais jusqu’à l’ère messianique, ce bien est trop souvent caché, et il incombe à l’humanité de le découvrir. Dans les aspects de l’expérience humaine où les autres ne trouvaient que le désespoir, le Rabbi recherchait la dimension positive et utilisait un langage positif pour la souligner.7
Le premier jour du mois de Kislev (« Roch ‘Hodech »), après seulement trente-huit jours de convalescence, le Rabbi retourna à la vie publique. « Au cours des quinze années suivantes, a déclaré le Dr Weiss, le Rabbi fut en pleine possession de ses forces. » Jusqu’à aujourd’hui, les ‘hassidim célèbrent Roch ‘Hodech Kislev comme le jour où ils furent réunis avec leur Rabbi « avec grâce et miséricorde, une bonté apparente et révélée ».8
« Le chemin du ‘hassidisme... est le grand accomplissement divin que le Rabbi n’est pas seul et les ‘hassidim ne sont pas seuls. »9
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